PAGE TRISTE : Jacqueline Ki-Zerbo n’est plus
Hamadou Hampaté Bâ disait qu’en « Afrique, quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Eh bien, le Burkina Faso vient de voir partir en fumée une de ses bibliothèques vivantes. Il s’agit de Jacqueline Marie Thérèse Ki-Zerbo, épouse de feu Professeur Joseph Ki-Zerbo. Nous avons appris le décès de cette amazone dans la journée du mardi 15 décembre 2015 à l’âge de 82 ans. Jacqueline Ki-Zerbo/Coulibaly est née à Ségou au Mali en septembre 1933. Son père, feu Lazare Coulibaly fut un grand syndicaliste et membre du Bureau politique du RDA. En 1958, elle rencontre Joseph Ki-Zerbo, à Paris, avec qui elle convole plus tard, en justes noces. Comme son époux, Jacqueline était une citoyenne socialement, intellectuellement et politiquement engagée. Panafricaniste convaincue, elle était à la fois sociologue, formatrice et éducatrice. « On me dit sociologue, mais je me considère comme éducatrice », disait-elle. Selon Mme Ki-Zerbo, « les intellectuels ne doivent pas être en marge de la société. Ils doivent être bien intégrés dans la communauté et avoir le souci des problèmes et des priorités de cette population et libérer le peuple des entraves politiques et économiques ».
C’est pourquoi la native de Ségou va œuvrer aux côtés de son époux et des autres panafricanistes pour la décolonisation de l’Afrique. C’est dans cette dynamique qu’elle a suivi Joseph Ki-Zerbo dans la Guinée de Sékou Touré qui avait fait appel aux intellectuels du continent après la victoire du non au référendum d’autodétermination de 1958. C’est également dans cette logique de libération des peuples qu’elle a pris une part active au soulèvement populaire du 3 janvier 1966, qui a contraint le président Maurice Yaméogo à la démission. D’ailleurs, Maurice la qualifiait de « citoyenne consciente de sa place dans la société et qui est pour son époux une compagne et non une domestique ou encore un instrument agricole » tandis que ceux qui l’ont côtoyée la voyaient comme une « FBI » c’est-à-dire : Femme Belle et Intelligente ! En matière de formation, en 1956, Jacqueline obtient une licence d’Anglais à la Sorbone après être passée par l’Ecole normale de Rufisque puis le Lycée Van Vollenhoven au Sénégal. Elle va enseigner à Dakar comme professeur d’anglais en Cours complémentaire avant de rejoindre la Guinée Conakry.
Jacqueline Marie Thérèse Ki-Zerbo a été responsable de la presse syndicale, « La voix des Enseignants », entre 1961 et 1966. Elle obtient en 1984, le Prix Paul G. Hoffmann pour son travail remarquable en matière de développement national et international. En 1994, elle est nominée parmi les hommes et les femmes les plus admirés par « The American Biographical Institute’s ». De même, elle est nominée au titre des « Femmes pionnières d’Afrique » par la Fédération des Associations de femmes juristes d’Afrique. En 2008, elle est décorée chevalier de l’Ordre national du mérite des arts, des lettres et de la communication avec agrafe « littérature orale et écrite », dans le cadre de la Foire internationale du livre de Ouagadougou (FILO). Le 29 mai 2015, elle a reçu la distinction de Commandeur de l’Ordre national. Bref, c’est donc un baobab qui vient de s’écrouler. Que la terre libre du Burkina Faso lui soit légère.
MN
Justes Loiseau
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Brave et sage Maman, entre dans le royaume de ton créateur. Vous y verrez certainement le Professeur. Dites lui, pour faire allusion à la formule ” an Lara an Sara “, que même couchés, vous et lui êtes plus debout que nos morts vivants ici qui n’hésitent pas à torpiller la justice, à vendre leur âme pour l’argent, un poste, un privilège. Maintenant que vous êtes dans l’éternité, puissent les valeurs transmises aux enfants (les vôtres comme ceux venus à vous. ) maintenir intact et à jamais vôtre souvenir ! Que la terre où vous reposez vous soit douce et légère !
16 décembre 2015