HomeA la uneACCORD DE PAIX ENTRE LE GOUVERNEMENT ET DES GROUPES ARMES AU SOUDAN

ACCORD DE PAIX ENTRE LE GOUVERNEMENT ET DES GROUPES ARMES AU SOUDAN


Le 31 août a été signé à Juba au Soudan du Sud, l’accord de paix entre le gouvernement de Khartoum et des groupes armés. Cette signature est l’aboutissement d’un processus qui a été entamé en novembre dernier. Et elle est censée mettre fin à un conflit meurtrier qui  a duré 17 ans et dont les causes profondes, entre autres, sont liées à  la marginalisation par Khartoum, des  populations du Darfour. L’on peut donc déjà se réjouir que les frères ennemis aient accepté de fumer le calumet de la paix. Une mention spéciale peut être faite aux nouvelles autorités du pays en général et au Premier ministre, Abdallah Hamdok, en particulier, pour avoir cru à la paix et pour avoir eu le courage politique de tendre la main aux frères ennemis qui étaient en rupture de ban avec Khartoum. Mais, il faut se garder de sauter au plafond, et cela pour deux  raisons essentielles. La première  est que le Mouvement de libération du Soudan (MLS) d’Abdelwahid Nour  et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord d’Abdelazziz Al-Hilu, ont pris la décision de boycotter la cérémonie. L’autre raison est liée au fait que plusieurs accords de paix précédents ont déjà été violés alors que l’encre qui avait servi à les signer, n’avait pas encore complètement séchée. Une chose donc est de signer un accord, une autre est de le respecter. Parlant d’accords de paix violés immédiatement après leur signature,  l’on peut citer ceux de 2006 à Abuja au Nigeria et de 2010 au Qatar. Mais comparaison n’est pas raison. En effet, les contextes ne sont pas les mêmes. A l’époque, le Soudan était régenté par un certain Omar-El Béchir. Et le monde sait que ce dernier n’avait pas intérêt à ce que le Darfour, par exemple, renouât  avec la paix. Bien au contraire. Il s’est particulièrement investi pour que  cette vaste et riche région soit en permanence en proie à la terreur, à la mort et à la famine. Et le moins  que l’on puisse dire, est qu’il avait réussi avec brio sa sale besogne et cela, avec le soutien macabre des Janjawid, du nom de cette milice armée à la solde de l’ancien dictateur. Le fauteur de guerre, on le sait, a été renversé par l’armée après une période  de fortes contestations populaires. Cette chute a été un véritable adjuvant pour la paix. En tout cas, les nouvelles autorités du pays en avaient  fait leur priorité. Et elles se sont donné les moyens de mettre en confiance les principaux groupes armés du Darfour, du Kordofan du Sud et du Nil Bleu. Pour cela, il leur a fallu dix mois de négociations. Le document auquel les deux parties sont parvenues, prévoit, entre autres, le démantèlement des groupes armés, leur intégration dans l’armée régulière ou encore la participation de ces mouvements au gouvernement de Khartoum. A cela, il faut ajouter une Justice pour les crimes commis durant la guerre civile et la coopération de Khartoum avec la Cour pénale internationale de la Haye. En réalité, la signature du document constitue un  grand événement en soi. De ce point de vue, l’on peut se permettre de dire que c’est maintenant que l’après-Béchir commence. L’espoir est donc permis de construire un autre Soudan réconcilié  avec lui-même et avec les autres. Mais il revient à la communauté internationale  de ne pas se satisfaire seulement de cette signature. Car, autant la paix est difficile à construire, autant elle l’est à entretenir. En effet, la paix sans le développement n’a aucun sens. C’est pourquoi les uns et les autres ne doivent pas hésiter à délier les cordons de la bourse pour accompagner le Soudan sur la voie du développement. Et les chantiers dans ce domaine sont immenses. Car, l’ancien dictateur  a eu tout le temps de mettre le pays sous coupe réglée. Il faut donc, dans les meilleurs délais, travailler à répondre aux attentes du peuple soudanais.  Cela est d’autant plus  impérieux que les ennemis de la paix pourraient prétexter de la pauvreté dans laquelle vivent les populations, pour remettre en cause les accords de paix. Et les ennemis de la paix ne manquent pas au Soudan. L’on peut les retrouver parmi ceux et celles qui avaient fait de la guerre civile, un fonds de commerce et un business. L’on peut également les retrouver parmi tous ceux qui ont commis des crimes au Darfour et qui, de ce fait, craignent d’être traduits un jour devant les tribunaux. Et dans cette catégorie de personnes, il y a certains partisans de l’ancien président, Omar Béchir. Au sein même des militaires qui co-gèrent le pouvoir avec les civils, pourraient se trouver des personnalités qui n’ont pas intérêt à ce que des tribunaux cherchent à voir clair dans le passé. , L’un dans l’autre, les Soudanais de bonne volonté ainsi que la communauté internationale, doivent ouvrir l’œil et le bon pour que le bébé qui est venu au monde le 31 août dernier après 17 ans de gestation difficile, grandisse et bien dans l’intérêt bien compris du peuple soudanais.

 

« Le Pays »

  


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