HomeA la uneCOUP D’ETAT AU BURKINA :  Scènes de liesse à la place de la Nation

COUP D’ETAT AU BURKINA :  Scènes de liesse à la place de la Nation


Au lendemain de la confirmation du coup d’Etat au pays des Hommes intègres, des centaines  de jeunes se sont retrouvés dans la matinée d’hier 25 janvier 2022, à la place de la Nation, à Ouagadougou, pour témoigner leur soutien à la junte. Dans leur majorité, ils ont    salué cet « acte de libération » par des militaires, lequel acte  vise à « mettre fin aux souffrances des Burkinabè ».

Des coups de sifflets par-ci, des cris de joie par-là, des coups de klaxon, de motos, des gadgets et autres vuvuzelas aux couleurs du drapeau national, auxquels il faut ajouter  la musique « Le balayeur balayé » du reggaeman ivoirien, Tiken Jah Fakoly, jouée en boucle et reprise en chœur par des jeunes excités, sans oublier l’hymne national, le Ditanyè, entonné  par d’autres. Bref, c’est tout ce spectacle qui a été servi hier 25 janvier dans la matinée, à la place de la Nation. Là, ils étaient des centaines de jeunes à s’être rendus en ce lieu symbolique pour témoigner leur soutien au désormais homme fort du pays, le lieutenant-colonel Sandaogo Paul Henri Damiba, et à ses hommes. Mais la star des lieux, était Abdoul Karim Baguian dit Lota, membre de la Coalition du 27 novembre 2021, porté en triomphe par des jeunes. Sous le coup de 10h, lui et les centaines de jeunes rassemblés, entonnent l’hymne national en chœur, qui se termine par des applaudissements et des cris de joie. Lota demande alors le silence et livre son message. Pour lui, c’est une nouvelle ère qui commence au Burkina. « Nous sommes là parce qu’il y a un nouveau vent qui souffle sur le Burkina. C’est  la  libération totale  des Burkinabè. Ce n’est pas la personne de Lota qui est d’accord avec ce qui s’est passé, mais  ce sont les 22 millions de Burkinabè qui sont d’accord. C’est Dieu même qui est d’accord avec cela. Tout ce qui s’est passé depuis le dimanche jusqu’à l’heure actuelle, nous disons que c’est la volonté manifeste de l’ensemble des braves fils et filles du Burkina. Il est vrai que c’est l’armée qui est à la tête du pouvoir mais les vrais concernés sont les 22 millions de Burkinabè », a déclaré Lota sous les cris et ovations de jeunes qui l’entouraient.

 

La sécurité, une des fortes attentes des jeunes

Pour lui, la priorité des priorités au Burkina, c’est le retour de la sécurité. « Mais cela ne peut se faire sans la cohésion sociale, sans la réconciliation nationale », a-t-il relevé tout en invitant les militaires à travailler à « apaiser les cœurs et à panser les plaies ».   « Ce que nous attendons des militaires, c’est qu’ils travaillent à rassembler les gens, même  ceux-là qui ont échoué lamentablement. Nous n’avons pas deux pays, nous n’en avons qu’un seul qui est le Burkina Faso et il faut travailler à rassembler tout le monde, taire les querelles d’hier pour tracer des lendemains meilleurs pour notre pays », a-t-il affirmé. Concernant l’ancien président Roch Marc Kaboré, il a demandé à tous de ne jamais lui manquer de respect. « Je demande à tous les Burkinabè de ne pas manquer de respect à l’ancien  président, Roch Marc Christian Kaboré. Il a servi ce pays durant 7 ans, et il mérite qu’on le respecte », a laissé entendre Lota.

Pour Mohamadi Ouédraogo, un manifestant, sa joie est grande après cet acte des militaires. « Cela fait plus de 6 ans que nous sommes dans la souffrance. Les militaires sont venus mettre fin à cette souffrance, pour essuyer nos larmes. Nous ne soutenons pas le  politique qui est à la base de notre souffrance. Nous soutenons les militaires qui doivent eux-aussi mettre la main à la patte pour nous assurer des lendemains meilleurs. Qu’ils travaillent à sortir le pays de cette souffrance que nous vivons », a-t-il dit.

 

« C’est l’armée qui a pris son pouvoir pour sauver le peuple »

Adama Tiendrébéogo alias colonel, membre du mouvement C27, lui, est contre l’appellation « mutins ». « Ce ne sont pas des mutins. C’est l’armée qui a pris son pouvoir pour sauver le peuple. Nous sommes derrière cette armée. Nous disons à Damiba et à ses hommes d’avancer parce que le peuple est derrière eux. Nous sommes là pour les soutenir », a-t-il soutenu. A la question d’un journaliste de  savoir si les militaires sont la solution à la situation que vit le pays, M. Tiendrébéogo a répondu en ces termes : « Les militaires sont la solution. C’est la structure la mieux organisée au Burkina. Nous pensons que c’est eux qui peuvent améliorer la situation actuelle ».  Concernant la priorité des priorités des Burkinabè, il a laissé entendre que la première des choses est de travailler pour qu’il y ait l’union. « Après cela, il faut sécuriser le pays. Tant qu’il n’y a pas d’union, rien ne peut fonctionner. C’est ce que nous leur demandons ». Quant aux éventuelles sanctions que la CEDEAO pourrait prendre contre le pays, Adama Tiendrébéogo  a lancé ceci, en souriant: « Ils n’ont qu’à venir. La CEDEAO, c’est comme la Rumba. Ils chantent, ils dansent. Ils n’ont qu’à venir ».

