HomeA la uneAUDIT DES DECES MATERNELS ET PERINATALS : Il est bon de situer les responsabilités mais…

AUDIT DES DECES MATERNELS ET PERINATALS : Il est bon de situer les responsabilités mais…


Réduire la  mortalité maternelle et périnatale dans notre pays ! C’est ce qui préoccupe, au plus haut niveau, les autorités burkinabè. Cela fait suite au constat selon lequel le nombre de décès maternels et périnatals reste très élevé et  ce, en dépit des investissements dans les soins de santé maternelle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, 926 décès ont été enregistrés en 2024 contre 905 en 2023 et 864 en 2021. Les régions où les décès maternels et périnatals continuent d’augmenter sont la Boucle du Mouhoun, le Centre, le Sahel et le Sud-Ouest. Face à cette situation, pour le moins alarmante, les autorités sanitaires n’entendent pas rester les bras croisés. Elles ont pris des initiatives pour tenter d’inverser les tendances. L’une des mesures prises consiste désormais à «  déclarer tout décès maternel ou périnatal comme un incident ». Cela sous-entend l’audit des décès dans le cadre d’une politique de gestion des urgences médicales. Quand on sait que certains agents de santé font souvent montre d’un laxisme et d’une irresponsabilité incroyables, dans l’exercice de leurs fonctions, on ne peut que saluer la décision prise par les autorités, qui permettra désormais de mieux situer les responsabilités. A preuve, l’on a vu des patients passés de vie à trépas parce que n’ayant pas été pris en charge très rapidement dans une  formation sanitaire. Certes, on le sait, un agent de santé n’a pas d’obligation de résultats.

 

 

Certains, conscients de leur incurie, ont déjà le sommeil trouble

 

 

Mais l’attitude de certains face à certaines situations critiques, interroge sur leur conscience professionnelle. En tout cas, des cas concrets de négligence, il en existe où des parents de  patients ont dû, à leur corps défendant, s’en prendre à des agents de santé. Voyez-vous ? Il faut que l’on se dise la vérité. Des agents de santé irréprochables, il y en a; tout comme il y en a aussi qui n’ont aucune conscience professionnelle au point que la mort de leur patient ne les émeut pas outre mesure. Du reste, ils s’en soucient comme d’une guigne. Ce sont ces gens-là qui, on espère, pourraient être démasqués avec les dispositions qui viennent d’être prises. Sans doute, certains, conscients de leur incurie, ont déjà le sommeil trouble.

Cela dit, tout en saluant la volonté des autorités de réduire le nombre de décès maternels et périnatals, il faut cependant craindre que les initiatives prises ne provoquent l’effet contraire, c’est-à-dire pousser désormais beaucoup d’agents de santé à l’extrême prudence et à la retenue dans l’exercice de leurs fonctions. De peur d’être sanctionnés, certains pourraient, en effet, désormais, s’imposer des limites à ne pas franchir. Surtout que certains patients, et il faut avoir le courage de le reconnaître, arrivent tard dans une formation sanitaire presqu’à l’article de la mort. Et Dieu seul sait si ces cas sont nombreux dans notre pays où à la pauvreté s’ajoute le manque de routes praticables pour rallier certains centres urbains en cas de transfèrement de patients. Voyez-vous ? L’arbre ne doit  pas cacher la forêt. Même en cas d’audit, il faut tenir compte de beaucoup de réalités pour ne pas donner l’impression de sanctionner pour sanctionner. En toute chose, il faut savoir faire montre de discernement au risque de prendre un bien pour un mal.

 

Sidzabda


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