HomeA la uneAN I DU PRESIDENT BENINOIS : Quand Patrice s’en sort avec le moral dans les Talon

AN I DU PRESIDENT BENINOIS : Quand Patrice s’en sort avec le moral dans les Talon


Ce 7 avril 2017 marque le premier anniversaire de l’accession au pouvoir du président béninois, Patrice Talon. Un anniversaire qui tombe pour le moins mal, avec le retentissant revers subi par son projet de réformes constitutionnelles rejeté par l’Assemblée nationale, trois jours plus tôt. Un échec qui laissera certainement des traces, eu égard à la détermination à la limite de l’obstination qui était la sienne, pour arracher ces réformes constitutionnelles qui devraient être l’un des actes majeurs de sa gouvernance.  Pour sûr, le président béninois sort affaibli de cet épisode qui a toutes les allures d’une bérézina, eu égard à l’optimisme qu’affichait son camp, malgré l’atmosphère plutôt tendue qui a entouré l’examen du projet, aussi bien à l’extérieur du parlement où des manifestants hostiles s’étaient regroupés, qu’à l’intérieur de l’hémicycle où le mercure était aussi monté entre partisans et adversaires du projet qui se sont livrés à des empoignades verbales.

Le peuple béninois ne pouvait pas mieux rappeler au président Talon qu’il s’est trompé de priorités

Pour un cadeau d’anniversaire au goût amer, l’on peut dire que c’en est vraiment un. Surtout  quand on sait que ce projet de réformes constitutionnelles lui tenait à cœur comme une mère-poule à ses poussins. Il n’est donc pas exagéré de dire que le chef de l’Etat béninois s’en sort avec le moral plutôt…dans les talons. En tout cas, le peuple béninois, à travers ses représentants au parlement, ne pouvait pas mieux rappeler au président Talon qu’il s’est trompé de priorités. En effet,  la démocratie béninoise n’est pas, à ce que l’on sache, aussi mal en point qu’il faille impérativement aller à des réformes pour toiletter illico presto la Constitution. Au contraire, elle est l’une des mieux loties du continent, et vient une fois de plus d’en faire la preuve à travers l’examen de ce texte. Les priorités sont donc clairement ailleurs et le locataire du palais de la Marina gagnerait à changer son fusil d’épaule pour le reste de son mandat, s’il veut se donner des chances de marquer positivement et durablement son passage à la tête de l’Etat béninois. Aussi, la question que l’on se pose, est celle de savoir si Patrice Talon va désormais ranger son projet de réformes constitutionnelles dans les placards ou s’il mettra un point d’honneur à trouver les voies et moyens de le remettre au goût du jour.  En tout cas, il aurait tort de vouloir s’y accrocher, alors que les priorités de ses compatriotes sont visiblement ailleurs. Pourtant, le successeur de Yayi Boni  avait démarré son mandat sur les chapeaux de roues, par des actes d’éclat et des décisions spectaculaires qui étaient loin de laisser indifférent. Par exemple, on l’a vu conduire lui-même sa voiture pour aller au stade en tenue décontractée ; toute chose qui tendait à  démystifier la fonction présidentielle et donner de lui l’image d’un président accessible et proche de son peuple. Mais tout porte à croire que pour la suite, Patrice Talon n’a pas eu une lecture adéquate des priorités et des attentes de ses compatriotes, frappés de plein fouet  par le renchérissement du coût de la vie et la croissance de la courbe du chômage. Tant et si bien que le bilan de sa première année de règne reste plutôt mitigé.

Il ne suffit pas d’être un homme d’affaires prospère pour espérer être un président à qui tout réussit

En effet, si certains lui reconnaissent des efforts dans le sens de la réduction du train de vie de l’Etat et de la lutte contre la corruption, son premier mandat restera marqué par des actions qui ont plutôt créé la controverse. Comme, par exemple, la question de la libération des espaces publics qui n’a pas manqué de faire des vagues aussi bien au sein du monde commerçant que dans certaines confessions religieuses, ou encore cette affaire de trafic de drogue qui aura éclaboussé son rival Sébastien Ajavon, et qui est toujours perçue par certains de ses compatriotes comme une cabale politique. Après donc l’euphorie, l’on peut dire que Patrice Talon a à présent pris toute la mesure de l’aventure dans laquelle il s’est lancé, il y a de cela un an, en occupant le fauteuil présidentiel. Et tout porte à croire que s’il ne change pas de cap, il risque de se cramer les ailes dans les vents tumultueux et les bourrasques de la scène politique béninoise où il ne suffit pas d’être un homme d’affaires prospère pour espérer être un président à qui tout réussit. En tout cas, le peuple béninois est un peuple averti, vigilant, qui a maintes fois su montrer sa maturité politique en faisant prévaloir sa voix. Si Patrice Talon l’ignorait, il est temps pour lui de se le tenir pour dit. Autrement, l’on pourrait se demander s’il ne s’est pas trompé de peuple. Car, si les choses devaient continuer à la même allure, même si par extraordinaire ce chantre du mandat unique devait nourrir en cours de chemin les ambitions d’un second mandat, il n’est pas exclu qu’il soit obligé de se contenter d’un seul,  peut-être malgré lui, parce que le peuple béninois ne lui aurait pas donné le choix. Et en la matière, les cas des anciens présidents Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo sont assez éloquents.

 

« Le Pays »


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