CAMPAGNE DE DESOBEISSANCE CIVILE EN RDC : Un autre caillou dans le soulier de Kabila
En RD Congo, l’opposition lance une campagne de désobéissance civile. L’initiative émane de la Coalition des Congolais pour la Transition qui entend de ce fait, contraindre le gouvernement à respecter la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et exige la tenue de la présidentielle avant novembre 2016. De quoi troubler le sommeil du président Joseph Kabila qui fait actuellement face à une fronde au sein de la majorité présidentielle. En effet, n’ayant pas obtenu gain de cause lors de l’établissement des listes pour l’élection des gouverneurs dans les nouvelles provinces, des militants mécontents de la coalition au pouvoir, n’ont pas trouvé mieux que de se présenter en candidats indépendants à ces élections, quitte à y affronter leurs camarades retenus sur les listes. Une démarche qui a eu le don de provoquer l’ire des premiers responsables de la majorité présidentielle qui ont introduit un recours auprès de la Commission électorale nationale indépendante, exigeant « le retrait des candidatures des partis politiques et personnalités membres de la majorité présidentielle qui n’ont pas obtenu quitus de leur famille politique pour se présenter à l’élection des gouverneurs dans les nouvelles provinces ». Au-delà de la question de savoir si les mis en cause sont dans leur bon droit, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fronde constitue un autre caillou dans le soulier de Joseph Kabila. Un Kabila constitutionnellement disqualifié pour briguer un troisième mandat mais soupçonné de manœuvrer pour se remettre dans la course et qui fait déjà face à une forte opposition de la part de certains de ses compatriotes. En plus, certains poids lourds de son propre camp, à l’image de l’ex-gouverneur du Katanga, le richissime Moïse Katumbi, ou des partis politiques du G7, ont fait défection pour aller grossir les rangs de l’opposition. Sans oublier l’Eglise catholique qui s’est clairement prononcée contre tout tripatouillage de la Constitution en vue d’ouvrir la voie à un troisième mandat pour Kabila, et les Etats-Unis qui affichent une position tout aussi tranchée sur la question. Pourtant, Dieu seul sait si de sérénité et de soutiens sûrs dans ses rangs, Kabila en a besoin à l’approche de ces grandes échéances électorales. Mais tout porte à croire que l’on est loin de l’union sacrée autour du président congolais. Et que derrière de supposés soutiens, se cachent des ambitions et des intérêts personnels que les uns et les autres voudraient préserver par tous les moyens.
L’Afrique gagnerait à travailler à aller à des primaires au sein des partis politiques
Car, bien souvent en Afrique, et cela n’est pas une spécificité congolaise, la politique est perçue comme un marchepied pour parvenir au sommet de la pyramide sociale et s’y maintenir. Et beaucoup de personnes qui s’y bousculent et dont la fidélité se mesure à l’aune de leurs capacités à préserver leurs avantages matériels, l’utilisent simplement comme fonds de commerce et de surenchère pour se mettre à l’abri du besoin. Ces derniers sont prêts à tourner casaque selon la direction du vent, porté par leurs seuls intérêts œsophagiques et « bas-ventristes ». Toute chose qui pose la question du nomadisme politique et du militantisme sincère dans les partis politiques sous nos tropiques. La plupart du temps, ce militantisme est plus empreint de clientélisme que d’une véritable conviction idéologique. Et les partis politiques en sont conscients. Si bien que la parade, quand vient l’heure des élections avec leur lot de grincements de dents, est de dévoiler le plus tard possible les listes de candidatures dont l’établissement est souvent fait dans le plus grand secret des dieux du parti au détriment de la base. Cela, pour ôter toute possibilité aux mécontents d’aller avec armes et bagages voir ailleurs. Mais, pour un meilleur enracinement de la démocratie, l’Afrique gagnerait à travailler à aller à des primaires au sein des partis politiques pour une saine émulation qui aurait l’avantage de refléter la réalité du terrain. Car, quoi qu’on dise, la base demeure le maillon essentiel du vote, qu’on ignore quelquefois malheureusement.
Pour en revenir à la RDC, rien ne semble donc acquis à l’avance pour le maître de Kinshasa, et Kabila a du souci à se faire car le boulevard qui mène à la prochaine présidentielle est loin d’être totalement dégagé pour lui. Saura-t-il décrypter tous ces signes des temps ? Rien n’est moins sûr.
Outélé KEITA