HomeA la uneAugustin Loada, à propos de la journée continue dans l’Administration publique: « Les débuts seront difficiles certes, mais nous ferons des réajustements »

Augustin Loada, à propos de la journée continue dans l’Administration publique: « Les débuts seront difficiles certes, mais nous ferons des réajustements »


Hier 14 septembre 2015, des membres du gouvernement de la Transition ont rencontré les journalistes au ministère des Affaires étrangères et de la coopération régionale (MAECR). C’était dans le cadre de la traditionnelle rencontre entre les organes de la Transition et la presse. Ce rendez-vous dénommé « Face à la presse » a réuni quatre ministres de la Transition autour de la presse. Les échanges ont porté, entre autres, sur l’instauration de la journée de travail continue dans l’Administration publique ; les fraudes et l’éventuelle reprise des concours directs de la Fonction publique ; la nouvelle loi qui régit le monde des médias ; la formation et l’insertion professionnelle des jeunes et la tenue prochaine des premières assisses nationales sur l’économie numérique.

Sauf cataclysme, c’est aujourd’hui que sera effective la journée continue dans l’Administration publique burkinabè. Cette décision prise en Conseil des ministres en sa séance du 2 septembre dernier a surpris plus d’un et chacun y est allé de son commentaire. Mais face aux inquiétudes et au scepticisme des uns et des autres, le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale (MFPTSS), Augustin Loada, s’est voulu rassurant. « Les débuts seront difficiles certes, mais nous ferons des réajustements avec le temps », a-t-il dit. A l’entendre, le gouvernement a considéré la pleine mesure de la situation avant de prendre une telle décision. En effet, a-t-il spécifié, une étude a été menée par son département auprès des agents de l’Administration publique. Cette étude a consisté à faire des entretiens individuels et groupés auprès des agents afin de recueillir leurs préoccupations. De ces préoccupations, il est ressorti que, d’une manière générale, les agents ne s’y opposaient pas, mais ont souhaité que des mesures d’accompagnement soient prises pour faciliter le changement. Au nombre de ces mesures, la sensibilisation des agents sur l’importance de la journée de travail continue ; la réhabilitation des sanitaires et la facilitation de la restauration pour les agents qui souhaiteraient prendre leurs repas sur place. « Nous avons également mis en place des mesures pour contrôler l’assiduité et la présence effective des agents dans les administrations. Il est important que le contrôle hiérarchique soit aussi instauré. Mais au-delà, il faut que chaque agent s’auto-discipline », a ajouté le ministre en charge de la Fonction publique. Au regard des avantages que concède la journée continue, le ministre a également invité l’ensemble des acteurs dont les usagers et les partenaires de l’Administration publique à la compréhension. Déjà, dans une déclaration, le Centre de recherche et de formation islamique (CERFI) s’est insurgé quant à la non-prise en compte de la prière du vendredi dans l’instauration de la journée continue. Là dessus, Augustin Loada dira ceci : « Les horaires de 7h à 15h 30 du lundi au jeudi avec 30 minutes de pause, soit de 12h 30 à 13h et le vendredi 7h à 16h 30 avec une pause de 12h 30 à 13h 30. Celui qui veut aller accomplir son culte devrait en principe pouvoir le faire. Dans tous les cas nous avons donné des instructions pour qu’il y ait de la flexibilité avec l’esprit que nous devons 40h de travail par semaine à l’Administration ».

En ce qui concerne les fraudes aux concours directs de la Fonction publique et le souhait de certains acteurs et mouvements pour la reprise de ces concours, le 1er responsable de la Fonction publique a indiqué que le gouvernement a été saisi pour se pencher sur la question. « L’affaire est devant la Justice qui devrait se prononcer à partir du 18 septembre. A partir de ce moment, le gouvernement prendra les dispositions qui s’imposent », a-t-il dit. Mais, Augustin Loada a tenu à rappeler que si toutefois les concours venaient à être annulés, au regard des procédures, la reprise ne pourra se faire que dans 4 ou 5 mois. « Ce n’est donc pas le gouvernement de la Transition qui va organiser les concours s’ils sont repris », a-t-il souligné. D’ores et déjà, certains résultats pour cette session sont disponibles et d’ici à fin septembre, tous les résultats seront disponibles, foi du ministre en charge de la Fonction publique.

Un « Plan Marshall » pour la jeunesse

Autre sujet d’actualité abordé par les membres du gouvernement, c’est la nouvelle loi qui régit désormais le monde des médias. En effet, dans les dispositions de cette nouvelle loi, les délits de presse sont dépénalisés et les peines pécuniaires fixées entre 1 et 5 millions de F CFA. Ce quantum, les professionnels des médias l’ont jugé exorbitant, portant atteinte à la liberté de presse ; pire, ils estiment que cela constitue un recul grave à cette liberté. Le ministre en charge de la Communication, Frédéric Nikièma, ne voit pas les choses sous cet angle. « Des mesures ont été prises pour que la capacité économique des organes de presse soit renforcée et qu’on ait plus de professionnalisme, de déontologie dans le secteur de manière à éviter au maximum les dérives. Pour une mesure aussi importante, il faut prendre en compte le point de vue de tous les acteurs. C’est un compromis dans lequel nous espérons que les uns et les autres pourront se retrouver. En plus, nous espérons que dans l’application, s’il y a évolution, le quantum sera revu à la baisse. Donc dire que c’est un recul sans prendre en compte toutes les avancées et les innovations, c’est fort comme conclusion, ce d’autant plus que toutes les autres préoccupations des organes de presse ont été prises en compte », a-t-il renchéri avant de conclure qu’aucune loi n’est statique, toutes les lois sont amenées à évoluer. La question sécuritaire, notamment la menace terroriste, était aussi à l’ordre du jour. Frédéric Nikièma s’est voulu rassurant et a indiqué que le gouvernement a pris des mesures spécifiques pour renforcer la sécurité dans les zones à risques. «Nous sommes aussi en collaboration avec l’opération Barkhane pour que nous puissions mettre en œuvre des actions conjointes pour minimiser les risques. En plus, il faut inciter les populations à plus de collaboration afin de faciliter la tâche aux forces de l’ordre », a ajouté le porte-parole du gouvernement. Présent à cette rencontre, le ministre de la Jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi, Salifou Dembélé, s’est également prononcé sur la nécessité de trouver un « plan Marshall » pour venir en aide à la jeunesse africaine qui se trouve désemparée. Selon lui, la question du financement de la jeunesse n’est plus une question d’emploi ni de chômage, mais va au-delà pour devenir une question sécuritaire et de stabilité des pays de la sous-région et partout en Afrique. Nébila Amadou Yaro, ministre du Développement de l’économie numérique et des postes s’est, quant à lui, appesanti sur l’importance des TIC dans le développement. C’est pour cette raison, a-t-il ajouté, que le gouvernement a entrepris des actions majeures dont la « cyberstratégie » nationale pour garantir une large diffusion et l’accessibilité aux TIC à toutes les couches de la population. Mais, selon lui, de nombreux efforts restent à fournir, notamment en matière d’infrastructures. « Afin de faire face aux nouveaux défis du secteur, le ministère ambitionne d’organiser, en début octobre, les premières assises nationales sur l’économie numérique », a-t-il relevé. Premières du genre, ces assises dureront 72 heures et auront pour objectif d’offrir, entre autres, de meilleures chances pour le développement du secteur des TIC au Burkina afin de l’intégrer au développement du pays. Ces assises seront placées sous le thème : « Premières assises nationales de l’économie numérique : statut, place et enjeux de l’économie numérique au Burkina Faso ».

Adama SIGUE

 


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