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RENCONTRE ADO- GBAGBO  


C’est fait ! Dix ans après la crise post-électorale qui a déchiré la Côte d’Ivoire, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO), solidement installé au palais de Cocody, a reçu officiellement son prédécesseur, Laurent Gbagbo, au palais présidentiel. C’était le 27 juillet 2021, dans la capitale économique ivoirienne. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette rencontre entre les deux grands rivaux, était très attendue sur les bords de la lagune Ebrié. Non seulement par les Ivoiriens eux-mêmes, mais aussi par l’ensemble des amis de la Côte d’Ivoire. C’est dire si la rencontre d’hier est un événement qui mérite d’être inscrit en lettres d’or dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, en ce qu’elle est, au-delà des deux principaux acteurs, un moment de soulagement pour l’ensemble du pays. En effet, voir les frères ennemis d’hier se serrer aujourd’hui la main à coups de grandes accolades, dix ans après s’être violemment combattus pour le pouvoir, au prix de 3000 morts selon les sources onusiennes, est la preuve qu’une page est en train de se tourner et que l’espoir est permis pour la Côte d’Ivoire. En tout cas, au-delà de toute considération, c’est un geste qui grandit les deux hommes et que ne comprendront peut-être pas certains de leurs partisans respectifs, mais qui vaut son pesant d’or pour la paix en Côte d’Ivoire.

 

En acceptant de fumer le calumet de la paix, ces deux personnalités montrent désormais la voie à suivre aux Ivoiriens

 

Et c’est peu dire que si Gbagbo et ADO avaient commencé par là, il y a dix ans, l’histoire de la Côte d’Ivoire aurait été tout autre et ne se serait certainement pas écrite en lettres de sang et de larmes pour les  milliers de victimes recensées. Soit dit en passant, c’est la preuve, si besoin en était, qu’il ne faut jamais donner sa poitrine aux balles pour un homme politique au risque de passer pour le dindon de la farce, comme cela peut paraître aujourd’hui le cas pour ces nombreuses victimes de la crise ivoirienne, qui n’avaient, en son temps, d’yeux que pour leurs leaders respectifs. Ceci étant, après la crise, la Côte d’Ivoire avait besoin de ce genre de démarche de conciliation. Qui plus est, de la part des deux têtes de gondole de la scène politique des deux dernières décennies. Car, ce sont elles qui cristallisaient véritablement toutes les passions aux yeux de leurs supporters respectifs, mais aussi toutes les rancœurs aux yeux de leurs adversaires dans les deux camps.  C’est pourquoi, en acceptant de fumer le calumet de la paix, ces deux personnalités de haut rang que tout oppose et qui se sont livré un combat à mort, au propre comme au figuré, dans les conditions que l’on sait, montrent désormais la voie à suivre aux Ivoiriens. En tout cas,  leur rencontre peut être lue comme le signe d’une Côte d’Ivoire résolument engagée sur le chemin de la réconciliation, et poussée par une envie irrépressible de faire tabula rasa du passé pour mieux se projeter vers l’avenir.  Et l’on ose espérer que ces scènes de chaudes embrassades au parfum de chaleureuses retrouvailles,  jurent avec les baisers de Judas. Mieux, on ose encore espérer que c’est le cœur à l’ouvrage que les deux frères ennemis  ont accepté de se serrer  la main.

 

On peut souhaiter une rencontre à trois, avec leur aîné Henri Konan Bédié

 

Même si l’on imagine aisément que tous les nuages sont loin de s’être dissipés entre les deux leaders. C’est pourquoi, il est impératif, pour ADO et Gbagbo, d’aller au-delà des apparences s’ils veulent donner véritablement une chance à la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. Car, ce qui est le plus important, c’est la sincérité qui va accompagner ce processus de rapprochement des Ivoiriens. Autrement, il ne sert à rien de venir sourire devant les cameras si c’est pour retourner, après, à ses vieux réflexes de politique politicienne faite de grenouillages et autres coups tordus portés en dessous de la ceinture de l’adversaire. C’est pourquoi, en se convainquant que cette rencontre entre l’Enfant de Kong et le Christ de Mama est une façon de donner l’exemple par le haut, on peut souhaiter, dans des délais qui restent à déterminer, une rencontre à trois, avec leur aîné Henri Konan Bédié, pour aplanir leurs divergences en vue d’adresser un message commun à leurs partisans respectifs, sur la nécessité de désarmer définitivement les cœurs et les paroles. C’est à ce prix que la Côte d’Ivoire pourra traduire en actes concrets, la réconciliation tant serinée du bout des lèvres. En tout état de cause, au regard de l’histoire tumultueuse de ces trois dernières décennies, c’est devenu presqu’une Lapalissade que si c’est trois personnalités arrivent à accorder leurs violons, c’est la Côte d’Ivoire tout entière qui s’en portera mieux et pourra enfin respirer.

 

 « Le Pays »

 

 


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