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AFFAIRE INOUSSA KANAZOE : « La justice est-elle sélective ? », s’interroge Sébastien Sinaré


L’auteur du point de vue ci-dessous revient sur l’affaire Inoussa Kanazoé qui, depuis peu, défraie la chronique dans notre pays. Il dit ne pas comprendre pourquoi la Chambre de commerce et d’industrie garde jusque-là le silence sur cette affaire. Aussi se demande-t-il si « la Justice n’est pas sélective ». Lisez plutôt !

 

Depuis un certain temps, notamment le 19 avril 2017, l’actualité nationale est marquée par l’arrestation  de l’opérateur économique Inoussa Kanazoé et de ses plus proches collaborateurs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que   cette arrestation a suscité et continue de faire des vagues dans le milieu des affaires burkinabè. En témoignent les multiples  actions de soutien et de sympathie vis-à-vis de l’homme d’affaires dont le fruit des  entreprises  bâties au fil de plusieurs années de souffrances et d’engagement citoyen,  bénéficie à des milliers de compatriotes, notamment par les embauches qui contribuent à absorber le taux de chômage des jeunes. En effet,  celui-ci se positionne dans le secteur privé comme un grand pourvoyeur d’emplois.  C’est pourquoi, naturellement, son arrestation a engendré des réactions de soutien. Qu’à cela ne tienne, la manifestation de la vérité par le travail de la Justice, demeure une préoccupation majeure pour tous les Burkinabè. C’est dire que nous souhaitons dans cette affaire, que  la vérité éclate et que les faits à lui  reprochés soient clarifiés. En attendant cela, il y a lieu de s’interroger sur certaines questions légitimes qui taraudent l’esprit. Pourquoi parle-t-on de fraude fiscale dans le dossier Kanazoé, alors que les structures habilitées à dénoncer ces cas, notamment la douane et les services de fiscalité n’ont rien établi dans ce sens ?  Pour quelles raisons la même promptitude n’a-t-elle pas valu pour les dossiers relatifs au litige douane/ONATEL où le Conseil des ministres a fait injonction de payer et que jusqu’à présent, il n’y a rien qui est exécuté dans ce sens ? Il y a récemment eu une affaire de 200 millions de F CFA qui a été ébruité au SIAO. Pourquoi des individus n’ont-ils pas été arrêtés et que la Justice ne s’est-elle pas saisie du dossier ? Inoussa Kanazoé étant le 3e vice-président du nouveau bureau  de la Chambre consulaire, nous nous demandons pourquoi les premiers responsables de cette Chambre de commerce gardent le silence à propos de l’affaire, jusqu’à présent ? Au regard de cette situation, nous nous interrogeons si la Justice n’est pas sélective ? Et si c’est le cas, à qui cela  profite-t-il ?   

Lors d’une conférence de presse, des cas de corruption ont été  évoqués sans que la moindre preuve  ne soit donnée. Il aurait été préférable que  des noms soient donnés, pour permettre d’avoir des traces de vérité.  En réalité, seule la fourniture de preuves pourrait justifier  la véracité de certains faits. A  ce propos, le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC)  faisait une déclaration dans la presse,  pour  donner sa lecture de la situation. Nous saluons au passage le travail d’assainissement de la vie publique qu’opère le REN-LAC à travers ses déclarations dans la presse. Mais il serait même nécessaire  d’élargir cette action d’assainissement par des dénonciations  relatives également  à des  structures publiques, où l’odeur de corruption est beaucoup  nauséabonde,  ou au fait que des villas poussent comme des champignons dans les quartiers huppés de la capitale et ce, sans que la moindre justification de la richesse ne soit fournie par les uns ou les autres. Pourquoi le REN-LAC n’attaque-t-il   pas tous ces chantiers ? Le professeur Laurent K. Bado évoquait une année à l’Assemblée nationale,  la question du « délit d’apparence » qui a pignon sur rue dans notre pays. Notre pays qui a toujours su puiser dans les valeurs de ses Hommes pour affirmer sa fierté dans le concert des Nations. D’où l’appellation Burkina Faso, avec le slogan pompeusement annoncé « pays des Hommes intègres ». Pour que cela soit une réalité, le REN-LAC qui mène  déjà ce travail, doit étendre son action pour véritablement dénoncer et traquer  devant la Justice.

Que des acteurs de l’économie et du secteur privé burkinabè soient traqués, ne contribuera pas  à faire briller l’image de  nos Hommes d’affaires nationaux, surtout au plan international. Les  structures de contrôle  devraient-elles attendre forcément  que des affaires soient ébruitées dans les médias avant d’engager des dénonciations ou de s’en saisir ? Il faut quotidiennement travailler dans ce sens et le chantier est bien vaste, sinon, il y aura  un risque d’accompagner et de soutenir un réseau d’acteurs pour un  règlement de comptes, et ce, sans le vouloir ou le savoir. Toute chose qui ne serait pas appréciable.

Dans un monde concurrentiel où le dynamisme économique national  doit être de mise, notre pays devrait encourager nos opérateurs nationaux à  être compétitifs non seulement au plan interne mais surtout au plan  international.  

Du même coup, nous appelons les opérateurs économiques et surtout les  politiques  à puiser à la source de l’intégrité légendaire du Burkinabè, pour que cette vertu soit une différence du Burkinabè avec les autres peuples. C’est pourquoi,  conformément à ce que l’on peut lire dans un passage de la déclaration de l’organe de lutte contre la corruption en ces termes : «  En tout état de cause, cet élan doit s’étendre et se renforcer à l’égard de tous  ceux (politiciens et Hommes d’affaires) », s’il est vrai que nul n’est au-dessus de la loi, nous nous posons la question de savoir pourquoi certains ne font pas  l’objet d’arrestation. Sont-ils blancs comme neige ?  Comme on le dit dans l’adage, « la perfection n’est pas de ce monde, il est divin et tout ce qui est humain est perfectible ».  C’est dire donc qu’il faut travailler à élargir les chantiers à tous les domaines, aussi bien publics que privés et non river les yeux uniquement vers le secteur privé, en oubliant qu’au-delà de toute nécessité de justice qui est l’aspiration de tous, si une partie du secteur privé s’écroule, c’est l’ensemble de l’économie qui peut en pâtir de façon minime soit-elle.

Toutes les  énergies doivent être fédérées pour que la Justice soit rendue au grand bonheur du peuple qui n’attend que la vérité.

 

Sébastien SINARE


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