HomeA la uneCRISE POLITIQUE EN RDC : La mise en garde cinglante de Laurent Monsengwo

CRISE POLITIQUE EN RDC : La mise en garde cinglante de Laurent Monsengwo


 

Finalement, les protagonistes de la crise politique congolaise ne sont pas parvenus à un accord avant la fête de Noël. Les différentes parties se sont quittées le 23 décembre dernier, tout en se donnant rendez-vous le jeudi prochain ; histoire de poursuivre les négociations sur les différents points de blocage. C’est donc dans un contexte pour le moins tendu que les Congolais ont célébré la fête de la Nativité, avec des cadavres encore fumants sur le carreau. C’est, du reste, ce qu’a regretté Mgr Laurent Monsengwo dans son homélie de Noël. Sur un ton éminemment politique, le prélat de Kinshasa n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire ses quatre vérités à la classe politique congolaise, notamment au pouvoir de Joseph Kabila qui, depuis peu, a érigé la terreur en mode de gouvernance. Morceaux choisis : « Il est plus facile de tuer que de ne pas tuer, il est plus facile de céder à la violence que de résister à la force, il est plus beau d’être artisan de la paix que de la violence », a déclaré l’ancien président de la conférence nationale souveraine, connu pour n’avoir pas sa langue dans sa poche. Et de prévenir : « Le fait de prendre le pouvoir par les armes ne justifie pas qu’on ne puisse le quitter que par les armes (…) Prenons garde, mes frères et sœurs, car quiconque tue par l’épée, périra par l’épée ». Dont acte. Pour une mise en garde sévère et cinglante, c’en est une, tant le ton est très très critique, car Laurent Monsengwo a dit très haut ce que pensent bas bien des Congolais ou observateurs de la scène politique congolaise. Peu importe ce que Kabila et ses sicaires diront de lui, mais l’homme d’Eglise a eu le mérite d’avoir mis le doigt là où ça fait le plus mal. Et en le faisant, il dégage non seulement sa responsabilité face aux risques de chaos qui guettent la RDC, mais aussi celle de l’Eglise catholique qui, de tout temps, a toujours pris fait et cause pour le peuple et son bien-être.

Kabila est sur les pas de Blaise Compaoré

Comment peut-il d’ailleurs en être autrement quand on sait que pendant que Kinshasa était en fête, de nombreux Congolais perdaient la vie dans le Nord-Kivu, du nom de cette région souffre-douleur située dans la partie orientale de la RDC ? Le bilan provisoire fait tout simplement froid dans le dos : près de 50 civils tués avec de nombreuses maisons incendiées. Tout se passe comme si cette localité qui a connu de nombreuses autres attaques meurtrières, était abandonnée à elle-même, Kabila étant préoccupé à conserver son fauteuil. En un mot comme en mille, la RDC peut brûler, pourvu que Kabila fils reste aux affaires, encouragé en cela par certains Raspoutine et autres maîtres de la courbette nés avant la honte. Ces gens-là doivent sans doute être gênés aux entournures quand ils écoutent Mgr Laurent Monsengwo dire ceci : « Il est révolu le temps où l’on prenait le pouvoir par les armes ; il est révolu le temps où l’on cherchait à conserver le pouvoir par les armes en tuant son peuple ». En tout cas, Kabila aurait tout à gagner si, en brebis égarée, il méditait le message de son berger qui, par cette sortie, ne lui veut que du bien. Malheureusement, les dictateurs sont ainsi faits qu’ils ne s’inspirent jamais de ce qui arrive aux autres. Ce fut le cas de l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré qui, malgré la clameur qui montait sans cesse, tenait coûte que coûte à s’accrocher au pouvoir. Même les multiples sorties médiatiques de la très avisée Eglise catholique, n’avaient pas suffi à le dissuader. La suite, on la connaît… Et tout laisse croire que le président Kabila est sur les pas de Blaise Compaoré. Attendons de voir. Mais, une chose est sûre : on ne triomphe pas d’un bras de fer engagé contre un peuple.

Boundi OUOBA


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