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CHR DE TENKODOGO


Le Centre hospitalier régional (CHR) de Tenkodogo a organisé l’élection du Représentant des travailleurs (RT), le 26 mars 2020. A l’issue des votes, Mathias Guitanga, dont le challenger était Laurent Kounkorgo, a été reconduit avec 53,48% des suffrages exprimés. Une réélection qui passe mal pour certains travailleurs qui comptent la remettre en cause.

C’est dans la salle de réunion du Centre hospitalier universitaire (CHR) de Tenkodogo que l’élection du Représentant des travailleurs (RT) a eu lieu le 26 mars dernier, de 9h à 14h. Les textes prévoient une assemblée générale élective, mais compte tenu du contexte de la maladie à coronavirus, c’est la méthode d’élection simple qui a été adoptée. 301 travailleurs se sont succédé aux urnes en respectant les mesures anti-Covid-19 pour choisir soit Mathias Guitanga soit Laurent Kounkorgo comme leur représentant. Le premier est technologiste biomédical, secrétaire général du SYNTSAH du Boulgou et RT en fin de mandat de 3 ans, car élu le 4 avril 2017. Le second est manipulateur d’Etat en électroradiologie, chef de service de l’Unité de radiologie. De mémoire des anciens du CHR, jamais une élection ou une AG n’a mobilisé autant de travailleurs du CHR qui en compte actuellement près de 400. La mobilisation était de taille, car l’enjeu en valait la peine. Entre Mathias Guitanga, ancien RT qui tient à garder le bâton pour montrer qu’il a la légitimité de représenter les travailleurs et Laurent Kounkorgo qui représente un groupe de travailleurs mécontents voulant le changement, il fallait se prononcer. Et cette élection intervient à n’en pas douter, en temps de crise au CHR où les travailleurs sont divisés. Une crise que le RT sortant, Mathias Guitanga, a expliquée : « Il s’agit d’un certain nombre de travailleurs du CHR qui ont trouvé à un certain moment que je  ne défends plus leurs intérêts. Ils ont commencé d’abord par une pétition pour demander qu’on mette fin au mandat du représentant des travailleurs. Et cela a circulé sur les réseaux sociaux, nous avons suivi de  bout en bout ». Pour lui, les différentes autorités ont fait le travail de médiation et le SYNTSHA a toujours travaillé pour que la crise ne s’approfondisse pas. Le SG du syndicat réfute par ailleurs le reproche qui lui est fait d’être à la fois, RT et SG provincial du SYNTSHA. « Les textes ne l’interdisent pas. Ce qui est juste, c’est que les syndicats réclament même que les candidats soient désignés par les structures syndicales au lieu qu’il y ait des candidatures indépendantes comme on le voit dans le privé », a-t-il justifié. Par conséquent, ajoute-t-il, un secrétaire général d’un syndicat peut être élu représentant des  travailleurs. Et d’ailleurs, il a avancé : « que ce soit au CHR de Tenkodogo ou un peu partout ailleurs, les secrétaires généraux des sous-sections CHR ou des sections sont les représentants des travailleurs au CHR ».

Cette lecture n’est pas partagée par Laurent Kounkorgo qui représente les travailleurs mécontents.

« C’est un problème d’individu ; ce n’est pas le poste qui pose problème. Il n’a pas été le seul, il n’est pas le premier, mais depuis son arrivée à ce poste, on a tout vu. Ce sont des règlements de comptes. Malheureusement pour les gens et le personnel, il porte une double casquette », a-t-il expliqué. Pour Laurent Kounkorgo et ses camarades, le fait d’être en même temps le SG  d’une structure syndicale et représentant des travailleurs, pose problème. La preuve, dit-il, « est que si tu arrives pour un problème, l’administration te dit d’aller voir le syndicat. A ce moment, Guitanga porte sa casquette syndicale, pas celle de RT. Tantôt on l’appelle représentant des travailleurs, tantôt on l’appelle SG ». Au vu de la situation, les frondeurs disent avoir mené des actions d’interpellation en demandant au syndicat de faire la scission pour que les choses soient transparentes. « Nous estimons qu’il n’est pas le seul. Il y a des militants qui peuvent être RT et lui SG ou vice-versa. Mais il a refusé cette proposition et préfère faire le cumul », a martelé Laurent Kounkorgo.  Selon lui, la gestion des élections du 26 mars est une autre preuve d’imposition, car il a été surpris de voir que sa candidature a été retenue. « Quand on relit certains articles du statut particulier qui régit les CHR, il y a un qui dit que lorsque le représentant des travailleurs ou tout administrateur siégeant au Conseil d’administration est désavoué ou venait à perdre son mandat pour quelque raison que ce soit, on procède à son remplacement dans des conditions données », a-t-il souligné. Il a ajouté que la situation liée aux mesures anti-Covid-19 n’a pas permis d’aller en assemblée générale comme il le fallait, pour recueillir les candidatures, lire les articles et lancer les élections.  Pour ces raisons, le groupe des mécontents a décidé d’adresser une lettre de protestation au directeur général pour qu’il puisse la joindre à son procès-verbal d’élection. Ce groupe estime qu’après l’élection, la crise est repartie de plus belle, car le fossé s’est creusé davantage.  « Au nouveau RT, je lui dis qu’il a été élu pour l’ensemble des travailleurs et non pour les 53% qui l’ont voté. S’il se met dans la tête que c’est pour les 53%, nous lui disons que nous ne voulons pas de lui. Je demande à ce qu’il œuvre à la cohésion au sein des travailleurs, cultive la solidarité, l’entente et l’esprit du groupe entre les travailleurs de l’hôpital », a conseillé le directeur général du CHR de Tenkodogo, Ousmane Néré, au RT réélu. Le RT réélu, Mathias Guitanga, a, quant à lui, lancé l’appel suivant à l’endroit de son challenger: « J’appelle ceux qui n’ont pas été élus que ce n’est pas la fin du monde. On est ensemble au CHR, on va travailler ensemble car l’essentiel c’est d’offrir des soins de qualité à la population ». Pour lui, il a été reconduit pour un mandat de 3 ans et compte, au cours de ces 3 années, travailler à ce que le climat soit davantage apaisé au sein du CHR.

Mahamadi NONKANE
(Correspondant)


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