BURKINA


 Il faut sacrifier le référendum sur l’autel  sacré de la sécurité

Adopté presque par consensus, le référendum constitutionnel annoncé pour 2019 et qui devrait consacrer l’avènement d’une nouvelle République, divise actuellement les Burkinabè. Car de plus en plus, des voix et non des moindres, s’élèvent pour remettre en cause l’opportunité d’un tel rendez-vous électoral qui, rappelons-le, coûtera, au bas mot, la bagatelle de 10 milliards de F CFA. La menace sécuritaire devenant de plus en plus grande avec surtout les multiples attaques terroristes enregistrées à l’Est du pays, certains Burkinabè estiment qu’il faut tout simplement reverser les ressources prévues à cet effet, dans l’effort de guerre contre le terrorisme.

Le Burkina doit faire preuve de clairvoyance

C’est le cas, par exemple, du Balai Citoyen et de bien d’autres citoyens anonymes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette proposition est loin, voire très loin, d’être dénuée de bon sens, d’autant plus que la sécurité constitue la priorité des priorités. Car, à l’allure où vont les choses, avec l’ouverture d’un autre front à l’Est après le Sahel,  il faut craindre que les fondamentaux de la République ne s’en trouvent menacés. C’est pourquoi il y a lieu de sacrifier le référendum constitutionnel sur l’autel sacré de la sécurité qui constitue le socle de tout développement. Certes, comme on le sait, bien plus que  la voie parlementaire, le référendum est le meilleur chemin, à en croire les spécialistes, pour adopter une nouvelle Constitution. Mais comme le contexte et les circonstances obligent, il y a lieu de savoir raison garder. Car, imaginez-vous que si le Burkina débourse 10 milliards de F CFA en 2019 pour le référendum  constitutionnel, il lui faudra en débourser deux, trois voire quatre fois plus pour la présidentielle et les législatives couplées de 2020. Pour un pays pauvre très endetté, cela relève d’un luxe. Pourquoi jeter de l’argent par la fenêtre au moment où nos Forces de défense et de sécurité (FDS) qui se battent au péril de leur vie contre les forces du mal, manquent suffisamment de moyens ? S’il est  vrai que notre pays manque de ressources, il est aussi vrai que nous manquerons de moyens militaires adéquats pour faire face aux attaques terroristes répétées à travers le pays. C’est donc une question de priorités. D’ailleurs, à supposer que le pouvoir maintienne la voie référendaire pour l’adoption de la nouvelle Constitution dont la rédaction de l’avant-projet avait réuni toutes les composantes de la Nation, on peut se demander dans quelles conditions se dérouleront la campagne et les opérations de votes. C’est donc clair qu’avec l’insécurité ambiante en cours, le taux de participation sera des plus faibles. Ce qui veut dire que l’inclusivité recherchée n’en sera pas une. Pour  tout dire,  le Burkina doit faire preuve de clairvoyance. Il doit se donner les moyens de vaincre le terrorisme sous peine de périr.

Il y a lieu que le chef de l’Etat engage au plus vite des concertations

Car, il n’y a pas d’urgence qui prime sur la lutte contre l’insécurité. Il est vrai, on se rappelle, que la révision de la Constitution, a été une promesse de campagne du  président Roch Marc Christian Kaboré, mais au regard de la dégradation de jour en jour du climat sécuritaire, personne ne lui tiendra rigueur de n’avoir pas tenu parole. Du  reste, la Transition ayant sanctuarisé l’article 37, il n’y a pas d’urgence à aller coûte que coûte à une nouvelle  République, tant de nombreux problèmes ont déjà  été résolus. C’est pourquoi, il y a lieu que le chef de l’Etat engage au plus vite des concertations avec l’ensemble de la classe politique, la société civile, les syndicats, les coutumiers et les religieux, pour qu’ensemble, un consensus soit trouvé autour de la voie parlementaire que proposent les uns et les autres pour adopter la nouvelle Constitution. Plus tôt, on le fera, mieux cela vaudra. Car, il faut le dire, si les 10 milliards de CFA prévus pour le référendum constitutionnel,  sont investis dans l’équipement des FDS, il y a fort à parier que les lignes bougeront. Si fait qu’à défaut de porter l’estocade fatale à l’ennemi, on pourra, à tout le moins, réduire sa voilure.

« Le Pays »


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