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 APPEL A UNE CANDIDATURE UNIQUE DE L’OPPOSITION


Se pliant « sans réserve » au verdict de la Cour constitutionnelle de son pays, l’ancien président centrafricain dit « accepter » l’invalidation de sa candidature à la présidentielle du 27 décembre prochain. Mais le cœur y est-il vraiment ? On peut en douter. Il faut rappeler que cet ancien exilé est visé par un mandat d’arrêt délivré par la Justice centrafricaine après sa chute en 2013, qui n’est pas étranger au bilan peu glorieux voire catastrophique de son passage à la tête de l’Etat.  Par ailleurs, cet ancien maquisard devenu président, a été placé sous sanctions de l’ONU en 2014. Pour ce lourd passif dont Bozizé peut être appelé à répondre à tout moment, sans doute le pouvoir centrafricain qui se sera montré un tant soit peu magnanime à son égard, le tient-il en laisse.  N’est-ce pas déjà une faveur faite à Bozizé, qu’il n’ait jamais été inquiété depuis son retour, en 2019, au bercail où il a pu renouer avec ses militants et multiplier les meetings ? L’ex-président centrafricain s’est plié à la décision de la Cour constitutionnelle après avoir probablement pris conscience qu’il n’avait vraiment pas le choix. En faisant le deuil de ses ambitions politiques pour 2020, il semble avoir fait contre mauvaise fortune bon cœur.  Et puis, il ne faut pas oublier que l’on est en politique où certaines postures et autres revirements sont parfois monnayés d’une façon ou d’une autre. S’il s’est peut-être fixé une ligne rouge à ne pas franchir et notamment ne pas désavouer la Cour constitutionnelle, dans le même temps, l’auteur du coup d’Etat du 15 mars 2003, appelle l’opposition à s’unir pour battre dans les urnes, le président sortant et candidat à sa propre succession, Faustin-Archange Touadéra.  C’est de bonne guerre. Les carottes étant à présent cuites pour le malheureux François, après l’invalidation de sa candidature, il ne pouvait plus que soutenir la Coalition de l’opposition (COD 2000) dont il est, du reste, le président en exercice.  Reste que le moment auquel intervient son appel, pose problème.

 

L’ancien chef d’Etat serait mal placé pour donner des leçons aux autres

 

 L’ancien ministre de la Défense de David Dacko joue, en effet, les rassembleurs en pleine campagne électorale et au moment où les spécimens des candidats ont été déjà imprimés. C’est à ne rien y comprendre. C’est dire si après avoir pris acte de l’invalidation de sa candidature, François Bozizé devait en rester là. D’autant qu’il n’est pas exclu qu’il se mette de nouveau à dos le pouvoir en menant campagne contre ce dernier. A moins que cette sortie ne participe d’une stratégie de camouflage dans l’intérêt bien compris de l’ancien putschiste et du professeur de mathématiques aujourd’hui aux affaires.  Qu’à cela ne tienne, le tombeur de Ange-Félix Patassé aurait été plutôt bien inspiré de se faire un peu plus discret. Que peut-il d’ailleurs encore donner à l’ex-Oubangui Chari, qu’il n’ait pas pu lui offrir en dix années d’exercice du pouvoir qui s’est terminé dans les conditions que l’on sait ?  Sans doute aurait-il mieux valu pour lui d’adopter la même attitude que son tombeur, Michel Djotodia, qui n’a pas jugé bon de se relancer dans la course au fauteuil présidentiel, faute d’avoir lui aussi réussi.  En tout état de cause, l’appel du Général Bozizé à l’opposition pour qu’elle se mette d’accord sur « un candidat de consensus », n’a pas eu un écho favorable au sein de sa coalition qui a, du reste, laissé entendre que la question a été déjà « tranchée ». « François Bozizé peut soutenir qui il veut, mais il ne peut pas imposer aux autres de se désister », éructe un opposant. Que l’idée d’une union sacrée de l’opposition vienne d’un recalé qui, si sa candidature avait été validée, aurait certainement refusé de se désister pour se ranger derrière une autre candidature, c’est cela qui passe manifestement mal. L’ancien chef d’Etat serait mal placé pour donner des leçons aux autres. Bozizé est-il encore crédible ? Faut-il le prendre au sérieux ?  Les réactions de ceux qu’il invite à s’unir pour faire barrage au président sortant, sont suffisamment éloquentes.  Autant dire que l’opposition qui ira en rangs dispersés à ces élections, court le risque d’en faire les frais, face à Faustin-Archange Touadéra qui fait figure de favori compte tenu de son bilan qui parle pour lui et qui s’est fixé pour objectif de remporter ces élections dès le premier tour.

 

« Le Pays »

 

 

 

 

 


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