HomeA la uneCOP21 ; 2 MILLIARDS D’EUROS DE LA FRANCE A L’AFRIQUE :  Paris tiendra-t-elle sa promesse ?

COP21 ; 2 MILLIARDS D’EUROS DE LA FRANCE A L’AFRIQUE :  Paris tiendra-t-elle sa promesse ?


 

La partie du monde la plus touchée par les effets de la gestion catastrophique de la planète est le continent noir. Et cela se traduit sous les yeux de tout le monde en termes de désertification, d’appauvrissement des sols, d’assèchements des fleuves, d’inondations et de dérèglement du régime des pluies avec de longues périodes de sècheresse. L’Afrique paie donc un lourd tribut au réchauffement climatique alors qu’elle n’est pas responsable. Ce sont plutôt les grands pollueurs, qui, pour les besoins de leur développement, ne se posent aucune limite dans l’émission des gaz à effet de serre, qui en portent l’entière responsabilité. Il y a là une véritable injustice que ceux-ci se doivent de réparer dans l’urgence pour ne pas avoir sur la conscience le naufrage écologique collectif programmé de tout un continent.

L’Afrique doit une fière chandelle à l’actuel locataire de l’Elysée

C’est donc à juste titre que l’hôte de la COP 21, François Hollande, estime « qu’il y a une dette écologique que le monde doit régler à l’égard du continent africain ». Et cette dette écologique est avant tout morale. Il faut donc la payer ici et maintenant parce que cela est un impératif catégorique pour reprendre l’expression du philosophe Emmanuel Kant. La France semble disposée à le faire. En effet, François Hollande ne s’est pas contenté seulement de mots pathétiques pour se lamenter sur le sort des Africains. Il a surtout annoncé que Paris crachera au bassinet « 2 milliards d’Euros en faveur des énergies renouvelables d’ici 2020 ». Ainsi donc, la patrie des droits de l’Homme veut s’acquitter de sa part de dette. Cette promesse a été faite en marge de la COP 21 devant une douzaine de dirigeants africains qui ne se sont pas fait prier pour accourir sur les bords de la Seine pour crier légitimement leur exaspération. Paris tiendra-t-elle cette belle promesse ? Peut-on s’interroger. L’on peut être tenté de répondre par l’affirmative. Car François Hollande donne l’impression de marcher sur les traces de réparateurs des torts écologiques faits aux Africains, entamées notamment par Jacques Chirac. L’on se souvient que ce dernier, quand il était aux affaires, avait soutenu le projet de prélever une taxe écologique sur les billets d’avion. Cette idée, malheureusement, n’avait pas été suivie d’effets. L’on peut espérer que cette fois-ci, François Hollande traduira en actes concrets sa promesse. Dans cette hypothèse, l’Afrique doit une fière chandelle à l’actuel locataire de l’Elysée et le rôle de leadership que la France est en train de jouer en matière de gestion raisonnée de la planète, s’en trouve du coup consacré. En attendant, l’on peut déjà saluer à sa juste valeur cette belle annonce de la France. Car, elle intervient à un moment où l’Afrique fait face à une mort écologique certaine si le monde ne se décide pas enfin à répondre de manière significative et concrète à ses cris répétés de détresse. L’aide que compte lui apporter la France dans la promotion des énergies renouvelables est d’autant plus précieuse et opportune que les énergies d’origine fossile, en plus de leurs effets dévastateurs sur l’environnement, ont atteint leurs limites en Afrique.

Il revient aux autres pollueurs de prendre leurs responsabilités

En effet, presque toutes les centrales thermiques en service sous nos tropiques ont atteint un tel niveau de vétusté et d’essoufflement qu’elles sont aujourd’hui dans l’incapacité chronique de répondre à la demande légitime des populations en matière d’énergie. C’est cette triste réalité qui explique le fait que l’électricité est une denrée rare  en Afrique, en ce début du 21e siècle. La meilleure image de cette réalité qui rappelle celle de l’Europe pré-industrielle est que bien des capitales africaines aujourd’hui, dès la nuit tombée, barbotent dans l’obscurité, faute d’électricité. La France a donc mis le doigt sur la plaie. Du coup, elle fera par son geste d’une pierre deux coups, c’est-à-dire promouvoir d’une part les énergies renouvelables et d’autre part rendre l’énergie disponible aux Africains. Et cet investissement, une fois réalisé, a des chances d’ouvrir la voie d’un développement durable à l’Afrique qui, on le sait, est pratiquement le continent qui recèle le plus de potentialités dans le domaine des énergies vertes. Il suffit de l’aider à les exploiter pour les mettre au service de l’épanouissement des populations. Ce faisant, c’est toute l’humanité qui gagnerait. A ce rôle de leadership que joue, à son corps défendant, la France dans le domaine de la protection de la terre nourricière, l’on peut ajouter le rôle de premier plan qu’elle joue actuellement aussi pour faire barrage au péril djihadiste en Afrique et ailleurs dans le monde. Cela dit, la France semble avoir ouvert la voie à un sursaut de solidarité vis-à-vis de l’Afrique qui, aujourd’hui, est en train de porter le fardeau des actes désastreux posés par les pollueurs de l’environnement. Il revient aux autres pollueurs dont l’émission de gaz à effet de serre est de loin supérieure à celle de la France de prendre leurs responsabilités. La Chine et les Etats Unis, pour ne pas les nommer, se doivent de payer leur part de la dette écologique qu’ils doivent à l’Afrique. Et cette part doit être à la hauteur du préjudice qu’ils font subir à tout un continent dont les fils et les filles, par vagues successives, sont obligés de fuir leur pays pour rallier l’Europe où ils espèrent une meilleure vie. Et dans cette fuite éperdue contre la famine et la mort, la Méditerranée représente le moindre risque à leurs yeux.

« Le Pays »


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