HomeNon classéASSASSINAT DE NORBERT ZONGO : 17 ans après, le peuple réclame toujours justice

ASSASSINAT DE NORBERT ZONGO : 17 ans après, le peuple réclame toujours justice


Dix-sept ans après l’assassinat odieux du journaliste émérite Norbert Zongo et de ses compagnons, le peuple ne s’est pas lassé d’exiger toute la lumière sur ce crime jugé imprescriptible. Ce 13 décembre 2015, à la place de la Nation, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) et la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la fraude, l’impunité et pour les libertés démocratiques (CCVC) ont encore commémoré l’assassinat du journaliste et de ses compagnons le 13 décembre 1998. La place de la Nation n’a pas refusé du monde, mais la lutte déterminée du peuple pour la manifestation de la vérité et la justice sur le crime, reste ferme. C’est, du moins, le constat fait à la place de la Nation.

 

La cérémonie officielle de commémoration a débuté à 10h alors qu’à 8h déjà, l’animation musicale au rythme de la musique reggae galvanisait le public, avec des artistes qui se relayaient sur le podium, adressant des messages de sensibilisation au public sur la nécessité de continuer la lutte pour la justice sur les crimes économiques et de sang commis au Burkina Faso. La chorale du Collectif marque le début des choses, en se faisant le porte-voix du public et lance avec cadence : « Est-ce vrai qu’on les a tués ? Est-ce vrai qu’on les a brûlés ? », rappelant justement la vérité de l’assassinat du 13 décembre 1998 et l’autodafé des corps du journaliste et de ses compagnons d’infortune. Dans le refrain, « qui les a tués ? » « La réponse découle de source : ce sont les voyous du Conseil de l’entente qui les ont tués ! » Vérité connue du moindre des Burkinabè. 17 ans après, le peuple continue de réclamer justice, ainsi que l’arrestation de tous les auteurs du crime et leurs commanditaires. L’affaire Norbert Zongo et ses compagnons est restée là où le non-lieu du 26 juillet 2006 l’a laissée. Rien ne semble avoir sérieusement avancé dans l’instruction du dossier. La nouveauté aujourd’hui dans ce dossier, est l’inculpation récente de trois éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) à savoir le soldat Christophe Kombacéré, le caporal Wampasba Nacoulma et le sergent Banagoulo Yaro. Cela sonne comme une victoire d’étape pour le président du Collectif, Chrysogone Zougmoré, qui estime qu’il faut poursuivre la lutte car elle commence à payer.

Cette année, la commémoration, à la place de la Nation, du quadruple assassinat de Sapouy le 13 décembre 1998, a enregistré des absents de marque : les têtes de pont du Balai citoyen, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, l’un des avocats de la famille de Norbert Zongo qui ne manquait jamais d’y assister, ainsi que certaines personnalités qui participaient chaque année à la commémoration du triste assassinat. De l’avis de beaucoup de participants à la commémoration du 17e anniversaire de l’assassinat du journaliste et de ses compagnons, la mobilisation est faible cette année, mais pour autant, l’espoir reste le maître-mot chez les manifestants majoritairement jeunes. En transmettant le flambeau de la lutte aux jeunes gens, confie une source, il est sûr que la lutte ne s’estompera jamais et tôt ou tard, les autorités se résoudront à rendre justice dans cette affaire connue désormais du monde entier. Le 13 décembre 2014, rappelle le président du Collectif, Chrysogone Zougmoré, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a participé à la commémoration du 16e anniversaire de l’évènement à la place de la Nation et avait promis au peuple que la lumière serait faite sur l’affaire Norbert Zongo et que justice serait rendue. Zougmoré ajoute que le lendemain, 14 décembre 2014, le président Michel Kafando a soutenu l’espoir d’un traitement sérieux et diligent du dossier en annonçant que « tous les dossiers seront rouverts ». Mais il a fallu attendre jusqu’au 30 mars 2015 pour que le Procureur général fasse une requête officielle au nouveau juge d’instruction nommé le 8 mars 2015 pour l’ouverture effective du dossier Norbert Zongo. Cela, en soi, a convaincu bien des personnes proches de l’organisation de la commémoration du 17e anniversaire de l’assassinat, qu’il faut inscrire la lutte pour la justice dans les crimes économiques et de sang dans la durée. « La question de l’impunité n’a véritablement pas constitué une préoccupation majeure pour le pouvoir de la Transition », a souligné Chrysogone Zougmoré dans son discours, tout en précisant qu’aucun des nombreux dossiers de crimes qui ont alimenté la crise sociale ayant conduit à la chute du pouvoir de Blaise Compaoré n’a connu une issue sous la Transition. « Cette affirmation est contradictoire à l’avancement qui est signalé dans le dossier Norbert Zongo et à l’inculpation récente des trois militaires de l’ex-RSP », a confié le contrôleur d’Etat Luc Marius Ibriga à la place de la Nation. Le contrôleur d’Etat estime que l’on ne doit pas faire croire au peuple que les procès peuvent se faire du jour au lendemain, au risque de laisser croire à une confusion des pouvoirs. Il convient que tous les problèmes d’impunité n’ont pas été résolus, mais ne partage pas l’idée selon laquelle l’impunité n’a pas été une préoccupation du gouvernement de la Transition. Le temps passe, la justice sur les crimes tarde à se faire. Luc Marius Ibriga soutient que seules la mobilisation des citoyens et la pression sociale vont empêcher les autorités d’enterrer les dossiers de crimes économiques et de sang. « Dans les pays où les gouvernants ont peur des gouvernés, dit-il, la démocratie fonctionne bien, mais là où les gouvernés ont peur des gouvernants, on va se retrouver dans la dictature. S’il y a des avancées dans le dossier Norbert Zongo, pour autant, il ne faut pas baisser les bras », conclut Luc Marius Ibriga. Pour le Collectif et la CCVC, ce qui compte le plus pour la suite, pour la justice sur l’ensemble des crimes impunis, c’est la mobilisation et la détermination du peuple face à l’attitude du nouveau gouvernement. Rappelons que Norbert Zongo a voulu défendre la veuve et l’orphelin du chauffeur du petit frère de l’ex-chef de l’Etat Blaise Compaoré, David Ouédraogo, qui a été livré aux militaires du Conseil de l’entente par le frère du président. David y a trouvé la mort. Mettant au grand jour et dénonçant les pratiques mafieuses du pouvoir de Blaise Compaoré à travers le journalisme d’investigation, Norbert Zongo a tenu à faire la lumière sur les crimes économiques et de sang du pouvoir Compaoré. En dépit des menaces et intimidations de tous genres, il n’écoutait que la voix de sa conscience de journaliste, porte-voix des sans-voix. Lui et ses compagnons seront assassinés aux environs de Sapouy le 13 décembre 1998 et leurs corps calcinés.

