RENCONTRE DE NAIROBI SUR LA RCA : C’est bien de signer un accord mais…
Va-t-on vers une nouvelle transition en Centrafrique ? Telle est la question que l’on se pose, au regard de l’évolution de la situation sociopolitique dans ce pays où la haine ethnique et religieuse est désormais la chose la mieux partagée. En effet, un accord entre partisans de Michel Djotodia et de François Bozizé a été signé, le 27 janvier dernier, à Naïrobi au Kenya et ce à l’issue d’un mois de tractations. Cet accord prévoit la cessation des hostilités entre l’ex-Séléka rebaptisée RFRC et les Anti-balaka qui se sont illustrés ces derniers temps par des rapts tous azimuts. Le dernier cas en date est celui du ministre de la Jeunesse et des sports, enlevé le 25 janvier dernier, alors même qu’il revenait de la messe, en compagnie de son épouse et de son frère. En tout cas, le tout n’est pas de signer un accord, mais de travailler à le faire respecter. Car, on se rappelle encore l’accord de Brazzaville en juillet dernier, qui avait suscité beaucoup d’espoirs et qui, quelques jours plus tard, avait été sérieusement malmené, tant la violence était allée crescendo. On revoit pourtant les signataires de cet accord, la main sur le cœur, entonnant en chœur l’hymne national de leur pays, comme pour dire qu’ils étaient décidés à aller à la paix. Que nenni ! Ce n’était que du folklore. Car l’accord a fait long feu . Et sans jouer les oiseaux de mauvais augure, tout porte à croire que le présent accord de Naïrobi connaîtra le même sort, et cela pour plusieurs raisons.
On a l’impression d’être face à une cacophonie diplomatique
La première, c’est qu’il ne fait pas l’unanimité, car certains, même au sein des mouvements associatifs, le rejettent d’avance, estimant qu’il n’engage que ceux qui l’ont paraphé. La deuxième raison c’est que cet accord a été signé en l’absence des autorités de la transition qui, faut-il le rappeler, n’avaient pas été associées aux pourparlers de Naïrobi. Comment donc, le mécanisme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) préconisé par la médiation kényane, peut-il se mener concrètement sur le terrain sans l’implication des autorités de la transition qui détiennent, quoi que l’on dise, la réalité du pouvoir ? Ce serait bien difficile. A moins que la médiation n’ait fait le choix de mettre délibérément de côté dame Catherine Samba-Panza dont le mandat qui devait s’achever en février prochain, a été prolongé de six mois par le facilitateur Denis Sassou N’Guesso. Toute chose qui ouvrira la voie à une troisième transition avec tous les risques que cela comporte.
Les jours à venir nous situeront davantage. Mais d’ores et déjà, on a l’impression d’être face à une cacophonie diplomatique. Car pendant que les uns prônent une remise à plat de la transition, d’autres estiment qu’il n’est pas question de remettre en cause l’accord de Brazzaville. C’est le cas par exemple du vice-médiateur, le Malien Soumeylou Boubeye Maïga, pour qui « il n’est pas question de torpiller ce qui a été signé à Brazzaville. Cet accord de Naïrobi ne peut être validé ». Pourquoi alors avoir signé un accord s’il ne peut pas être validé ? Tout se passe comme si les médiateurs ne communiquent pas entre eux, si bien qu’on ne sait plus qui fait quoi et pourquoi. En tout cas, tout ce dont la RCA a besoin aujourd’hui, c’est de retrouver la paix.
B.O