AFFAIRE DES PARCELLES DE OUAGA 2000 : Que toute la lumière soit faite !
Les Burkinabè sont friands des sujets qui abordent les problèmes liés à la vie de la cité. Ils le sont davantage lorsque ces sujets mettent en cause des personnalités qui ont été aux affaires du pays ou qui le sont toujours. C’est le cas aujourd’hui avec l’affaire des parcelles de Ouaga 2000 acquises par le couple Zida. Cette affaire, qui est peut-être loin d’avoir livré tous ses secrets, a connu un nouveau rebondissement le vendredi 8 avril dernier. En effet, ce jour-là, le Conseil des ministres, au titre des communications orales, a entre autres, annoncé aux Burkinabè ceci : l’ancien Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, a notifié par correspondance le renoncement de la « Fondation Zida pour le burkindi, au terrain à usage communautaire sis à Ouaga 2000 ». Dans la même veine, son épouse a notifié au gouvernement son renoncement à un terrain à usage d’habitation acquis dans la même zone. Le gouvernement a pris acte de ces renoncements. Mais il n’entend pas s’arrêter en si bon chemin, puisque par souci de transparence, dit-il, il a commis l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de la lutte contre la corruption (ASCE-LC) d’auditer les attributions de parcelles dans toute la zone de Ouaga 2000. Peu avant cette décision, dans la matinée du même jour, c’est le Balai citoyen, jugé à tort ou
à raison d’avoir roulé pour Yacouba Isaac Zida à l’époque de la Transition, qui a fait une sortie où il avait demandé avec force un audit des parcelles de toute la zone de Ouaga 2000. Dans le même temps, d’autres OSC (organisations de la société civile) ont eu le même discours. Toutes ces organisations sont dans leur rôle en demandant que des audits soient faits pour lever toutes les zones d’ombres de la gestion des parcelles de Ouaga 2000, cette autre caverne d’Ali Baba de la République. Elles sont d’autant plus fondées à le faire que certains de leurs membres et pas des moindres, sont fortement soupçonnés d’avoir plongé la main dans le cambouis des attributions frauduleuses des parcelles de Ouaga 2000 sous la Transition.
L’intégrité d’une personne ne se proclame pas
Un tel audit, s’il est conduit selon les règles de l’art, peut aider à situer les Burkinabè sur toutes les pratiques peu orthodoxes qui ont entouré la gestion de ces fameuses parcelles. Il peut notamment leur permettre d’être édifiés sur les questions suivantes : comment ces parcelles ont-elles été acquises? Par qui ? A quel prix ? Et à quel moment ? Les réponses à ce genre de questions peuvent avoir le mérite d’éviter de jeter l’anathème sur l’ensemble des attributaires des parcelles de ladite zone. Car parmi eux, il y en a certainement qui n’ont rien à se reprocher et qui, de ce fait, seraient heureux de faire face à un audit. D’ailleurs, par ces temps qui courent et où la transparence est devenue un impératif catégorique de la bonne gouvernance, les Burkinabè doivent intégrer les audits dans leur culture. De ce point de vue, l’on ne peut que saluer les OSC qui appellent à recourir à cet
outil de bonne gouvernance. Et il est heureux de constater que le gouvernement ne dit pas le contraire. Il ne reste qu’à souhaiter que l’ASCE-LC qui a désormais en charge le dossier, mette un point d’honneur à ce que toute la lumière soit faite. Subséquemment, toutes les personnes indélicates qui viendraient à être épinglées dans cette affaire doivent répondre de leurs actes devant la Justice. Cela aura pour avantage d’adresser un message fort de dissuasion à tous ceux qui sont aux affaires du Burkina aujourd’hui et dont le statut du moment ne leur donne pas le droit de marcher sur les lois de la République. Cela permettra aussi de battre en brèche la thèse de l’acharnement et du complot ourdi contre la personne du Général Zida développée par certaines personnes. Pour cette catégorie de personnes, le doute n’est pas permis. Zida serait blanc comme neige. Et cette histoire de parcelles mal acquises n’est qu’un alibi pour entacher l’image d’un brave et honnête soldat qui a conduit la Transition à son terme au prix de sa vie. L’on peut avoir envie de rétorquer à ces gens que l’intégrité d’une personne ne se proclame pas. Elle se vit. Quand une personne tient à ce label et quand elle est aux affaires d’un pays, elle doit se garder de prêter le flanc en utilisant sa position politique pour s’octroyer des privilèges indus. Si le mythe de Thomas Sankara, dont se réclament justement certaines OSC jugées proches de Yacouba Isaac Zida, est resté vivant jusqu’à nos jours, c’est parce que quelque part, l’homme n’a jamais été pris à défaut dans son rapport aux biens publics et à l’argent, quand il était au pouvoir entre 1983 et 1987. Après lui, l’on a assisté à un virage vertigineux que le pays a pris sous la houlette de Blaise Compaoré. C’était le jour et la nuit. Les Burkinabè, dans leur grande majorité, ne peuvent pas accepter que toutes les contre-valeurs qui avaient été érigées en méthode de gouvernement sous Blaise Compaoré, fassent leur retour dans leur pays, comme si rien ne s’était passé les 30 et 31 octobre 2014. Pour toutes ces raisons, tout doit être mis en œuvre pour la manifestation de toute la vérité dans cette affaire. Et ce d’autant plus que la SONATUR (Société nationale d’aménagement des terrains urbains) a déjà fait cas de 18 personnes qui y seraient impliquées. Qui sont-elles ? Qu’ont-elles exactement fait ? Vont-elles aussi renoncer à leurs parcelles comme l’a déjà fait le couple Zida ? Autant de questions auxquelles les Burkinabè attendent des réponses qui ne doivent souffrir d’aucune ambiguïté.
Sidzabda