Lonsani SANOGO

Le Collectif et la CCVC se sont d’abord rendus au cimetière de Gounghin où ils ont procédé à un dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes de Norbert Zongo et de ses compagnons, tous assassinés le 13 décembre 1998 aux environs de Sapouy. Cette traditionnelle procession en direction du cimetière marque chaque année le début de la commémoration de l’assassinat du journaliste émérite et de ses compagnons.

 

Dossier Norbert Zongo

Un nouveau juge d’instruction désigné

 

Le peuple burkinabè commémore ce 13 décembre 2015, le 17e anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses trois (3) compagnons sous le signe de la poursuite de la lutte pour la manifestation de la vérité et de la justice. Une fois de plus, tous les défenseurs de la démocratie, de la liberté de presse et d’opinion réclament vérité et justice pour les quatre suppliciés de Sapouy.

Pour donner une suite conséquente à ces fortes attentes, également exprimées par les insurgés d’octobre 2014, le gouvernement de la Transition, dès son installation, a pris des actes forts sur différents dossiers, dont celui Norbert Zongo.

Il a décidé de la réouverture du dossier, de la désignation d’un nouveau juge d’instruction, de la mise à la disposition du juge d’instruction, de moyens conséquents pour la conduite du dossier, et enfin de l’exécution par le gouvernement de l’arrêt sur les réparations, objet de la requête n°03/2011, rendu le 5 juin 2015 par la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples dans la cause opposant les ayants droit de feu Norbert Zongo et 4 autres à l’Etat du Burkina. 233 135 409 francs CFA ont été débloqués au titre de l’indemnisation des ayants droit des feus Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiéma dit Ablassé, Ernest Zongo et Blaise Ilboudo et le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) qui était partie civile dans ce dossier.

Le Gouvernement de la Transition veut, par ces importantes mesures, s’assurer que le dossier suive son cours et que les magistrats fassent leur travail en toute indépendance, conformément au principe de la séparation des pouvoirs.

Selon les déclarations du Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, le juge d’instruction du TGI en charge du dossier dit « Norbert Zongo », a mené différentes investigations, procédé à des inculpations et posé d’importants actes allant dans le sens de la manifestation de la vérité.

Le gouvernement, à la suite du Procureur général, souhaite la compréhension de la population et la rassure que toutes les dispositions relevant de sa compétence sont prises pour que le dossier avance normalement jusqu’à son règlement définitif.

Le gouvernement félicite la Justice pour ces avancées et réaffirme avec force, toute sa solidarité avec tous les acteurs de la société civile ainsi que tout son soutien et sa compassion aux familles des suppliciés, dans le cadre de la commémoration du 13 décembre 2015. Il les rassure de sa ferme détermination et de son engagement renouvelé, à jouer pleinement son rôle pour la manifestation de toute la vérité sur ce dossier.

Le Service d’information du Gouvernement

 


No Comments

Leave A Comment