HomePanoramaBourse d’échange de produits alimentaires : pari réussi pour la 9e édition

Bourse d’échange de produits alimentaires : pari réussi pour la 9e édition


La bourse d’échanges des produits alimentaires du Réseau des greniers de sécurité alimentaire (R-GSA) de la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN) s’est tenue du 18 au 19 février 2014 à Tougan, chef-lieu de la province du Sourou. Placée sous le thème « Consolider la solidarité entre les différents acteurs de la sécurité alimentaire », cette rencontre annuelle, 9e du genre entre producteurs céréaliers des zones excédentaires et des zones déficitaires vise à permettre des échanges fructueux entre les acteurs afin de favoriser des approvisionnements de qualité. 

Point de doute, la bourse d’échanges des produits alimentaires est devenue incontestablement, au fil des années, une activité incontournable pour les producteurs des zones déficitaires et ceux des zones excédentaires. Elle constitue un cadre et une opportunité pour les producteurs, les groupements, les opérateurs privés et les transporteurs d’avoir des échanges directs, de négocier des transactions agricoles  et de nouer des partenariats bénéfiques et durables pour lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire. A Tougan, la tradition a encore été respectée à cette 9e édition en ce mois de février 2014. Venus des régions du Nord, du Sahel, du Centre-Nord et de la Boucle du Mouhoun, les producteurs, groupements, opérateurs privés et transporteurs ont échangé 48 heures durant. De la confrontation directe de l’offre et de la demande, les différentes parties sont parvenues à réaliser des transactions par la signature de contrats. L’objectif étant de combler le déficit dans les zones démunies comme les régions du Nord, du Sahel et du Centre-Nord. Certains n’ont pas hésité à affirmer que les résultats obtenus aux éditions précédentes ont suscité un intérêt grandissant et de nombreux acquis du mécanisme. Les retombées positives de cette bourse d’échanges ont été relevées par les différents acteurs lors des échanges.

Des contrats paraphés

Selon Jonas Traoré, producteur de Nouna, la 9e bourse a, au-delà des transactions, permis aux acteurs des différentes zones de se rencontrer et d’échanger sur les problèmes liés à la sécurité alimentaire, notamment la collecte, l’approvisionnement et l’écoulement des produits. Et à Andem Sawadogo de Ouahigouya de renchérir : « La bourse d’échanges favorise l’instauration d’un climat de solidarité et de confiance entre les acteurs œuvrant dans la sécurisation alimentaire ». Pour rappel elle est initiée depuis 2005 par le Réseau des greniers de sécurité alimentaire (R-GSA) de la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN). Cette 9e bourse d’échanges a, au terme des deux jours, et en attendant l’évaluation définitive, permis la signature de 13 contrats de ventes et d’achats pour un montant de 22 196 250 F CFA. Les contrats de négociations franches et consensuelles sont de l’ordre de 141,7 tonnes et concernent 7 produits à savoir le mil, le sorgho, le maïs, le riz, l’arachide, les fleurs du Bombasc constatum (“voaga” en mooré) et le détarium sénégalensis (Kaga en mooré). Les négociations, étape cruciale de la bourse, se sont déroulées dans une bonne ambiance empreinte de convivialité. Habituées de la bourse, les différentes parties n’ont pas mis de temps à s’entendre sur l’essentiel du fait des expériences acquises au cours des bourses précédentes. Le directeur du RGSA et secrétaire général de la FNGN, Amidou Ganamé, a indiqué que dans l’esprit et la lettre de la bourse, toutes les parties échangent et négocient dans un esprit de complémentarité et non dans une dynamique purement commerciale. « Les différentes parties s’accordent sur un minimum dans un esprit de solidarité débarrassé de toute idée commerciale », a-t-il confié.

L’approvisionnement des GSA comme choix stratégique

Cette approche, selon M. Ganamé, se justifie par le fait que le combat de sa structure est d’arriver à nourrir les hommes, les femmes et les enfants du Burkina. « La faim ne connaît pas la honte et l’approvisionnement des GSA est un choix stratégique dans ce sens », a-t-il soutenu avant d’ajouter que «chaque année, le réseau,  pour assurer sa mission de sécurisation alimentaire  dans les 400 villages de sa zone d’intervention, accompagne les comités de gestion dans l’approvisionnement en produits alimentaires. C’est un choix stratégique pour minimiser les spéculations céréalières». Toujours selon M. Ganamé, le R-GSA a un double rôle économique et social. Il a soutenu qu’en effet, les comités de gestion analysent minutieusement l’évolution des prix sur les marchés et y accordent une attention particulière avant de procéder aux achats. Par ailleurs, la diversification qui consiste à faire appel aux produits locaux forestiers et non ligneux permet aussi et surtout de réduire la facture alimentaire des ménages tout en augmentant la qualité nutritive. Le directeur du RGSA s’est dit satisfait de cette 9e édition. A l’en croire, Tougan a été fructueux à plus d’un titre. Il en veut pour preuve la participation des femmes de cette localité qui sont venues non seulement partager leurs expériences, mais aussi exposer des produits forestiers non ligneux. Selon lui, le choix de Tougan se justifie par le fait que cette localité offre des opportunités et des avantages certains aux GSA à cause de son double rôle à la fois social et économique. La diversification étant l’une des spécificités des GSA pour offrir plus de possibilités alimentaires, les initiateurs de la bourse pensent que Tougan pourrait en sortir solidifié. En attendant, tous ou presque pensent que le pari de la 9e édition est gagné. Rendez-vous a été pris pour la 10e édition dans une localité qui sera designée dans les mois à venir.

Serge COULIBALY

ENCADRE

Le GSA en bref

Le Grenier de sécurité alimentaire (GSA) est une organisation propre à la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN) gérée par un comité. Il se distingue de la banque de céréales par le fait que l’objectif premier n’est pas pécuniaire mais la disponibilité des produits pour lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire. Ce sont les producteurs eux-mêmes, regroupés en organisations, qui prennent des dispositions pour s’approvisionner en stocks conséquents. Les zones de forte concentration du GSA sont considérées, depuis plus d’une vingtaine d’années, comme des zones à risques d’insécurité alimentaire. En effet, depuis les cycles de sécheresse des années 1970, les régions du Nord, du Centre-Nord et du Sahel connaissent de graves crises alimentaires. Ces crises, surtout liées aux aléas climatiques (la mauvaise répartition des pluies, l’appauvrissement des sols lié à l’érosion), contribuent fortement à la baisse de la production agricole, particulièrement céréalière. C’est donc dans ce contexte que les GSA ont été créés pour améliorer la disponibilité et l’accessibilité des produits alimentaires aux populations rurales. Ce rôle est bien assumé à travers un accompagnement technique et financier de l’Unité d’appui au Réseau des GSA (UA-RGSA) dans la collecte, le stockage et la commercialisation des produits alimentaires


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