ATTAQUES TERRORISTES AU MALI ET AU NIGERIAs
Buhari et IBK ont du pain sur la planche
S’il y a un seuil de l’horreur, il y a bien longtemps qu’il a été franchi au Nigeria et au Mali où les groupes djihadistes rivalisent d’ingéniosité dans le mal. En effet, alors que Boko Haram, dans un double attentat ayant visé un marché et une mosquée au Nigeria, faisait des dizaines de victimes, des djihadistes envoyaient ad patres une vingtaine de civils dont des personnes âgées dans deux villages maliens proches de la frontière nigérienne.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de dissocier cette nouvelle boucherie humaine de la visite du président Buhari à la Maison Blanche où il a remercié Trump pour son aide contre Boko Haram et où il a lui-même reçu des lauriers pour les victoires significatives qu’il a remportées contre les islamistes insurgés. Quant au Mali, ces attaques répétées sonnent comme des actions de représailles ; les forces françaises ayant procédé, il y a peu, à la neutralisation de dizaines de terroristes dans le Nord du pays. Sans doute, les ingénieurs du mal remontés, ont voulu montrer qu’ils savent toujours renaître comme un phœnix, de leurs cendres et frapper là où on les attend le moins. En tout cas, le message est clair. La voilure des terroristes a été réduite mais ces derniers sont loin d’avoir dit leur dernier mot.
Cela dit, ce double attentat suicide qui intervient au moment où les autorités nigérianes semblaient changer de ton envers Boko Haram, abandonnant l’option du « tout militaire » pour ouvrir la voie du dialogue, vient corser l’équation de la lutte contre la secte. Quant au Mali, ce nouveau massacre doit interpeller, étant donné que la présidentielle, c’est dans quelques mois seulement.
Pour triompher du terrorisme, il faut lui opposer un front commun
Pour revenir au Nigeria, la question que l’on peut se poser est de savoir si les fous d’Allah peuvent être des interlocuteurs crédibles, en raison de leur versatilité. Rien n’est moins sûr. Surtout en ce moment où Boko Haram est en proie à un bicéphalisme qui peut conduire l’une ou l’autre des factions à saper les efforts de rapprochement avec les autorités d’Abuja. Quoi qu’il en soit, la solution à cette équation à plusieurs inconnues, ne saurait être possible sans la nécessaire collaboration des populations qui, à défaut de voir leurs préoccupations prises en compte par les politiques de développement de l’Etat central, ont, pour certaines, fini par développer des accointances avec les djihadistes dont ils sont souvent proches par les affinités religieuses et ethniques. En effet, pour triompher du terrorisme, il faut lui opposer un front commun qui, malheureusement, est inexistant au Nigeria et au Mali, deux pays minés par des conflits intercommunautaires dont les marques restent indélébiles.
En tout état de cause, les présidents Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) et Buhari qui nourrissent l’ambition de briguer un nouveau mandat à l’horizon 2020, ont du pain sur la planche. Car, il leur faudra le bon discours pour convaincre leurs concitoyens qu’ils peuvent encore être des artisans de la paix dans leurs pays respectifs, malgré les affronts répétés des terroristes qu’ils avaient pourtant promis d’éradiquer.
SAHO