HomeA la uneCOP 21: Mettre fin à cette grande hypocrisie

COP 21: Mettre fin à cette grande hypocrisie


 

Aujourd’hui lundi 30 novembre 2015 s’ouvre à Paris, un sommet consacré à l’environnement. L’on peut d’abord observer que pendant longtemps, le monde avait accordé peu d’intérêt à cette problématique et ce, malgré les interpellations et les coups de semonce des premiers partis et associations écologiques. Si bien que les animateurs de ces structures, au départ, étaient perçus dans bien des pays comme des rêveurs voire des gens qui avaient perdu le Nord. Mais, progressivement, la nécessité impérieuse de sauver la terre du désastre dont le premier responsable est l’Homme, est en passe de devenir une préoccupation planétaire majeure.

Le monde n’a pas véritablement changé de posture relativement à son rapport à la terre

C’est pourquoi cette lutte est portée par l’organisation des Nations unies qui lui consacre annuellement une conférence. Celle de Paris est la 21e du genre. Ce grand sommet sur la terre qui se tient sur les bords de la Seine, en plus du fait qu’il a une résonance particulière au regard des attaques terroristes meurtrières que la France vient de subir et dont l’onde de choc n’est pas encore retombée, doit impérativement prendre des mesures fortes et significatives de nature à donner tort à tous ceux qui pensent que les COP se suivent et se rejoignent toutes sur le fait qu’elles sont inopérantes. Et ils n’ont pas tort. En effet, il suffit de faire le bilan des 20 conférences qui ont précédé celle de Paris, pour se rendre compte que le monde n’a pas véritablement changé de posture relativement à son rapport à la terre. L’on peut même dire que les choses ont empiré au fil de ces COP. La conférence de Paris doit donc être l’occasion de faire le bilan critique des éditions précédentes et de poser les vraies questions afin de leur trouver de bonnes réponses susceptibles de résoudre la problématique du réchauffement climatique. Une de ces vraies questions est de savoir quels sont les pays auxquels l’on peut imputer cette tragédie et quels sont les actes qu’ils doivent poser ici et maintenant pour sauver la terre, ce patrimoine commun de toute l’humanité. La réponse à la première question est connue depuis fort longtemps. Les pollueurs impénitents devant l’Eternel sont les grandes usines du monde, c’est-à-dire, la Chine, les Etats-Unis, l’Europe. Leur part contributive au réchauffement climatique donne simplement des vertiges. Les autres parties du monde, notamment l’Afrique, sont en réalité les victimes collatérales des mauvais choix de ceux-là en matière de gouvernance de la terre. Et ces choix qui conduisent inexorablement le monde à la catastrophe écologique, devraient les amener à se poser des questions au double plan moral et économique. Au plan moral, ils doivent se poser la question de savoir s’ils ont le droit de faire régler par les autres, l’addition des atteintes graves qu’ils portent à la planète pour soutenir leur développement et garantir leur qualité de vie.  Absolument, non. Cela est d’autant plus inacceptable que les autres, à force de payer cette addition qui se décline en termes d’assèchement de leurs cours d’eau, d’inondations et d’avancée du désert, souffrent énormément. Au plan économique, les grands agents de la pollution de la terre doivent se rendre à l’évidence que tout ne se ramène pas au capital et à la recherche exclusive du profit. Car, c’est cette vision économique qui brouille la vue des grands pollueurs et les rend incapables de prendre la pleine mesure des dégâts qu’ils causent à l’ensemble de l’humanité. C’est cela également qui fait qu’au plan domestique, les pollueurs perçoivent difficilement les cris de détresse de leurs propres populations.

Les Africains donnent toujours l’impression que ce sont les autres qui vont venir faire leur bonheur à leur place

Il se pose alors la question principale de savoir si les grands pollueurs sont prêts à revoir les choses de fond en comble à leur niveau pour sauver la terre. On peut y répondre par la négative. Car, cela passe d’abord par une réorientation de leur système politique et économique. Il est de notoriété publique que le choix du capitalisme les rend otages des multinationales et des lobbies du pétrole. Et ces derniers, de toute évidence, n’ont pas intérêt à ce que l’option de l’énergie verte prenne le pas sur les énergies fossiles dont on sait les effets dévastateurs sur la terre. De ce point de vue, l’on peut se risquer à dire que les COP sont les lieux de manifestation de grandes hypocrisies conçues juste par les décideurs de ce monde pour se donner bonne conscience. En attendant qu’ils rompent avec cette vaste comédie qui, invariablement, répète la même chose chaque année, l’Afrique doit se convaincre déjà que ce ne sont pas les miettes qu’on lui jette à la face à l’occasion de chaque COP sous forme de fonds verts, qui peuvent véritablement la guérir des effets du dérèglement climatique. Tant qu’elle ne va pas sortir de la logique du tout pétrole et de son obsession à calquer son développement sur celui de l’Occident, l’on peut parier qu’elle ne verra jamais le bout du tunnel. Et pour aller dans le sens de l’énergie propre, l’Afrique peut compter sur un allié de taille, la nature. Le problème est que les Africains donnent toujours l’impression que ce sont les autres qui vont venir faire leur bonheur à leur place. De manière générale, l’on est fondé à croire que la résolution véritable de la problématique du réchauffement climatique et de ses conséquences, n’est pas une vraie préoccupation des dirigeants, qu’ils soient du Nord comme du Sud. Les sociétés civiles doivent prendre conscience de cette réalité et se donner la main à l’échelle de la planète pour véritablement contribuer à inverser les tendances.

« Le Pays »

 


Comments
  • Très belle analyse. Ce COP ne sera qu’une vaste comédie de plus. Ils vont se réunir et festoyer pour après mettre les conclusions aux oubliettes jusqu’à la veille de la prochaine COP. Pendant ce temps la terre cnontinuera à se rechauffer. Et tant pis pour les générations futures à qui ils vont léguer cette terre.

    30 novembre 2015

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