HomeA la uneCOTE D’IVOIRE : Le FPI survivra-t-il à sa propre crise ?

COTE D’IVOIRE : Le FPI survivra-t-il à sa propre crise ?


Le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, va finalement laver son linge sale sur la place publique. En effet, après Affi N’Guessan, le président sortant, qui avait saisi la Justice ivoirienne aux fins de reporter le congrès du parti initialement prévu du jeudi 11 au dimanche 14 décembre dernier, le secrétaire général du parti, Michel Sery Gouagnon, vient à son tour de saisir la Justice pour demander la levée du report du congrès du parti. A moins d’un an de la présidentielle en Côte d’Ivoire, les leaders de ce parti n’ont pas encore réussi à accorder leurs violons sur le choix de celui qui défendra les couleurs du FPI face à Alassane Dramane Ouattara (ADO), le chef de l’Etat sortant, et candidat pour un second bail au palais de Cocody. Pour Affi N’Guessan, la candidature de Laurent Gbagbo à la présidence du parti manque totalement de bon sens, et il faut en tirer toutes les conséquences avant qu’une nouvelle date ne soit arrêtée pour la tenue du congrès. Incapables donc de parler d’une même voix, les héritiers de l’enfant terrible de Mama sont obligés de s’en remettre à la Justice. Les partisans de Affi N’Guessan estiment que ceux qui soutiennent la candidature de Laurent Gbagbo sont de mauvaise foi, car une candidature de l’ex-président est tout simplement irrecevable, du fait même de son statut de prisonnier et de l’impossibilité pour lui de résider sur le sol ivoirien pendant la période électorale. Un argument que le camp de Gbagbo balaie du revers de la main, alléguant que le père-fondateur du FPI demeure la seule personne à même de mener le parti à la victoire de 2015. Stratégie bien ficelée, utopie politique ou réaction grégaire de quelques leaders frustrés par le sort de leur mentor ? C’est la question que l’on se pose sur les bords de la lagune Ebrié. Et on peut convenir que s’il est trop tôt pour dire jusqu’où cette guerre fratricide mènera le parti, on peut néanmoins émettre de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir politique du FPI.  Survivra-t-il vraiment à cette crise interne ? Ce qui est sûr, c’est que cette guéguerre ne laissera pas le parti sans séquelles.

Laurent Gbagbo aurait dû user de son influence pour mettre fin à cette bataille de chiffonniers

Quelques acteurs de la scène politique ivoirienne n’hésitent d’ailleurs pas à évoquer déjà la mort annoncée de ce premier parti d’opposition de la Côte d’Ivoire. Une hypothèse sans doute trop pessimiste, mais qui traduit la profondeur de la crise qui secoue ce parti. Si cette crise devait perdurer, elle ne ferait que le bonheur du parti au pouvoir et on imagine bien que ADO se frotte déjà les mains. Cette crise pourrait en effet emporter le FPI, si ses leaders ne mettent pas immédiatement fin à leur guerre des ego pour privilégier le dialogue et la recherche du consensus, dans l’intérêt du parti. Il y a à ce sujet, beaucoup de frustrations que les uns et les autres devraient surpasser afin de regarder ensemble dans la même direction. Et Laurent Gbagbo, en tant que fondateur du FPI, aurait dû, depuis sa cellule à la Haye, user de son influence et de l’autorité qui lui reste, pour mettre fin à cette bataille de chiffonniers à laquelle se livrent ses héritiers. A moins que leurs intentions, à lui et ses partisans, soient de parvenir à un boycott de la présidentielle de 2015. En effet, effrayés par les succès économiques de ADO, et l’implantation de son parti dans toute la Côte d’Ivoire, Gbagbo et ses partisans pourraient avoir choisi de ne pas aller à des élections qui seraient pour eux une façon de légitimer la victoire de leur ennemi juré. Si tel est le cas, on dira que c’est de bonne guerre certes, mais c’est une guerre qui est loin d’être honnête, car elle ne tient pas compte des aspirations profondes des militants lambda qui croient naïvement à tout ce que leurs leaders leur répètent.

Dieudonné MAKIENI


No Comments

Leave A Comment