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74EME AG DE L’ONU


Hier, 24 septembre 2019, s’est ouverte à New York aux Etats-Unis, la 74ème Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). En cette journée inaugurale, plusieurs chefs d’Etat africains avaient droit à la parole, à la suite de l’hôte américain et de chefs d’Etat d’autres contrées du monde, pour livrer leur vision de la situation et faire leur plaidoyer. Bien entendu,  pour le continent noir, la question sécuritaire s’impose comme une question incontournable, au moment où les conséquences du chaos libyen se font durement ressentir dans toute la bande sahélo-saharienne où les Etats peinent véritablement à faire face à l’hydre terroriste qui est en passe de mettre la région sous coupe réglée.  C’est pourquoi, outre le problème du pays du Guide de la Jamahiriya qui s’invitait impérativement sur la table de discussions, la tenue du G5 Sahel de ce mercredi 25 septembre se justifiait tout aussi amplement.

 

 

L’ONU est prise en otage par les grandes puissances qui jouissent du droit de veto

 

Et on espère que cette tribune de l’ONU permettra de faire bouger significativement les lignes dans ces deux dossiers brûlants de l’heure, à l’effet de trouver une solution vigoureuse à la lancinante question du terrorisme qui frappe durement ces contrées et qui demeure, à ce jour, une préoccupation mondiale. En tout cas, pour débattre de ces sujets,  il était difficile de trouver mieux que la tribune de l’ONU qui, si elle s’en saisissait, répondrait ainsi à l’une de ses missions premières qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  C’est d’ailleurs le lieu de saluer cette institution pour ce rôle qu’elle a su jouer avec plus ou moins de succès pendant toutes ces années, de même que pour ses appuis au développement aux pays nécessiteux à travers ses institutions spécialisées. De ce point de vue, l’importance de cette institution n’est plus à démontrer. On peut même dire que si l’ONU n’existait pas, il aurait fallu la créer parce qu’en plus de ces nobles missions qu’elle tente de mener à travers le monde, c’est l’une des rares tribunes qui réunit en même temps et dans un même lieu toutes les sommités du monde, et où les plus faibles peuvent aussi se faire entendre. Cependant, l’impression qui se dégage de plus en plus, est que l’ONU est prise en otage par les grandes puissances qui jouissent du droit de veto et qui peuvent même individuellement, bloquer toute décision, quelle que soit l’opinion majoritaire. Du coup, le sentiment qui se dégage est que l’ONU n’agit pas toujours dans l’intérêt de la majorité, mais selon la volonté des pays détenteurs du droit de veto, qui en abusent au point de n’en faire usage qu’au gré de leurs intérêts. Face aux conflits et aux questions sécuritaires par exemple, l’organisation internationale n’arrive pas toujours à apporter les réponses appropriées. Pas forcément par manque de volonté, mais surtout du fait qu’elle est sous l’emprise des grandes puissances dont les intérêts passent souvent avant tout autre considération. L’un des exemples les plus frappants est la situation de la Libye devenue aujourd’hui un capharnaüm où pullulent des terroristes de tout poil et dont les Occidentaux portent la responsabilité de la désarticulation. Et aujourd’hui, on peut aisément se convaincre que la difficulté de sa stabilisation achoppe moins sur le manque de solutions que sur la volonté des grandes puissances d’y préserver leurs intérêts.

Plus qu’une nécessité, la réforme de l’ONU s’impose aujourd’hui comme un impératif catégorique

 

Ailleurs sur le continent, comme par exemple dans le Sahel, la situation est beaucoup plus critique, d’autant qu’elle ne constitue généralement pas une priorité pour certaines puissances.   En tout cas, pour bien des pays en voie de développement, l’ONU est un machin aux mains des grandes puissances pour mieux asseoir leur domination sur le monde. Or, il n’est un secret pour personne que, de sa création en 1945 au lendemain de la seconde Guerre mondiale à nos jours, l’ordre mondial a évolué et a bien changé. L’ascension de la Chine, par exemple, au rang de grande puissance a bousculé à plusieurs égards cet ordre mondial jusque-là centré sur la superpuissance des Etats-Unis. De même, de nombreuses nations jadis classées au rang de pays pauvres, pointent allègrement aujourd’hui au rang des pays émergents au nombre desquels on compte des pays africains comme le Nigeria, l’Afrique du Sud ou encore l’Egypte. L’Afrique que la plupart des grandes puissances s’accordent à reconnaître comme le continent de l’avenir et qui fait l’objet d’une cour assidue de la part de ces mêmes puissances, ne saurait continuer à jouer les compléments d’effectif alors qu’elle regorge des plus grandes richesses de ce monde. C’est pourquoi, après 74 années d’existence, il est temps, pour l’ONU, d’opérer sa mue pour être en phase avec les réalités du moment. Dans cet ordre d’idée, il faudrait travailler à corriger l’incongruité qui consiste à priver tout un continent comme l’Afrique, de son droit à un siège permanent au sein de l’instance internationale. C’est dire si, plus qu’une nécessité, la réforme de l’ONU s’impose aujourd’hui comme un impératif catégorique. Autrement, on continuera à se poser des questions sur l’utilité de cette institution sur certains théâtres d’opérations où elle montre des signes visibles d’essoufflement sinon d’incapacité par rapport à certains événements.  En tout état de cause, en portant une fois de plus les préoccupations de leurs pays respectifs à cette tribune mondiale, les dirigeants africains sont dans leur rôle. La question est maintenant de savoir si leur plaidoyer sera entendu. Rien n’est moins sûr. Et tant que l’organisation internationale ne montrera pas plus de considération pour l’Afrique en la jugeant digne d’un siège permanent, il y a lieu de croire que les discours de nos têtes couronnées continueront de fleurir le décor de ces rencontres annuelles avant de se perdre dans les flots impétueux de l’East River qui jouxte la maison de verre de Manhattan.

 « Le Pays »

 

 


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