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ALASSANE BALA SAKANDE A LA TETE DU MPP


C’est désormais acté, Alassane Bala Sakandé a pris les rênes du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à l’issue du deuxième congrès extraordinaire du parti au pouvoir, organisé à Ouagadougou du 24 au 26 septembre 2021. Exit donc Simon Compaoré, l’homme aux formules choc et à l’impressionnante carrière politique, qui présidait aux destinées du parti depuis la disparition de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, le 19 août 2017. Cette alternance au sommet du MPP est, quoi qu’on dise, une belle leçon de démocratie interne, même si cela pourrait ne pas faire bouger fondamentalement les lignes dans le parti présidentiel d’autant  qu’on a gardé quasiment les mêmes dans les autres postes du Bureau exécutif national (BPN). Même si le président sortant est volontairement sorti du BPN comme il l’a lui-même laissé entendre, il n’en restera pas moins actif, surtout qu’il est désormais et de par la volonté du président du Faso, le président d’honneur du parti du « Soleil levant ». On voit mal cet homme au caractère trempé, qui a été sans doute marqué par ses longues années de formation politique, rester « tranquilos » dans le quartier densément peuplé de Gounghin sans donner de la voix par rapport à la gestion du pays et surtout du parti dont il est co-fondateur. Son successeur, malgré l’unanimité apparente qui s’est faite autour de sa désignation comme président du parti, devra compter non seulement sur le champion du ‘’Touk-guilli’’ et du ‘’Wouk-zanga’’, mais aussi et surtout sur des allégeances labiles s’il tient à garder la main et à imprimer sa marque face aux apparatchiks du système qui ont été maintenus à leurs postes, probablement pour mieux le contrôler.

 

 

Ce n’est pas un novice ou un militant de la vingt- cinquième heure qui arrive à la tête du parti

 

 

Car, n’oublions pas que malgré les démentis officiels, le MPP, comme tous les autres partis politiques, est traversé par des clans qui pourraient engager des luttes factionnelles sur fond de frustrations personnelles et de guerre de positionnement, surtout avec le retrait progressif et programmé de ses têtes de gondole que sont Simon Compaoré et Roch Marc Christian Kaboré. On comprend aisément pourquoi des appels à la cohésion au sein du parti, ont été lancés avec insistance pendant ce congrès extraordinaire, afin que les éventuels anti-Bala qui gardent le silence pour l’instant, ne prennent pas l’option masochiste du suicide collectif en surjouant la carte du factionnalisme, au moment où beaucoup de nos compatriotes n’hésitent pas à exprimer leur sentiment de désillusion après six ans de gestion difficile du pays par le MPP. Il appartiendra à Alassane Bala Sakandé dont on dit qu’il est affable, consensuel, relativement jeune et proche des couches déshéritées de notre pays, d’arrondir les angles et d’éviter de prendre toute mesure qui pourrait être source de crispation au niveau des instances dirigeantes du parti. Il a, en tout cas, des préjugés favorables au sein d’une bonne partie de l’opinion publique qui salue non seulement son action politique, mais aussi et surtout le langage cru et dru qu’il tient aux membres du gouvernement lors de leur passage devant l’Assemblée nationale. Evidemment, tous ces atouts ne suffiront pas à faire taire ceux qui lui reprochent, à tort ou à raison,  son populisme et son clientélisme, mais l’actuel président de l’Assemblée nationale et jusqu’à hier secrétaire adjoint du bureau exécutif national du parti majoritaire, semble avoir  le profil de l’emploi, ce d’autant plus qu’il était là à la création du MPP en janvier 2014 en tant que secrétaire chargé des structures géographiques, et a contribué à l’élection de Roch Marc Christian Kaboré à la présidentielle de 2015, puis à sa réélection en 2020, en qualité de directeur national adjoint de campagne. Ce n’est donc pas un novice ou un militant de la vingt- cinquième heure qui arrive à la tête du parti, mais il lui faudra davantage d’arguments politiques pour mener à bien la barque, et pour prouver à ceux qui en doutent encore, qu’il n’y a pas eu d’erreur de casting à l’occasion de cette alternance au sommet. Le premier test grandeur nature pour jauger ses qualités d’organisateur et de leader, sera sans doute les municipales de mai 2022 si elles ont lieu, car une éventuelle déconvenue du MPP à ces élections remettrait en cause sa légitimité, et ruinerait ses chances d’être le successeur putatif du président du Faso, en 2025. Le chemin est encore long et semé d’embûches, mais plus il manœuvrera avec tact et intelligence, plus il aura la chance de se frayer un passage vers le très convoité palais de Kosyam, au milieu de tous ces cadres aux ego surdimensionnés et aux ambitions démesurées qui rappellent déjà et à dessein que le président du MPP ne sera pas d’office le candidat du parti à la prochaine élection présidentielle. Ça promet, en tout cas, des étincelles qui ne risqueront pas de brûler le truculent Simon Compaoré pour qui ce sera ‘’Hakuna matata’’, parce qu’il a su « quitter les affaires avant que les affaires ne le quittent », pour reprendre la célèbre formule du Général De Gaulle.

 

Hamadou GADIAGA


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