CRISE LIBYENNE
La Libye est minée par des luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Cette impasse est connue de tous ! C’est pourquoi la communauté internationale n’a eu de cesse d’œuvrer en vue d’une solution durable et efficace. L’une des dernières initiatives, est la mise en place d’un comité consultatif, sous l’égide de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), au sortir du Forum du dialogue politique libyen (FDPL). Pour certains analystes, cette originale initiative est porteuse d’espoirs, dans la quête d’une Libye stable, démocratique et unie. Pour preuve, le comité consultatif brille par sa bonne représentativité. En effet, les 18 membres qui le constituent, proviennent d’une grande diversité géographique et politique, en incluant la participation des femmes, des jeunes et des composantes culturelles. La feuille de route du comité consultatif contient le principe directeur suivant : comment œuvrer en sorte que les questions qui, jusque-là divisent, en ce qui concerne principalement le mécanisme de sélection d’un exécutif unifié, soient clairement posées et déblayées ? Est-il possible d’installer une base constitutionnelle, sur lequel piédestal les élections prévues pour le 24 décembre 2021, pourraient reposer ? Dans l’optique d’avancer vers un accord entre les différentes parties, concernant des propositions spécifiques à présenter au FDPL, une série de rencontres ont été initiées, dont la première avait eu lieu le 13 janvier 2021 à Genève. En ce début du mois de février, des responsables libyens sont de nouveau réunis près de Genève, dans l’optique d’élire des dirigeants qui auront pour mandat, de réunifier les institutions avant l’avènement du scrutin national de décembre.
Il y a une raison d’espérer
Est-il vraiment possible de sortir du bourbier libyen après cette série de rencontres genevoises ? Au regard de la complexité des questions en débats, des positions souvent difficiles à concilier, du climat social généralement délétère et fragile, des armes qui pourraient à tout moment se mettre à crépiter en raison de la présence injustifiable en Libye, des mercenaires turcs et russes et de la brève échéance accordée pour ces concertations directes, on est en droit de se demander si la montagne ne va pas à nouveau accoucher d’une souris. Il y a cependant une raison d’espérer. La lassitude des Libyens après de si longues années de conflits meurtriers, aura peut-être donné à réfléchir aux protagonistes qui pourraient décider, en toute responsabilité, sans trop atermoyer, de se donner enfin la main. Les belligérants devraient saisir cette occasion unique pour faire la paix, avant que toutes les bonnes volontés qui s’investissent depuis plusieurs années, sous l’égide de l’ONU et d’autres institutions pour réconcilier les Libyens, ne finissent elles aussi par se lasser, avec le risque probable d’abandonner la Libye à elle-même et pour longtemps, dans cette quête jusque-là infructueuse, de paix sociale et de stabilité politique. Cela est d’autant plus vrai qu’en période de pandémie du Covid-19, l’organisation de rencontres, aussi importantes soient-elles, pourrait devenir de plus en plus incertaine.
Monique NARE