 

                                                       Colette DRABO et Rahamatou SANON

 

ENCADRE

Propos de manifestants

Victor  Dieudonné  Windinga,  professeur à la retraite

« Nous soutenons ce mouvement »

« Je suis un promotionnaire à Salifou Diallo. Il était mon copain. Nous avons tout fait pour aider ce pouvoir à  redresser la barre pour le bien des Burkinabè. Mais rien n’y fit. Tout ce qu’on donnait comme conseils était ignoré. Ils pensaient peut-être qu’on voulait de leur argent, alors qu’on n’en avait pas besoin. Nous bénissons le nom de Dieu qui nous a permis d’être libérés. Nous pourrons maintenant nous attaquer aux vrais problèmes que sont la question de l’insécurité et aussi celle du développement.  Nous soutenons ce mouvement. Nous soutenons l’armée. Nous allons continuer de la soutenir. Et nous souhaitons que Dieu bénisse cette équipe-là. Tout dépendra de ce que nous allons faire pour mettre la  pression sur cette armée. Il faut que les jeunes restent mobilisés de la sorte. Aujourd’hui, je suis venu à la place de la Nation parce que je me sens concerné. J’ai totalement confiance en  cette équipe.  Il faut que ces jeunes continuent de dire leur mot. Il faut que nous, les intellectuels,  osions dire notre mot. Que Dieu nous aide à nous libérer du joug de la France,  que nous puissions réellement être un pays souverain. Que Dieu bénisse le Burkina Faso et que notre pays décolle à jamais.»

 

 

Béatrice Ouédraogo,  une manifestante

« Nous plaçons notre espoir en cette junte »

« Nous sommes là pour soutenir la junte. Nous approuvons ce coup d’Etat parce nous avions besoin que les choses changent. Donc, nous plaçons notre espoir en  cette junte. Quand les gens déclarent qu’ils n’ont plus de stratégie pour s’occuper de vous, il faut alors un changement.  Donc, la junte a pris ses responsabilités et nous devons placer notre confiance en elle pour laisser évoluer les choses et voir ce que cela va donner. En tout cas, nous espérons qu’elle sécurisera  la population, que ceux qui se sacrifient pour le Faso soient pris en charge et que leur sacrifice ne soit pas vain. En tant que mère,  tu mets ton enfant au monde et ce  dernier décide de se donner corps et âme pour sauver son pays. Pour cela,  on doit le mettre dans les conditions et même s’il doit mourir, cela ne devrait pas se faire avec le ventre vide. Nous avons été  énormément écœurés quand nous avons appris que des soldats sécurisaient le pays, le ventre vide. Cela n’est pas normal. Nous demandons à la junte de lutter contre la vie chère afin de soulager la population. Nous lui demandons également de poser les bonnes bases pour le retour de la démocratie au Burkina Faso et organiser des élections paisibles, apaisées, afin de réunir tous les fils du Burkina Faso.»

 

 

El Hadj Saïdou Tapsoba, chef coutumier, agent de santé

« Nous saluons cette  prise de pouvoir par la junte »

« Je suis là ce matin, parce que je suis très content de ce qui s’est passé du 23 janvier jusqu’à l’heure actuelle. Je parle de la récupération du pouvoir par les forces de défense. Le pays souffrait depuis plus de 6 ans. Nous sommes confiants, nous sommes très contents de ce qu’ils ont fait. Voilà pourquoi je suis là ce matin pour manifester avec mes frères burkinabè, parce que c’est la joie, la fête pour nous.  Nous félicitons énormément la junte parce que ce sont des jeunes qui veulent la réconciliation, l’union.  Ils  veulent aller au front pour lutter contre le terrorisme. Nous saluons leur prise de pouvoir. »

 

Lamoussa Hien, étudiant en Droit international

« Nous attendons que  ces militaires répondent aux aspirations les plus profondes  des  Burkinabè»

« On est sorti ce matin pour saluer le coup d’Etat. C’est vrai qu’à un moment donné,  on se disait que les coups d’Etat étaient terminés. Mais on est dans une période où on n’a vraiment   pas d’autre choix. Fallait-il user des voies normales ou légales, c’est-à-dire exiger la démission de Roch Marc Christian Kaboré et, dans ce cas, laisser  Bala Sakandé, le président de l’Assemblée nationale,  prendre le pouvoir? Ce serait les mêmes têtes. On était alors obligé d’opter pour un coup d’Etat. Et Dieu merci, l’armée nous a écoutés. Et je pense que ce coup d’Etat est salutaire. Ce que nous attendons de ces militaires, c’est qu’ils écoutent les Burkinabè et répondent aux aspirations les plus profondes de ce peuple.  On pense que l’armée est l’entité qui pourrait répondre au problème sécuritaire. Comme on le dit, c’est au pied du mur qu’on connait le vrai maçon. On espère vraiment qu’ils vont nous surprendre agréablement.»

 

Boukary Barry, manifestant

« On va attendre un peu pour la voir à l’œuvre »

« On avait accordé  notre confiance au président Roch Marc Christian Kaboré. Mais après,  on s’est rendu compte  qu’on s’est  trompé. On dirait qu’ils étaient  là pour leurs propres intérêts.  Toutefois, on ne peut pas encore dire qu’on est totalement avec l’armée parce qu’on ne l’a pas encore vue à l’œuvre. On va attendre un peu pour la voir à l’œuvre. »

 


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