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CHOMAGE AU BURKINA


Ils sont parfois bardés de diplômes mais, depuis la fin de leur cursus universitaire, ils cherchent désespérément du boulot. Certains d’entre eux ont consacré plusieurs années à arpenter les rues de Ouagadougou et les couloirs des ministères dans l’espoir de décrocher un job mais en vain. Résultats, ils sont dégoûtés par la vie au point qu’ils vivent reclus pour au moins échapper au regard parfois accusateur de la société. Vous l’aurez compris. Il s’agit des chômeurs en général et des diplômés chômeurs en particulier. N’ayons pas peur de le dire : le problème s’apparente à une bombe à retardement. Et sa déflagration se profile, tant les statistiques donnent la chair de poule. Pour des offres cumulées d’emplois dans l’Administration publique de 3000 postes, les postulants sont estimés à plus d’un million de personnes. Et pendant que le nombre de postulants augmente de manière exponentielle au fil des années, l’on note une baisse drastique de l’offre. Il y a péril en la demeure ! Et si l’on n’y prend garde, le Burkina risque de connaître des émeutes de sans-emplois. Dès à présent, il est impératif de tirer la sonnette d’alarme, car les signes annonciateurs du tsunami social sont déjà là. Et c’est le gouvernement que l’on doit interpeller en premier lieu. En effet, trouver un emploi décent pour chaque citoyen est pour l’Etat, un devoir régalien. Or, à l’analyse, on peut aboutir à la conclusion que le gouvernement, face à la question, s’évertue à faire du saupoudrage. Il est vrai, et cela nous le prenons comme un postulat, que l’Administration publique ne peut pas absorber tous les diplômés chômeurs mais, il faut reconnaître que la Fonction publique peut et doit mieux faire en matière d’offres, même s’il faut pour cela, fâcher les institutions de Bretton Woods. Il faut rappeler que ces dernières, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), dictent aux pays qu’ils assistent, les domaines dans lesquels ils sont autorisés à recruter.

Le secteur privé n’est pas suffisamment accompagné par l’Etat pour favoriser le plein-emploi

De manière générale, ces institutions sont très regardantes sur la masse salariale. Bref, de ce point de vue, l’on comprend pourquoi les offres d’emplois dans la Fonction publique se rétrécissent d’année en année comme peau de chagrin. Mais là où le bât blesse davantage, c’est que le gouvernement manque parfois de vision et d’imagination en matière de politique d’emplois. Et les ministères dédiés à la résolution de la problématique donnent l’impression (vraie ou fausse) d’avoir été créés beaucoup plus pour caser des amis politiques que pour prendre à bras-le-corps le problème. En tout cas, l’on peut faire le constat que le ministère en charge de la Jeunesse et de l’emploi est un poste convoité, tant les financements abondent. Au finish, on a parfois l’impression qu’on parle plus qu’on n’agit en matière de créations d’emplois. Le pire est que le secteur privé n’est pas suffisamment accompagné par l’Etat pour favoriser le plein-emploi. Or, tous les spécialistes des questions économiques et de développement sont unanimes à admettre que c’est ce secteur qui crée des emplois. Au Burkina, le privé est pressuré au point que certaines entreprises sont obligées de mettre la clé sous la porte. Sous d’autres cieux, notamment dans les pays développés, les entreprises sont choyées parce que ce sont elles qui tirent les pays vers le haut en termes de créations d’emplois et par voie de conséquence, en termes de contribution au budget de l’Etat. Un président comme Donald Trump a fondé, entre autres, sa popularité sur sa capacité à trouver des emplois pour presque tous les Américains. Au Burkina, non seulement on n’en crée pas assez, mais aussi, on met des bâtons dans les roues des structures qui peuvent en créer. Si l’on ajoute à tout cela, le fait que notre système éducatif est aux antipodes des besoins du marché, l’on peut aboutir à la conclusion que nous sommes en train de danser sur un volcan.

Sidzabda


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