HomeA la uneCONVOCATION DE MOISE KATUMBI : Kabila franchira-t-il le Rubicon ?

CONVOCATION DE MOISE KATUMBI : Kabila franchira-t-il le Rubicon ?


Moïse Katumbi, le désormais candidat à la présidentielle congolaise, qui donne des insomnies au président Joseph Kabila, a répondu, hier, 9 mai, à la convocation du procureur général de Lubumbashi. C’était dans une ambiance des grands jours puisque l’ex-gouverneur du Katanga était accompagné d’une foule compacte de militants et sympathisants qui entonnaient des chants à la gloire de leur mentor. A l’issue de l’audition, l’homme d’affaires congolais a regagné son domicile. Il n’a pas été inculpé, même si le procureur général précise que l’audition n’est pas achevée. Elle reprend le 11 mai prochain. On attend de voir. Cela dit, l’affaire Katumbi, comme il convient de l’appeler désormais, n’est ni plus ni moins qu’une « manœuvre d’intimidations et un acharnement judiciaire motivé par des considérations politiques », pour reprendre les termes de Human Rights Watch. Car tant que l’homme faisait l’affaire du pouvoir congolais, il n’y avait rien à redire, quelles qu’aient été les casseroles qu’il traînait. Et c’est peu dire. Mais il a fallu seulement que l’ex-gouverneur manifeste son intention de briguer la magistrature suprême pour que Kabila et ses sbires, visiblement  en manque d’inspiration, commencent à crier haro sur le baudet. C’est du déjà vu en Afrique.

 

A force de s’acharner sur Katumbi, Kabila finira par en faire un héros

C’est la stratégie bien connue des dictateurs ; eux qui,  faut-il le rappeler, ne supportent pas la contestation. On a encore en mémoire les déboires du candidat malheureux, Jean-Marie Mokoko de l’autre côté du fleuve, qui, pour avoir dit non au satrape, en aura vu des vertes et des pas mures. N’ayant certainement pas trouvé de quoi fouetter un chat, le maître de Brazzaville, Sassou Nguesso, avait aussi poussé le ridicule jusqu’à l’extrême en allant exhumer une affaire vieille de dix ans contre son ancien chef d’état-major général. « Qui veut tuer son chien l’accuse de rage », dit un adage bien connu. Il en est de même pour Joseph Kabila qui, manifestement à court d’argument, n’a pas mieux trouvé que d’accuser Moïse Katumbi d’avoir recruté des mercenaires ; encore que cela a été vite démenti par l’ambassade américaine à Kinshasa.

En tout cas, à force de s’acharner sur le « pauvre » Katumbi, Kabila finira, à son corps défendant, par le rendre sympathique. Mieux, il risque même d’en faire un héros ; en témoigne cette mobilisation extraordinaire qu’a suscitée la simple convocation de Katumbi. C’est dire que le risque d’une guerre civile est grand en  RDC, si Kabila en venait à franchir la ligne rouge en jetant Katumbi en prison. A moins que ce ne soit cela l’objectif recherché : créer une situation de pourrissement afin d’obtenir un glissement du calendrier électoral très contesté.

 

B.O.


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