RECONCILIATION NATIONALE
La Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) se félicite des recommandations faites par les « sages de l’Appel de Manéga » pour une sortie de crise au Burkina. Pour elle, aucun sacrifice n’est de trop si l’on veut réconcilier les Burkinabè avec eux-mêmes. Lisez !
« Au sortir de la transition et quelques mois seulement après l’installation des nouvelles autorités, la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER), organisation politique non étatique militant pour la préservation de la paix politique, la stabilité et la sécurité au Burkina Faso, avait lancé une croisade contre la chasse aux sorcières, l’installation d’un clivage vainqueurs / vaincus, la mise en place d’une justice des vainqueurs, et surtout pour une réconciliation nationale sincère, inclusive et ouverte des filles et fils de notre unique Nation, le Burkina Faso. Les réactions de l’opinion encore tétanisée et de la classe politique, en raison certainement de l’euphorie des uns qui contrastait avec la torpeur des autres, n’étaient hélas pas franchement enthousiastes. Le peuple burkinabè avait pourtant besoin de cette initiative capitale. Les formations politiques et mouvements initiateurs et fondateurs de la CODER avaient vu juste et perçu le danger de la division, de la haine, de l’exclusion et de l’insécurité qui guettait notre pays, compte tenu de sa position géostratégique et surtout de la mutation politique dans laquelle il avait choisi de s’engager après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Nous avions compris, à la CODER, que la seule voie qui s’offrait à notre pays pour se ressouder et faire face aux nombreux défis du moment était la restauration de l’unité nationale et la réalisation de la réconciliation nationale. Malgré l’indifférence et l’hostilité parfois violentes dans les médias, la CODER a poursuivi ses efforts qui ont abouti à l’élaboration du Mémorandum pour la Réconciliation nationale au Burkina Faso, dans lequel elle a préconisé la mise en place de la justice transitionnelle et le retour des exilés. Ce Mémorandum a été transmis à toutes nos autorités politiques, administratives, coutumières et religieuses, et remis en mains propres au Président du Faso, Chef de l’Etat, Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, le 13 février 2018 au palais de Kosyam. Il faudra cependant déplorer que la promesse faite par le chef de l’Etat, de nous faire parvenir ses observations et commentaires est restée jusqu’à présent sans suite. La CODER aura malheureusement eu raison dans ses dénonciations et exhortations, comme en atteste l’effective confirmation du glissement du Burkina Faso dans une crise multidimensionnelle jamais égalée qui se traduit par une insécurité générale, une fissure du tissu social et une morosité économique et financière traumatisante. La facture est lourde et se chiffre en centaines de victimes du terrorisme, en perte de contrôle d’une partie importante du territoire national désertée par les populations, alors que le consensus sur la réconciliation, prioritairement réalité, nous en aurait fait grâce. La CODER ne veut ni se complaire en auto congratulations d’avoir fait montre d’esprit de prévisibilité ni en vaines lamentations pour le lait répandu, convaincue qu’il n’est jamais trop tard ni humiliant de rejoindre la raison trop tôt perçue par d’autres. C’est pour cela qu’elle se réjouit de l’adhésion massive des Burkinabè à la réconciliation. Si notre admiration va à tous, elle s’adresse particulièrement aux anciens au travers desquels les sages de l’Appel de Manega qui s’illustrent courageusement et avec désintéressement dans l’apport de nos valeurs fondamentales, la restauration de la concorde nationale et la cohésion sociale. Nous distinguons pareillement ces jeunes, par le canal « je suis Burkina », qui, dans une démarche ferme mais non dénuée d’humilité et de considération envers les ainés, œuvrent sans parti pris et sans violence à la réalisation des mêmes objectifs. Nous voulons encore et surtout relever la contribution déterminante des autorités coutumières et religieuses qui, dans des termes non équivoques, ont demandé que le dialogue soit précédé par la réconciliation qui reste, comme elles le disent, une condition sine qua non de la paix. Mais dans des dialogues politiques de cette nature, il faut toujours deux parties : la partie étatique et celle non gouvernementale. Les perspectives nous semblent d’autant plus heureuses à présent que le gouvernement n’est pas absent et encore moins opposé au principe de la réconciliation. Merci donc à tous. Il est maintenant temps d’apaiser les cœurs, de prédisposer les esprits au dialogue en se pardonnant mutuellement les écarts de langage, les violences verbales et autres comportements vexatoires dans la défense impétueuse des opinions des uns et des autres. La réconciliation n’est pas exclusive de justice et la CODER, en optant pour celle en transition, avait l’esprit d’optimiser les chances d’une justice réparatrice non au seul niveau interpersonnel mais aussi ceux intercommunautaires et mémoriel. La CODER lance une fois encore un appel au Président du Faso, Chef de l’Etat et Garant de l’unité nationale et de la stabilité du pays, Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, à prendre la mesure de la situation réelle de son pays et à résolument s’engager sur cette voie de la réconciliation nationale en tendant une main franche et patriotique à toutes les personnes et personnalités à même d’aider à pacifier et rassembler le peuple burkinabè autour de lui. La CODER chérit l’idée et l’image que toutes les personnes encore vivantes ayant présidé aux destinées de notre pays, se retrouvent autour du Président du Faso, tous assis à la même table pour ensemble tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne et ainsi, arrimer solidement le navire Burkina Faso au quai de la stabilité retrouvée. Oui, il est possible et même indispensable de voir les poignées de mains entre le Président Roch Marc Christian Kaboré et ses prédécesseurs Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida, Blaise Compaoré et Jean- Baptiste Ouédraogo. NON, ce ne serait ni une compromission, ni une résignation mais plutôt une grande bravoure salvatrice pour la nation burkinabè tout entière. C’est pourquoi la CODER, décidée à œuvrer pour la réalisation effective de cette image symbole d’unité retrouvée, appelle à une union d’actions de toutes les organisations, formations et structures résolument engagées pour le retour des exilés politiques et la réalisation de la réconciliation nationale.
Justice-Réconciliation-Paix
Ouagadougou, le 8 février 2020
Le Président
Dr Ablassé OUEDRAOGO »