HomeA la uneAUDIT DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE COMMANDITE PAR DAMIBA :  Il faut ratisser large !

AUDIT DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE COMMANDITE PAR DAMIBA :  Il faut ratisser large !


Officiellement investi le 2 mars dernier, au lendemain de l’adoption de la Charte de la transition, le président Paul Henri Sandaogo Damiba n’a pas perdu de temps dans sa volonté d’imprimer une nouvelle dynamique à la marche de la Nation. En effet, dans un communiqué rendu public, le même jour, par la Direction de la communication de la présidence du Faso, il donnait « instructions au Contrôleur général d’Etat de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), de procéder dans les meilleurs délais, en relation avec l’Ordre national des Experts comptables et la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), à un contrôle général de la gestion des structures de l’Administration publique ». « Un rapport global est attendu au terme des investigations pour toutes fins utiles ».  Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela révèle une volonté d’assainissement de la gestion de l’Administration publique qui répond, sans nul doute, à l’une des fortes attentes des Burkinabè et qui était devenue une nécessité ; tant la corruption était devenue endémique dans ce pays. 

 

Tous ceux qui ont mis la main dans le cambouis, doivent répondre de leurs actes

 

 

 

De ce point de vue, on peut encourager le président Damiba à frapper fort là où son prédécesseur, le président déchu Roch Marc Christian Kaboré à qui il était reproché le laxisme sur la question, avait voulu montrer, sur le tard,  sa volonté de prendre le problème à bras-le-corps. Quoi qu’il en soit, que cet audit général de l’Administration publique soit vu ou non comme le prolongement de « l’opération mains propres » de l’ex-président, il importe, pour le président Damiba, de ratisser large dans un souci d’assainir la gestion de la chose publique pour que tous ceux qui ont mis la main dans le cambouis, puissent répondre de leurs actes. Y compris au sein des ministères de la Défense et de la Sécurité qui bruissent régulièrement de dysfonctionnements criards que l’on dit fortement préjudiciables à l’atteinte de résultats  probants sur le terrain, malgré les budgets colossaux qui leur ont été consacrés ces dernières années.  Inata est encore frais  dans les esprits et les Burkinabè attendent d’en savoir davantage sur les tenants et les aboutissants de ce drame national. Le président Damiba est d’autant plus interpellé sur la question que le pays est en guerre et a besoin d’abord et avant tout de sérénité dans les rangs pour venir à bout d’un ennemi aussi pervers qu’ondoyant. Bien entendu, on mesure toute la délicatesse d’une telle tâche qui peut toucher à la cohésion d’une institution aussi sensible que l’Armée. Mais si les résultats doivent passer par là, il serait nécessaire de trouver la bonne formule pour dégripper la machine afin de donner à l’Armée, tous les moyens de son opérationnalisation pleine et entière sur le terrain.  Autrement, les mêmes mauvaises pratiques risquent de continuer à produire les mêmes effets néfastes à l’efficacité des troupes sur le terrain.

 

 

Il ne faudrait pas donner l’impression de vouloir faire du deux poids deux mesures

 

Or, dans le cas d’espèce, si l’assainissement de l’Administration publique s’avère, pour de nombreux Burkinabè, une nécessité impérieuse, la question sécuritaire reste encore plus, à leurs yeux, la priorité des priorités. C’est dire si malgré la force du signal et la pertinence de cette recommandation du chef de l’Etat, il ne faut pas se tromper d’urgence. D’autant plus que sur le terrain, les terroristes restent encore très actifs et continuent d’accentuer la pression par des attaques récurrentes, avec leurs lots de morts et de déplacements de populations.  Pour en revenir à l’audit voulu par le chef de l’Etat, il faut espérer qu’au-delà des résultats qui en sortiront, cela permettra au pays de repartir sur des bases saines dans la gestion de la chose publique. C’est dire si au moment où s’enclenche ce mécanisme de reddition des comptes, il faudra, d’ores et déjà, songer à ce que les actes qui sont en train d’être posés, s’inscrivent dans le sens de la rigueur et de l’orthodoxie comptable exigées.  Car, c’est en gouvernant par l’exemple, que Damiba pourra bénéficier de la confiance de ses compatriotes.  En tout état de cause, les Burkinabè attendent beaucoup de cet audit qui devrait permettre au pays d’opérer la rupture et de repartir du bon pied. Sans  que cela ne soit une opération de diversion encore moins une chasse aux sorcières destinées à jeter derrière les verrous, quelques hiérarques de l’ancien régime pour donner le change. C’est pourquoi il ne faudrait pas donner l’impression de vouloir faire les choses à moitié encore moins du deux poids deux mesures, en voulant chercher  la paille qui est dans les yeux des civils tout en ignorant la poutre qui est dans ceux des militaires.

 

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment