HomeBaromètreCONFLITS ENTRE POPULATIONS ET SOCIETES MINIERES : « L’Etat et les sociétés minières responsables » selon L’ONG ORCADE

CONFLITS ENTRE POPULATIONS ET SOCIETES MINIERES : « L’Etat et les sociétés minières responsables » selon L’ONG ORCADE


L’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE) a réalisé une enquête/sondage sur la cohabitation entre les communautés des sites miniers et les entreprises minières au Burkina. L’objectif de cette initiative était de comprendre les causes des rapports conflictuels qui existent généralement entre les populations qui accueillent les sites miniers et les sociétés d’exploitation. La présentation de cette enquête réalisée en 2016, a eu lieu le 28 avril 2017 à Ouagadougou, en présence des représentants de sociétés minières, des responsables de l’Administration, des autorités des services déconcentrés et des partenaires techniques et financiers.

 

L’acrimonie entre les populations qui accueillent les sites miniers et les sociétés d’exploitation a été suffisamment prouvée. Sauf quelques rares et introuvables exceptions, l’installation des sites miniers s’est toujours accompagnée d’un refus catégorique des populations. C’est donc au forceps que ces industries arrivent à s’installer avec l’usage de la force publique. S’engage alors un rapport de méfiance, voire même de défiance, entre les deux parties. Pour l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE), cette situation n’a que trop duré. La récurrence de ces conflits qui contraste avec la politique de développement du secteur minier que veut imprimer l’Etat nécessite, « des réflexions et la recherche en vue d’entreprendre des actions qui contribueront à une exploitation apaisée des ressources minières », selon son premier responsable, Jonas Hien. C’est dans cette optique qu’il faut situer le rapport d’enquête/sondage sur la cohabitation entre les communautés des sites miniers et les entreprises minières, réalisée par ORCADE.  Concrètement, ORCADE dit vouloir appréhender la perception des acteurs du secteur minier au niveau local sur les mines industrielles. Elle entendait mesurer la qualité de cohabitation entre les communautés et les projets miniers. Il s’agissait aussi de chercher à connaître les causes des situations conflictuelles sur les sites miniers. « Enfin, nous voulions, à travers ce rapport apprécier le processus d’implantation des projets miniers et le niveau d’adhésion des populations à ces projets », a souligné Jonas Hien. L’enquête, qui a été réalisée en août 2016, s’est déroulée dans neuf communes abritant sept sites miniers. Les communes couvertes sont celles de Yalgo (site de Taparko), Gorom-Gorom (site d’Essakane, Sabcé et Mané (site de Bissa Gold), Kalsaka et Séguénéga (site Kalsaka mining), Namissiguima (site True Gold), Tongomayel (site Inata) et Zabré (site de Youga). Ce sont les responsables traditionnels, coutumiers et religieux, les jeunes, les femmes, les hommes, les élus locaux et les responsables des structures déconcentrées de l’Etat qui ont répondu aux questions des enquêteurs. Au total, 417 personnes ont été enquêtées.

 

L’Etat, premier responsable du conflit

A l’issue de l’enquête, ORCADE dit être parvenue à des conclusions qui pointent un doigt accusateur sur la responsabilité de l’Etat et des sites miniers dans l’apparition des conflits entre les populations et les sociétés minières. « En effet, sur tous les sites concernés par l’enquête, l’on relève que l’Etat n’a fait aucun travail conséquent de préparation des populations à accepter l’implantation des projets miniers », a noté Jonas Hien. Pour lui, les consultations préalables des populations qui ont été conduites, pour la plupart, par des bureaux d’études ne sauraient remplacer le rôle de l’Etat qui est le garant de l’avenir des citoyens. Toujours selon lui, l’Etat n’a pas non plus commis de façon expresse les structures déconcentrées pour jouer ce rôle. Résultat : les représentants du gouvernement sont totalement dépourvus d’informations sur les projets miniers implantés dans leurs territoires de commandement. Ces derniers ont relevé dans l’enquête, le mépris de la plupart des sociétés à leur égard, et préfèrent traiter directement avec l’autorité centrale. Elles ne s’intéressent à eux que quand vient le moment des conflits.

L’enquête a également relaté le fait que la provenance des entreprises minières, les engagements qu’elles ont avec l’Etat burkinabè, les limites des périmètres qui leur sont octroyées, ne sont pas connus des autorités locales et des populations. Cet état de fait, selon ORCADE, est à la base de nombreux conflits entre les orpailleurs et les sociétés minières dont les premiers sont toujours contraints, par la force, d’abandonner leur gagne-pain. « Le manque de considération de la part des projets miniers, le manque d’information, de communication et le recours à la répression par l’usage abusif des forces de sécurité, ont été les facteurs d’entretien des conflits sur certains sites », selon Jonas Hien. En tous cas, pour ORCADE, l’Etat central a beaucoup failli à son rôle de protection et de défense des intérêts de ses citoyens. L’ONG interpelle les OSC à interpeller l’Etat central, à proposer des solutions concrètes de survie des populations qui souffrent de la disparition de leurs terres et des traitements inhumains de la part des populations. Toutefois, l’application du nouveau Code minier, espère Jonas Hien, viendra rétablir l’image de l’Etat et réduire considérablement les situations de conflits.

Présents à la présentation du rapport, les représentants des sociétés minières n’ont pas manqué de dénoncer un rapport à sens unique, car n’ayant pas été consultés, et des conclusions bâties sur des perceptions. ORCADE, dans sa réponse, explique qu’il appartient à ces sociétés de travailler à démentir ces perceptions. Concernant le deuxième grief, elle rassure les sociétés minières d’une enquête très prochaine afin de leur donner la parole pour leur permettre de répondre aux questions soulevées par la présente enquête.  

 

Ousmane TIENDREBEOGO

(Collaborateur)

 

 


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