HomeA la uneCOUP K.-O.  ANNONCE PAR SASSOU A LA PRESIDENTIELLE : Quand on est joueur et arbitre, ça ne peut pas être autrement  

COUP K.-O.  ANNONCE PAR SASSOU A LA PRESIDENTIELLE : Quand on est joueur et arbitre, ça ne peut pas être autrement  


 

« Le 20 mars, ça sera un pénalty, un seul but et c’est la victoire ». C’est ce qu’a déclaré  ex-cathedra, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, le 5 mars 2016, à Pointe-Noire, devant un parterre de militants mobilisés à l’occasion du lancement de la campagne présidentielle. Vous l’aurez donc compris. Sassou promet un « coup K.-O. », le soir du 20 mars prochain. Cela n’a rien de surprenant. C’est dans l’air du temps  depuis que les présidents Alpha Condé de la Guinée, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso ont promis et gagné leur pari en remportant dès le premier tour, la présidentielle de leurs pays respectifs. Au fait, Sassou n’avait même pas besoin de faire une telle sortie quand on sait qu’en l’absence de tout opposant d’envergure, sa victoire ne fait l’ombre d’aucun doute. Pourrait-il en être autrement quand on sait que Sassou est joueur et arbitre du match ? Assurément non, d’autant plus que c’est lui-même qui, au moment voulu, sifflera le penalty qui douchera tous les espoirs de ses adversaires, encore que dans le cas d’espèce, le penalty sera exécuté par un joueur professionnel face à des poteaux sans gardien de buts. Convenez donc que Sassou enfonce des portes  déjà ouvertes en parlant d’une victoire dès le premier tour à la présidentielle et cela sans coup férir. La preuve est que le seul opposant de taille en la personne du Général Mokoko qui pouvait lui donner des insomnies, a actuellement maille à partir avec la Justice qui l’accuse  d’être mêlé à une histoire de tentative de coup d’Etat. Pure manœuvre de Sassou  pour casser de l’opposant ! C’est le moins que l’on puisse dire. De toute évidence, on sait que le maître de Brazzaville dispose de tous les atouts pour empoigner sa chose dès le premier tour.

Pour une présidentielle sans enjeu, celle du Congo Brazzaville en est une

Car, en plus des moyens de l’Etat dont il dispose, Sassou peut compter sur l’administration en place dont on sait qu’elle est acquise à sa cause. Toute chose qui pourrait ouvrir la voie à la fraude dans un pays où la corruption et les achats de conscience ont pignon sur rue. Au total,  c’est donc beaucoup moins un coup K.-O. qui surprendrait les observateurs de la scène politique congolaise, que l’avènement d’un second tour qui traduirait une certaine transparence du scrutin. C’est le cas, par exemple, au Niger où en dépit de sa promesse de coup K.-O., le président Mahamadou Issoufou, mis en difficulté par l’opposition, a dû concéder un second tour. Comparaison n’est pas raison, mais tout porte à croire que Sassou n’aurait pas l’élégance de son homologue nigérien s’il était confronté à pareille situation. Il n’a rien à cirer avec la démocratie. Déjà, avant même le début du match, Sassou parle de pénalty. C’est la preuve, si besoin en est, que les dés sont pipés. Du reste, on a vu la maestria avec laquelle l’homme, envers et contre tous, a réussi l’organisation de son référendum constitutionnel pour s’octroyer un nouveau mandat. Et l’incapacité de l’opposition à s’unir pour parler d’une même voix constitue du pain bénit pour l’ancien militaire congolais qui, se sentant déjà dans la peau du vainqueur, a annoncé la réalisation de nouveaux projets dont le barrage de Sounda de 1000 mégawatts. En tout cas, pour une présidentielle sans enjeu, celle du Congo Brazzaville en est une, contrairement à ce qui se passe au Bénin où le président sortant n’étant pas  candidat à sa propre succession, les jeux restent ouverts. A qui donc la faute ? A Sassou évidemment !

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment