HomeDroit dans les yeuxAGENTS FICTIFS DE L’ETAT : A quoi donc a servi l’enrôlement biométrique passé des agents de l’Etat?

AGENTS FICTIFS DE L’ETAT : A quoi donc a servi l’enrôlement biométrique passé des agents de l’Etat?


Mille deux cent treize ! C’est le nombre exact de travailleurs publics dont le salaire sera suspendu à la fin de ce mois de juillet, si ce n’est déjà fait. L’annonce a été faite à l’issue du Conseil des ministres de vendredi dernier. En effet, ces 1213 agents n’ont pas répondu présents lors de l’opération billetage lancée entre fin mai et mi-juin derniers. Peut-être que certains d’entre eux ne sont plus de ce monde. Peut-être aussi que beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui à la retraite. Sans oublier ces travailleurs fictifs qui deviennent de plus en plus nombreux dans la Fonction publique. Tous ces gens-là continuaient de percevoir sereinement leurs salaires à chaque fin de mois. C’est la preuve, s’il en est, que la fraude était devenue systémique au Burkina Faso, pays des Hommes dits intègres. Tout ou presque était permis. Car on a vu des étudiants qui n’ont pas encore de boulot, mais qui percevaient des salaires. Tout comme on connaît des travailleurs qui touchent près de deux, trois voire quatre salaires à eux seuls. A tout ce beau monde s’ajoute cette catégorie de travailleurs dont les indemnités dépassent de loin leur salaire de base. Pourtant, à côté d’eux, il existe ces agents-là qui cravachent jour et nuit et qui peinent à entrer en possession de leurs maigres indemnités, tout simplement parce que des individus véreux ont verrouillé le système pour pouvoir se faire des sous. Oh, braves gens, dans quel pays sommes-nous, où la perfidie morale semble avoir pris le pas sur la vertu ? En effet, pas plus tard qu’en 2012, le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale d’alors avait lancé une campagne d’enrôlement biométrique des agents publics, dont l’objectif essentiel était de déceler tous les cas irréguliers. Cette opération, on se rappelle, avait permis de démasquer plus de 500 travailleurs fictifs qui, telles des sangsues, se sucraient sur le dos de l’Etat. A peine trois ans après, on dénombre plus d’un millier de nouveaux cas.

Dans un pays où l’on promeut les fraudeurs et les bandits, il ne peut que s’y installer le désordre

A quoi aura donc servi cet enrôlement biométrique qui, au bas mot, avait coûté au contribuable des sommes faramineuses ? Tout se passe comme s’il y a des réseaux mis en place, qui travaillent à saboter tous les efforts de transparence déployés par l’Etat. Et tant que l’on passera le temps à s’attaquer aux effets sans chercher à connaître les causes, le problème demeurera. Car, faut-il le rappeler, un travailleur ne peut pas décider d’être fictif. S’il l’est, c’est qu’il y a des complicités. Et c’est généralement des personnes insoupçonnées, haut placées. En fait, si toutes ces pratiques, pour le moins indélicates, ont pris de l’ampleur dans notre pays, c’est parce que même au sommet de l’Etat, rien ne se faisait normalement. Pire, l’impunité était érigée en mode de gouvernance. Vous conviendrez donc que dans un pays où l’on promeut les fraudeurs et les bandits au point d’en faire des modèles, il ne peut que s’y installer le désordre. Ce qui préoccupait le plus Blaise Compaoré, c’était beaucoup moins la bonne gouvernance que la volonté de conserver son pouvoir. Le citoyen pouvait se permettre tout, sans courir la moindre sanction, pourvu seulement qu’il ne lorgne pas le fauteuil du naaba. En tout cas, seul l’avènement d’une administration moderne et efficiente permettra de mettre fin à la pagaille structurelle à la laquelle fait face la Fonction publique burkinabè. Ce qui n’est pas impossible d’autant plus que nous sommes à l’ère du numérique où depuis Ouagadougou, l’on peut suivre virtuellement les mouvements de chaque agent.

Sidzab


Comments
  • merci a Gustave Sanou et a Aminata Bila pour tout le travail qu’ils abattent. je vous apprécie dans le gouvernement pour votre travail autant que Barry

    28 juillet 2015

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