HomeA la uneAFFAIRE BERETS ROUGES AU MALI :Sanogo, le Néron du Djoliba

AFFAIRE BERETS ROUGES AU MALI :Sanogo, le Néron du Djoliba


 

En quelques mois seulement d’exercice du pouvoir, Amadou Sanogo a réussi le tour de force de faire du Mali un Etat de non-droit où l’on assassinait, violait et torturait à tour de bras et en toute impunité. Les bérets rouges en particulier, en ont payé un lourd tribut. En effet, depuis que Amadou Toumani Touré (ATT) a été « déposé », les éléments de ce corps d’élite de l’armée malienne qui avait, entre autres, les charges de la sécurité présidentielle, ont été l’objet d’une répression aveugle.

 

Le doute n’est plus permis

 

Certains mystères de cette période de braise viennent d’être élucidés par les résultats des tests ADN effectués par le bureau fédéral d’investigation américain (FBI) sur les corps découverts début décembre 2013 dans un charnier, à une vingtaine de kilomètres de Bamako. En effet, le doute n’est plus permis, quant à l’identité de ces 21 corps. Il s’agit bel et bien, selon le FBI, de ceux de militaires du régiment des commandos parachutistes communément appelés les « Bérets rouges ». Les exactions opérées par l’ex-homme fort de la junte malienne font simplement froid dans le dos. Selon certaines indiscrétions, certains de ses frères d’armes auraient été torturés à l’électricité et au moins deux militaires auraient été ensevelis vivants. Ces pratiques dignes du Moyen-âge, permettent, toutes proportions gardées, de soutenir une comparaison du personnage avec Néron, qui passe dans l’histoire pour être le symbole de la cruauté humaine. Le moins que l’on puisse dire est que le bref passage de Amadou Sanogo aux manettes de l’Etat malien, aura été des moments noirs en termes de négation des droits humains, que le Mali démocratique d’aujourd’hui doit mettre un point d’honneur à exorciser.

 

Sanogo fait désormais partie d’un passé honni de l’histoire politique du Mali

 

De ce point de vue, tous les mystères doivent être élucidés et les responsables des exactions doivent répondre de leurs forfaits devant les tribunaux. Cela est une exigence de la démocratie. Dans le cas précis du Mali, ce préalable peut permettre d’aller à la réconciliation nationale et d’assurer la cohésion de l’armée, naguère divisée en factions qui se regardaient en chiens de faïence. C’est pourquoi l’action téméraire du juge Yaya Karembé, qui a été le premier à lever le lièvre, doit être saluée et encouragée. Contre vents et marées, il doit continuer ses investigations afin de situer tous les Maliens sur les tenants et les aboutissants de l’affaire dite des « Bérets rouges ». Le Néron du Djoliba, qui est aujourd’hui en détention, doit être confondu par les faits au moment de son jugement que les Maliens attendent certainement avec beaucoup d’intérêt. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui avait refusé que l’ex-patron de la junte malienne bénéficie du statut d’ancien chef d’Etat, avait eu le bon réflexe. En effet, un tel privilège aurait permis au Général Sanogo de s’abriter derrière une immunité usurpée pour se soustraire des poursuites judiciaires. En tous les cas, l’on peut dire que le Mali peut déjà se réjouir que le règne de ce personnage cruel et ubuesque ait été de courte durée. Que serait devenu le Mali si sa gouvernance avait été plus longue qu’elle ne l’a été ? Le Mali aurait peut-être réédité l’expérience du Général Pinochet, qui avait réussi l’exploit de transformer le Chili dans les années 70, en prison à ciel ouvert et de faire disparaître beaucoup de démocrates chiliens dont les familles sont restées sans nouvelles jusqu’à ce jour. Amadou Sanogo fait désormais partie d’un passé honni de l’histoire politique du Mali, mais les Maliens doivent travailler à faire grandir leur démocratie pour ne plus jamais permettre à des individus de cet acabit de faire irruption dans leur histoire.

 

Pousdem Pickou


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