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73e  AG DE L’ONU


 Une tribune de défoulement collectif au détriment de l’Afrique

Ce 25 septembre 2018, s’ouvre à New York, aux Etats-Unis d’Amérique, la 73ème Assemblée générale (AG) de l’Organisation des Nations unies. A part le Russe Vladimir Poutine et le Chinois Xi Jinping, la plupart des dirigeants du monde sont présents à cette assemblée annuelle de l’ONU où ils auront tous droit à la parole. Comme de coutume, l’Afrique est partie prenante, mais sa participation risque de se réduire à une simple figuration tant les préoccupations des puissants de ce monde semblent ailleurs. En effet, entre les dossiers iranien, nord-coréen et les questions de réchauffement climatique, entre autres, il ne serait pas étonnant que l’Afrique se contente de la portion congrue de cette grande réunion internationale où elle peine encore à faire véritablement entendre sa voix.

L’Afrique semble logée à l’enseigne de l’herbe qui est réduite à pâtir du combat entre pachydermes

Et pourtant, Dieu seul sait combien le continent noir a besoin de l’aide de la communauté internationale, pour trouver son chemin dans ce monde agité, où les défis de développement et surtout sécuritaires demeurent pour elle des préoccupations majeures. Toutefois,  ce sommet s’ouvre au moment où les grandes puissances de ce monde ont de la peine à accorder leurs violons sur bien des sujets, y compris ceux qui concernent le continent africain, plus précisément les opérations de maintien de la paix, notamment au Sahel, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, qui sont prévus au menu des discussions de New York. Ainsi, en dehors des pays concernés, la France se retrouve presque seule à porter le fardeau du G5 Sahel toujours en butte au problème de financement. Washington n’ayant jamais voulu s’engager au-delà des aides bilatérales. Pourtant, cette question est vitale pour les pays du Sahel durement frappés par l’hydre terroriste qui donne bien du fil à retordre à leurs armées. Dans le même ordre d’idée, le renforcement tant espéré du mandat de la Minusma au Mali et des capacités opérationnelles de la Minusca en Centrafrique, risquent de faire chou blanc, au moment où les autorités de Kinshasa ne semblent plus vraiment trouver leur compte dans la Monusco relativement à la gestion de la crise sociopolitique que traverse le pays. C’est pourquoi l’on est porté à croire que cette 73ème Assemblée générale de l’ONU, qui verra, entre autres, le président iranien, Hassan Rohani, prendre la parole à la suite du Français Emmanuel Macron et surtout de l’Américain Donald Trump qui tenait à ouvrir le bal des interventions,  sera une tribune de défoulement collectif au détriment des véritables problèmes du continent noir. Car, plus que jamais, le monde semble engagé dans une compétition entre les grandes puissances dont il est de notoriété publique qu’elles ne badinent pas avec leurs intérêts.  Et dans ce combat de titans, l’Afrique semble logée à l’enseigne de l’herbe qui est réduite à pâtir du combat entre pachydermes. Surtout que l’actuel locataire de la Maison Blanche, dans sa politique du « America first », s’est lancé dans une sorte de campagne tous azimuts de désengagements politique d’une part et financier d’autre part, de son pays, qui n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement de bien des organisations internationales. En témoigne le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique, ou encore son retrait de l’Unesco dont ils ont claqué la porte l’année dernière. Il n’est pas jusqu’à l’Agence des Nations unies pour les Réfugiés palestiniens, qui n’ait subit les foudres du géant blond qui a simplement décidé de lui fermer le robinet des financements.

Il est plus que jamais impératif d’aller à une réforme de l’ONU

En vérité, Trump veut régenter le monde selon sa vision. Mais tout porte à croire qu’il est complètement passé à côté de la plaque car, à l’opposé de l’un de ses illustres prédécesseurs, il ne semble pas avoir encore compris qu’une Nation forte a pour vocation de voler au secours des faibles alors que lui semble bien dans le schéma contraire. Et il ne serait pas étonnant de le voir se livrer à l’un de ces shows médiatiques dont lui seul a le secret, et qui frisent parfois le ridicule. Mais que peut attendre l’Afrique d’un tel  rendez-vous planétaire ? Absolument rien, d’autant plus qu’elle semble loin d’être parmi les priorités de celui qui se veut aujourd’hui le maître du monde et aux yeux de qui les pays africains ne sont ni plus ni moins que des pays de merde. Au-delà, c’est l’utilité même de ces réunions internationales qui peut être sujet à caution, quand on sait que les décisions qui en découlent sont bien souvent loin d’être contraignantes. C’est dire si une fois de plus, les dirigeants du monde vont sacrifier à une tradition où les discours ont des allures d’incantations si aucune décision forte et coercitive ne doit s’imposer à personne. Et tout porte à croire que ce « vieux machin » n’a véritablement rien à cirer des problèmes de l’Afrique qui apparaît depuis longtemps comme le parent pauvre. Autrement, comment comprendre que plus de 70 ans après sa création, cette institution n’ait toujours pas le moindre siège permanent pour le continent noir au Conseil de sécurité ? C’est pourquoi il est plus que jamais impératif d’aller à une réforme de l’ONU qui hésite encore à opérer sa mue. Cela aura l’avantage de tendre vers un meilleur équilibre du monde et permettre une meilleure représentativité de tous les continents, si cette Organisation ne veut pas continuer à paraître  comme un instrument de contrôle du monde par une poignée de pays qui usent et abusent du fameux droit de veto comme d’une carapace à toute épreuve.   Il y va de sa crédibilité.

En tout état de cause, l’Afrique ne doit pas se faire d’illusions. Dans ce monde de compétition, il lui appartient de se battre pour s’imposer comme une voix qui compte.

« Le Pays » 


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