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AN I DU DEBUT DE LA REVOLUTION AU SOUDAN


Depuis, hier, 19 décembre 2019, le Soudan est en fête. Non pas parce que le pays célèbre l’anniversaire de son indépendance, mais plutôt parce que le peuple fête le souvenir de sa révolution qui a permis de chasser le dictateur Omar el-Béchir du pouvoir. En fait, tout a commencé le 19 décembre 2018, lorsqu’ont éclaté à Khartoum et dans d’autres villes soudanaises, les émeutes de la faim qui se sont plus tard transformées en un mouvement insurrectionnel qui a conduit à la chute, en avril 2019, de celui-là qui aura régné pendant trente ans sans partage sur le Soudan. Au temps fort de la contestation, des manifestants, par wagons entiers, étaient convoyés de la ville d’Atbara située à plus de 300 km de la capitale soudanaise, vers Khartoum. C’est ce qui explique qu’à l’occasion de ce premier anniversaire, les autorités de la Transition ont décidé de rendre un hommage appuyé aux pionniers de la révolution d’Atbara en organisant des convois de manifestants vers ladite ville où ils sont invités à rester jusqu’au 25 décembre prochain, pour une semaine entière de festivités. « Le  gouvernement de la révolution soudanaise va célébrer l’anniversaire de la révolution pacifique durant tout le mois de décembre », a, pour sa part, affirmé le Premier ministre, Abdallah Hamdok, nommé à l’issue d’âores négociations. En tout cas, le jeu en vaut la chandelle. Car, les Soudanais, il faut le dire, ont bravé la peur et la mort pour dire non à un homme qui n’a pas hésité à massacrer à tour de bras.

Les autorités de la Transition gagneraient à faire toute la lumière sur les crimes impunis

 

En témoignent les crimes commis lors du conflit sanglant au Darfour et qui lui valent d’être aujourd’hui recherché par la Cour pénale internationale (CPI). C’est dire si les Soudanais ont fait preuve de bravoure et de résilience. C’est tout à leur honneur même s’il est vrai que leur révolution a un goût d’inachevé, tant elle semble avoir été confisquée par l’armée qui, on le sait, pendant des décennies, constituait la charpente du pouvoir du dictateur déchu. C’est pourquoi, s’il est vrai qu’il faut saluer l’osmose manifeste qu’il y a entre les insurgés et l’armée lors des festivités en cours, il ne faut cependant pas oublier que près de 250 Soudanais ont été laissés sur le carreau lors de la manif réprimée du 3 juin 2019. Pourquoi ont-il été tués ? Qui les a tués ? Autant de question auxquelles il faudra trouver des réponses. Car leurs familles respectives ont besoin de savoir ce qui s’est réellement passé afin de faire le deuil de leurs disparus. En tout cas, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, danser et arborer fièrement des drapeaux soudanais aux côtés des insurgés, c’est bien. Mais les autorités de la Transition gagneraient à faire toute la lumière sur ces crimes impunis. C’est la meilleure manière de rendre hommage aux Soudanais tombés pendant la contestation.

 

B.O


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