HomeA la uneREMANIEMENT MINISTERIEL AU BURKINA FASO

REMANIEMENT MINISTERIEL AU BURKINA FASO


Le navire gouvernemental qui était en panne depuis mardi soir, va redémarrer pour compter de ce matin avec un nouvel équipage, suite à la nomination de nouveaux ministres intervenue la nuit dernière. Le président du Faso l’avait déjà annoncé de manière sibylline lors de son adresse à la Nation, et beaucoup de nos compatriotes pensaient qu’il allait, au regard du contexte et des tirs groupés de l’opinion publique sur le gouvernement Dabiré II, procéder à un chambardement de l’Exécutif pour faire appel à de nouveaux talents et éjecter, par la même occasion, tous ces prétendus serviteurs de l’Etat dont on dit qu’ils sont obnubilés par l’accumulation névrotique de richesses sur fond de crapulerie et de gestion mafieuse de biens publics, sans oublier évidemment les ministres de la Sécurité et de la Défense visiblement éreintés par la gestion problématique, pour ne pas dire chaotique  de la crise sécuritaire. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que cette « révolution gouvernementale » tant attendue a été plus cosmétique que copernicienne, d’autant que seuls Chérif Moumina Sy de la Défense  et Ousséni Compaoré de la sécurité ont été débarqués du navire, le reste des changements n’étant en fait qu’un jeu de chaises musicales entre ministres sortants. Le fait notable dans la composition de cette nouvelle équipe chargée d’appliquer le nouveau cap du président du Faso centré sur la lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes, est l’arrivée d’un homme en tenue comme ministre délégué chargé de la Défense. Quant à la sécurité, elle a été confiée à un civil du nom de Maxime Koné. A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle, car c’est un virage à 180° qu’a pris le président Kaboré par rapport à la présence d’un militaire dans ce nouveau gouvernement, quand on sait qu’il avait exclu cette éventualité dès le début de son premier mandat.

 

 

Il faudra compter davantage sur une synergie d’actions

 

 

Maintenant que le contexte a changé avec la recrudescence des attaques terroristes et le nombre exponentiel de déplacés internes du fait de l’insécurité, on peut bien comprendre le rétropédalage du locataire de Kosyam sur la question, surtout qu’une partie de l’opinion publique estime, à tort ou à raison, qu’il faut laisser « la chose militaire aux militaires ». Maintenant que c’est fait, on espère qu’il y aura plus de fluidité et moins de couacs dans la chaine de commandement, et que nos braves Forces de défense et de sécurité (FDS), appuyées par leurs supplétifs, iront « chercher les terroristes jusque dans les chiottes » et débarrasseront notre pays de cette vermine qui décime la population, détricote les liens séculaires qui ont toujours existé entre nos communautés, et fait de la thématique sécuritaire notre priorité, devant la santé et l’éducation. Pour autant, il ne faut pas se leurrer, le simple dégommage des titulaires de la défense et de la sécurité, pour important qu’il puisse être dans l’élaboration des stratégies et la coordination des actions, ne saurait, à lui seul,  mettre fin, comme un coup de baguette magique, aux événements tragiques qui se multiplient  à un rythme effréné dans notre pays. Certes, pour venir à bout du phénomène, les terroristes doivent être traqués,  les réseaux détruits et les frontières étroitement surveillées, mais le tout militaire ne combat que les symptômes du problème, pas le problème lui-même. Il faudra donc compter davantage sur une synergie d’actions, et le président Kaboré doit apporter la preuve qu’il tient réellement le gouvernail en mettant fin à toutes les formes d’injustice et en se débarrassant de cette élite farfelue constituée de prévaricateurs invétérés et englués dans des scandales régulièrement dénoncés par la presse et les structures étatiques de contrôle. Sur ce point, nous avons du chemin à faire,  et c’est ce que l’Opposition politique et certaines organisations de la société civile ont compris en maintenant leurs manifestations prévues pour les 3 et 4 juillet prochains, même si la mobilisation pourrait prendre un coup au regard des derniers développements. Qu’à cela ne tienne, ces sorties vont certainement servir de coup de semonce au gouvernement Dabiré III et d’avertissement au chef de l’Etat, et tous doivent savoir qu’ils seront désormais surveillés comme de l’huile sur le feu dans leurs faits et gestes entrant dans le cadre de la sécurisation des biens et des personnes partout au Burkina.

 

Hamadou GADIAGA

 

 

 

 


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