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ARRESTATION DE DEUX CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE EN OUGANDA : Rien de surprenant


N’en riez pas. Deux opposants ougandais prétendant au fauteuil sacré du satrape Yuweri Museveni, ont été jetés au cachot. Kizza Besigye et Amama Mbabazi, respectivement candidat pour le compte du FDC, et ex-chef du gouvernement tombé en disgrâce, ont été mis aux arrêts, jeudi dernier en Ouganda. Amama Mbabazi subit ainsi les foudres de Museveni pour avoir osé ce crime de lèse- majesté : avoir esté en justice pour contester la candidature de Museveni, au motif qu’à 70 ans, après bientôt trente ans passés au pouvoir, il a dépassé la limite d’âge. Quant au colonel Kizza Besigye, il aurait régulièrement eu des démêlés avec la police, depuis qu’il s’est permis d’afficher ses intentions d’être calife à la place du calife.

Pour avoir été tous les deux arrêtés le même jour, on peut légitimement croire que la coïncidence n’est pas anodine : le pouvoir ougandais voudrait, en réalité, se prémunir contre toute possibilité d’alliance entre deux hommes, ce qui troublerait sans aucun doute le sommeil du vieux dictateur ougandais. En tous les cas, la violente et primesautière réaction du président Museveni aux ambitions présidentielles annoncées des deux opposants, ne surprend guère. Le navire ougandais qui n’a jamais connu d’autre capitaine depuis que Museveni trône impudiquement à la tête de l’Etat ougandais, ne doit pas voir son gouvernail changer de main, tant que Dieu prêtera vie à l’autocrate ougandais. En un mot comme en mille, Museveni for ever ! Et gare à celui qui s’y opposera.

Ainsi donc va la vie au pays de Idi Amin Dada, cette autre peste qu’on aurait finalement du mal à préférer au choléra Museveni. Amin Dada avait au moins l’excuse d’avoir été un Ubu roi, pas suffisamment éduqué pour être à la hauteur des défis de son époque. Quant à Museveni, force est de regretter que celui-là même qui, parvenu au pouvoir en 1979 à la tête d’une guérilla soutenue par l’armée tanzanienne , reproduise les mêmes tares – sinon en fasse bien pire- qu’il reprochait à son prédécesseur, en se comportant aujourd’hui en dictateur de la pire espèce.

Qui pour faire entendre raison à Museveni ?

Oui, Museveni est un satrape. Et c’est peu dire. La démocratie, il s’en soucie comme d’une guigne, même s’il s’amuse à insulter l’intelligence de la planète en déclarant, sans ciller, qu’il n’y a pas meilleur démocrate que lui; on se croirait dans un cirque ! Faut-il en rire ou en pleurer, quand cette essence usée de la faune politique africaine, déclare que les Ougandais s’opposent à ce qu’il fasse valoir ses droits à la retraite ? Assurément, il y a urgence à agir contre ce fossoyeur de la démocratie de la même eau que les Yaya Jammeh, Robert Mugabe et autres. Mais qui pour faire entendre raison à Museveni ? Qui pour dire stop aux lubies du satrape qui a achevé de prendre en otage son peuple ? Certainement pas l’Occident. Certainement pas les Etats-Unis dont Museveni est l’un des protégés voire l’un des chouchous en Afrique. Le fouet contre ce mauvais élève qui a volontairement choisi d’apprendre ses leçons de démocratie à l’envers ? Il ne faut pas y compter ! Museveni sait toujours compter sur les faveurs de Washington et autres capitales occidentales, plutôt que de craindre leur courroux. C’est dire si le sursaut viendra du seul peuple ougandais qui, hélas, semble pourtant avoir fait le choix de l’abdication.

Et dire que c’est à ce président-là qu’a été confiée la mission de trouver une solution à la crise burundaise ! Si c’est pour que triomphe la démocratie au Burundi, eh bien, c’est raté. Museveni n’a pas le profil du métier et il faut bien croire qu’il n’est même pas intéressé à un tel défi. Si c’est pour faire couler la barque de la démocratie au Burundi, pour le bonheur de tous les autocrates du continent, alors, c’est l’homme de la situation. Le rôle lui va comme un gant, n’en déplaise aux opposants burundais qui pleurent du malheur d’avoir vu le Ciel leur tomber à ce point sur la tête, par le choix de Museveni comme nouveau médiateur. Il ne reste plus qu’à ce dernier de dérouler ses préceptes nauséeux contre les intérêts de la démocratie. Pour le bonheur de Nkurunziza.

“Le Pays”


Comments
  • Muséveni fait rire. C’est un bouffon de la même eau que Idi Amin Dada. Son choix pour jouer au médiateur au Burundi n’est pas fortuit La majorité des chefs d’états de l’Est et du centre africains est composée de dictateurs sanguinaires.C’est comme si on choisissait l’hyène pour arbitrer une bagarre entre une hyène et des chèvres.

    13 juillet 2015

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