HomeA la uneCOMMEMORATION DU 3 JANVIER 1966 PAR L’UAS : Sous le signe de l’éveil des consciences

COMMEMORATION DU 3 JANVIER 1966 PAR L’UAS : Sous le signe de l’éveil des consciences


 

 

L’Unité d’action syndicale (UAS) a commémoré à la Bourse du travail de Ouagadougou, hier 3 janvier 2018, le soulèvement populaire du 3 janvier 1966 par un panel commémoratif sur « l’historique du 3 janvier 1966 et les atteintes à la liberté syndicale », au profit des travailleurs et militants syndicalistes sortis massivement pour la circonstance. Des panélistes comme Blaise Augustin Hien, Olivier Guy Ouédraogo et Bassolma Bazié ont animé les débats à l’occasion.

 

L’Unité d’action syndicale a tenu un  panel commémoratif pour l’éveil des consciences sur le fait que seuls l’engagement et la détermination paient, selon le SG de la CNTB, Blaise Augustin Hien. Les travailleurs croupissaient sous le poids des difficultés avec un faible pouvoir d’achat  que le président en son temps voulait réduire, a-t-il rappelé, allant jusqu’à empêcher les travailleurs de s’exprimer. Il a indiqué que le pouvoir en place fait dans le dilatoire et taxe les organisations syndicales de subversives et  affiliées à des partis politiques, au lieu de créer les conditions véritables d’un dialogue social. Les syndicalistes luttent pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et partant, pour le développement du pays, alors que par endroits, ils n’ont pas la possibilité de s’exprimer librement, a-t-il déploré. Il en veut pour preuves l’exemple de certaines entreprises privées où la moindre revendication de droits ou le fait de se syndiquer est source de renvoi ou du non- renouvellement du contrat de travail en fin de contrat. De par le passé, les syndicalistes ont consenti d’énormes efforts pour permettre au pays d’émerger. Il ne comprend donc pas pourquoi aujourd’hui, le pouvoir ne discute pas franchement avec les syndicats pour une issue globale aux problèmes posés. La création du Haut conseil pour le dialogue social est une revendication du mouvement syndical qui  attendait sa mise en place depuis la Transition, a rappelé le syndicaliste Hien. Il attend donc ce qu’il en adviendra. Juste Koumara Logobana, SG du syndicat des travailleurs de l’Action sociale, a  souligné que le mouvement syndical a toujours pris une position qui n’a pas varié vis-à-vis de l’ancrage démocratique et de la promotion des libertés. Il a rappelé à cet effet la grève syndicale des 17 et 18 décembre 1978 qui a barré la route à la mise en place du parti unique dans notre pays et la résistance au putsch manqué de septembre 2015.  De son point de vue,  certains Burkinabè doivent se départir de la mémoire sélective tendant à soustraire le mouvement syndical du combat pour la liberté et la démocratie, quand il s’agit de défendre des positions politiciennes. Personne ne saurait occulter l’apport du mouvement syndical dans l’ancrage de la démocratie dans notre pays. Raison pour laquelle  il a salué la tenue du panel commémoratif qui permet de se rappeler à soi-même et de rappeler à la mémoire collective, la place occupée et le rôle joué par le mouvement syndical dans l’avancée des libertés et dans l’ancrage de la démocratie.

Quant à Bassolma Bazié, Secrétaire général de la CGT-B, les syndicalistes sont restés sur leur faim, en ce sens que le message présidentiel de fin d’année adressé à la Nation, dans sa partie sociale, se résume, à son avis, non seulement à des revendications des fonctionnaires et pire, à des questions de revendications portées sur les salaires. Pour lui, cela  montre que le président du Faso ignore les conditions de vie du peuple burkinabè. Le côté social ne porte pas seulement sur des questions de fonctionnaires, en ce sens que, a-t-il rappelé, le mouvement syndical a exigé, entre autres, la création d’un fichier informatique unique sur les lotissements, que les terres accaparées des mains des paysans soient récupérées, la réouverture des gares ferroviaires  de Ouagadougou à la frontière ivoirienne, le mandatement des enseignants recrutés dont l’un d’eux est tombé sous les balles assassines des terroristes au Nord sans avoir perçu un salaire, l’offre de moyens conséquents aux structures techniques qui contrôlent la qualité des produits pour éviter que les populations ne soient pas empoisonnées.  Il a rappelé qu’en 2008, après le discours du Premier ministre Tertius Zongo, Roch Marc Christian Kaboré qui était président de l’Assemblée nationale, avait confié, à l’examen des plaintes des populations, qu’il croyait que la baguette de pain dépassait 1 000 F CFA. Ce qui, selon le syndicaliste, prouve que Roch Marc Christian Kaboré ne connaît pas la vie des Burkinabè. Autre rappel des propos de l’ex-président de l’Assemblée nationale aujourd’hui président du Faso : l’article 37 de la Constitution, en l’état, était anticonstitutionnel.  Ça devrait de ce fait être modifié pour sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels, à entendre Bassolma Bazié. Quatre ans après, à la Place de la Nation, Roch Marc Christian Kaboré s’est excusé et a confié devant des Burkinabè qu’il s’était trompé, a ajouté le syndicaliste Bazié. Rien ne prouve, dit-il, que dans 2 ans, l’actuel Président du Faso ne dira pas encore qu’il s’est trompé, a-t-il ironisé.

Le Burkina manque de gouvernance vertueuse

 

Pour lui, le Burkina ne manque pas de ressources, mais de gouvernance vertueuse. Il rappelle à l’envi que la Présidence du Faso a été épinglée par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat pour malversation de carburant. Pareil pour le ministère des Finances, pour l’Assemblée nationale avec 135 missions sans justificatifs, une loi votée en mai 2017 sous l’instigation de Salifou Diallo et effaçant des dizaines d’années de malversations financières, selon lui.  Il y a 11 mines d’exploitation industrielle sans impact réel sur la vie des populations, a-t-il déploré. Des ministres perçoivent des émoluments énormes sur la base du décret présidentiel d’avril 2008, et certains seraient des oiseaux rares parce qu’ils percevraient des salaires au-delà de ce que la législation permet au Burkina. Le préambule de la Constitution de juin 1991 a prévu que « tous les Burkinabè naissent égaux en droits et en devoirs ». Les travailleurs ne revendiquent pas pour révendiquer, en ce sens que l’article 20 de la Constitution stipule que le président du Faso doit s’atteler à l’amélioration continue des conditions de vie des travailleurs. Il ne faut pas méconnaître les conditions de vie des travailleurs et chercher une confrontation sociale inacceptable. L’UAS, par la voix de Bassolma Bazié, invite les Burkinabè à l’union sacrée, à combattre tout germe de division sociale et à faire en sorte que les acquis démocratiques, les libertés et l’intégrité  soient fermement défendus.

Faut-il craindre le risque d’une année blanche ? Pour Guy Olivier Ouédraogo, les Burkinabè sont intelligents et très responsables. Ils se sont fixé des lignes rouges imaginaires qu’ils hésitent à franchir, à l’entendre. Un peuple très réaliste, qui a de la retenue et qui privilégie l’intérêt supérieur de la Nation, selon lui,  raison pour laquelle, à certains moments, tout le monde  craint pour l’avenir du pays, mais les choses s’équilibrent et avancent. Si cet esprit de  ligne rouge demeure chez tous les Burkinabè, il n’y aura pas d’année blanche au Burkina, foi du syndicaliste Guy Olivier Ouédraogo. Gouvernement comme syndicat devraient faire des concessions nécessaires pour éviter une année blanche, selon lui.

Lonsani SANOGO

 


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