HomeA la uneAN I D’IBK :Plus de signaux négatifs que positifs

AN I D’IBK :Plus de signaux négatifs que positifs


Cela fait un an qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) préside aux destinées du Mali. Un an, c’est long dans la vie d’un individu comme dans celle d’un pays. Beaucoup de choses peuvent arriver. Mais pour ce qui est d’un mandat à la tête d’un Etat, on peut penser qu’en un an, il est difficile de réaliser grand-chose de concrêt. Surtout pour un Etat qui revient de si loin comme le Mali. En effet, IBK a hérité d’un Mali en guerre. A son entrée en fonction, les problèmes du pays étaient immenses et multiformes, les attentes des populations nombreuses et difficiles à satisfaire. A commencer par la pacification du pays, qui passe par la résolution de la question du statut du Nord encore occupé en partie par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), les défis du pays étaient des plus énormes à l’heure où IBK en prenait les rênes. Mais cela n’a pas effrayé « Kankélétigui » qui a promis aux Maliens d’y faire face avec la détermination qui sied.

Avec un peu de patience, un bilan de son action à la tête de l’Etat aura plus de chance d’être consistant et objectif dans 2 voire 3 ans. En attendant, il faut bien admettre que beaucoup de choses ont été faites ou initiées dans le sens de relever les nombreux et lourds défis du Mali. C’est le cas par exemple de la lutte contre la corruption et l’injustice dans le cadre de laquelle des personnalités et non des moindres ont été prises dans les filets de la justice depuis lors. Le cas le plus emblématique est celui du Général Sanogo qui a voulu narguer la Justice. Mal lui en a pris. On se souvient, en effet, qu’il a été mis aux arrêts comme un malpropre. Une situation qui a donné à voir la fermeté des nouvelles autorités maliennes en matière de lutte contre l’impunité. Ce faisant, IBK qui avait promis de faire en sorte que Kati ne fasse plus  peur, a réussi son pari. La junte à Sanogo qui a fait régner la terreur, à un certain moment, a été mise hors d’état de nuire. A l’occasion, la réforme de l’armée a été mise en marche, de même que le vaste chantier de la réconciliation entre les frères d’armes que sont les bérets rouges et les bérets verts, alors en conflit ouvert. Tout cela permet de dire que des signaux positifs ont été envoyés par IBK et ses équipes.

 

En un an, IBK aura envoyé plus de signaux négatifs que positifs

 

Mais, comme on le dit souvent, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ces points de satisfaction en cachent bien d’autres, moins reluisants. En effet, en un an, IBK aura envoyé plus de signaux négatifs que positifs. Au plan social, très peu d’efforts ont été faits au profit des populations. Certes, cela est dû à l’ampleur des défis, mais aussi au fait que « Kankélétigui » a pris visiblement trop d’engagements. Il a notamment tenu un discours martial pour séduire les Maliens et se poser en messie. Tout en n’ignorant pas les problèmes du pays, IBK a fait trop de promesses aux Maliens. Beaucoup plus de promesses qu’il ne peut en tenir dans un contexte si délétère. Conséquence, il se retrouve dans une mauvaise posture, comme son homologue français, François Hollande, du fait de la difficulté, somme toute prévisible, à respecter sa parole. De plus, l’actuel locataire du palais de Koulouba a envoyé trop de signaux négatifs à travers ses actes et choix. En un an, son choix des hommes pour son gouvernement a connu bien des critiques. Que dire par exemple de la décision de son Premier ministre actuel de se rendre dans le Nord malgré les mises en garde ? On connaît la suite. Cet épisode ainsi que celui du détournement de matériel militaire, n’ont pas donné une bonne image du Mali au sein de l’opinion internationale.

Pas plus que l’immixtion de la famille d’IBK dans la gestion du pouvoir d’Etat. Une patrimonialisation du pouvoir d’Etat, n’est jamais loin dans ce cas d’espèce comme on a pu le constater dans certains Etats africains.

 

IBK aura péché par excès de promesses et par mauvais choix

 

De toute façon, IBK a donné à voir par certains de ses actes, que ce sont ses propres intérêts immédiats qui le préoccupent. C’est, du moins, ce qu’on peut dire avec la réfection du palais présidentiel et l’achat d’un nouvel avion présidentiel à coût de milliards de F CFA. Des dépenses somptuaires qui sont loin d’être une priorité pour un pays encore embourbé dans la guerre et où la misère fait partie du lot quotidien des populations. En se comportant de la sorte, le chef de l’Etat malien s’inscrit dans la logique selon laquelle, on ne vient pas au pouvoir, en Afrique, pour servir les populations mais plutôt pour se servir ou se faire servir par le peuple.

Autre signal négatif et non des moindres, « Kankélétigui »  a trainé les pieds en ce qui concerne la recherche de solution relative au statut du Nord-Mali. Cela n’est pas compréhensible quand on sait que sans paix, rien de durable ni de sérieux ne peut être bâti et que le rétablissement de l’intégrité territoriale du pays a été un leitmotiv de IBK au moment de convaincre les Maliens qu’il constituait le meilleur choix. En somme, IBK aura péché par excès de promesses et par mauvais choix. Il faut espérer qu’il fera une sérieuse introspection pour recadrer son action. Il est surtout temps qu’il se rende à l’évidence que bien de ses actes jurent avec les engagements qu’il a pris vis-à-vis du peuple malien. Il lui appartient donc d’y apporter les mesures correctives au plus vite. Au moment surtout où les pourparlers se déroulent à Alger sur le Nord-Mali, il serait bien inspiré d’œuvrer à ce que ces discussions accouchent de solutions durables. Ce serait un acquis indéniable de nature à créer un contexte plus propice au travail.

 

« Le Pays »


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