HomeA la uneCONDAMNATION DE JEAN-PIERRE BEMBA POUR SUBORNATION DE TEMOINS : La descente aux enfers se poursuit

CONDAMNATION DE JEAN-PIERRE BEMBA POUR SUBORNATION DE TEMOINS : La descente aux enfers se poursuit


 

La descente aux enfers se poursuit pour Jean-Pierre Bemba. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, déjà condamné à 18 ans de prison ferme pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) vient d’écoper d’un an de prison supplémentaire pour subornation de témoins. Au lieu donc de 18, c’est finalement 19 ans au total que purgera celui-là dont la milice est accusée d’avoir commis de terribles exactions sur les civils en Centrafrique, entre 2002 et 2003. En octobre dernier, les juges de la Cour pénale internationale (CPI) avaient annoncé la couleur en déclarant ceci : « Aucun système légal au monde ne peut accepter que des témoins soient incités à mentir ». Dès lors, on comprend pourquoi le procureur avait requis huit ans de détention supplémentaire pour Bemba. Mais le tribunal en a décidé autrement et a lancé ceci au prévenu : « la chambre considère nécessaire de dissuader et de décourager ce genre de comportement. Considérant votre culpabilité et votre solvabilité, la chambre vous condamne à une amende de 300 000 euros. Cette amende devra être payée dans les trois mois qui suivent cette décision. Et la chambre ordonne que cette somme soit ensuite transmise au fonds pour les victimes ». En tout cas, tous ceux qui souhaitaient voir l’ex-seigneur de guerre congolais rendre gorge, peuvent aujourd’hui pavoiser.

La double condamnation de Bemba n’est que justice

Les carottes sont cuites pour Bemba, tant et si bien qu’il est difficile d’imaginer pour lui un avenir politique en RDC. C’est le sort réservé à tous ceux qui, parce qu’ils sont les  plus forts du moment, s’arrogent le droit de vie et de mort sur les autres. C’est le cas,  mutatis mutandi, de Hissène Habré du Tchad et de Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire qui,  chacun à son actif, totalise des dizaines de milliers de cadavres. C’est pourquoi la double condamnation de Bemba n’est que justice. Car, même si ses victimes ne sont plus de ce monde, leurs proches en auront le cœur soulagé. Cela dit, on en est à s’interroger sur l’attitude de la CPI qui vient de condamner Jean-Pierre Bemba pour subornation de témoins et qui, on ne sait  pour quelle raison, a abandonné les poursuites contre le président kényan, Uhuru Kenyatta, et son vice-président pour violences postélectorales. Pourquoi ce deux poids deux mesures, alors même que de sérieux doutes pesaient sur la procédure concernant justement des pressions  exercées sur des témoins. A défaut de preuves suffisantes permettant d’établir la responsabilité du régime kényan dans les violences commises, on s’attendait à tout le moins que la Cour engage une autre procédure contre Uhuru Kenyatta et son acolyte, pour subornation de témoins. Pourquoi alors, a-t-on passé par pertes et profits tous ces milliers de Kényans qui ont été injustement trucidés, comme s’ils l’ont été des suites d’une catastrophe naturelle.  Jean de la Fontaine avait donc raison quand il disait ceci : « selon que vous êtes riche ou pauvre, les jugements de  Cour vous rendront blanc ou noir ».

B.O


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