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CRISE POST-ELECTORALE EN GUINEE-BISSAU  


Plus le temps passe, plus la situation en Guinée-Bissau tend vers l’enlisement et devient inquiétante  au point que des voix et pas des moindres, s’élèvent pour appeler les protagonistes à la raison. Ainsi, à la suite de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), la France et l’ONU, entre autres, ont appelé les acteurs « à la retenue », et l’armée à rester à l’écart de la crise politique consécutive à la présidentielle du 29 décembre dernier, dont le contentieux électoral est toujours pendant devant la Cour suprême.  Mais parlant de cette instance judiciaire suprême, on se demande ce qui l’empêche de vider le contentieux électoral qui a plongé le pays dans une situation de crise politique et de blocage institutionnel, avec deux gouvernements : l’un conduit par le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam nommé par le candidat Umaro Sissoco Emballo déclaré vainqueur par la Commission électorale et qui a pris ses quartiers à la Présidence la semaine dernière, l’autre par Aristide Gomez nommé par le président sortant, José Mario Vaz, qui n’entend pas passer la main car se prévalant de la légitimité des législatives de mars 2019, remportées par le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), l’ex-parti au pouvoir dont le candidat battu est toujours dans la contestation des résultats. Mais jusqu’où ira l’imbroglio ?

 

 

 

La communauté internationale marche sur des œufs

 

Bien malin qui saurait répondre à cette question. D’autant que chaque camp semble camper sur sa position, au moment où faute de moyens coercitifs, la communauté internationale semble bien impuissante à agir pour rétablir la légalité constitutionnelle. Mais cela n’est pas étonnant.  Car, le processus électoral n’est pas allé à son terme. C’est pourquoi  l’on comprend aussi la difficulté qu’elle a à « reconnaître des organes créés et installés en dehors des cadres constitutionnels et légaux ». C’est dire si dans cette crise post-électorale en Guinée-Bissau, la communauté internationale marche plus que jamais sur des œufs.  Mais comment sortir de l’impasse ? Là est la véritable question. Dans le même temps, l’on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi tant de difficultés au niveau de la Cour suprême, pour dire le droit. C’est à se demander si la crise n’est pas savamment entretenue au niveau de l’instance judiciaire suprême du pays dans le but de conduire à un blocage définitif qui remettrait en cause la victoire du candidat de l’opposition donné vainqueur par la CENI. Autrement, comment comprendre que pour des résultats qui ont confirmé, par quatre fois, la victoire de l’opposant, elle ne puisse pas clore le débat, faute d’arguments et de preuves contraires ?  Il y a manifestement anguille sous roche. Quoi qu’il en soit, ces louvoiements de la Cour suprême pourraient être très lourds de conséquences pour le pays qui vit déjà au ralenti et dans l’incertitude.

 

Il est impératif que la Cour suprême sorte de son silence pour rendre une décision

 

Avec un bicéphalisme de fait au niveau de l’Exécutif, qui plonge davantage les travailleurs des ministères dans le doute et dans l’embarras. Beaucoup ne sachant pas pour quel gouvernement travailler. Mais la situation ne saurait rester indéfiniment en l’état, sous peine de conduire le pays au chaos. C’est pourquoi il est impératif que la Cour suprême qui paraît, en même temps comme la clé et le goulot d’étranglement de la situation, sorte de son silence pour rendre une décision. Même si tout porte à croire que vu le niveau de crispation et d’enlisement de la situation, tout verdict, quel qu’il soit, sera sujet à caution selon qu’il penchera en faveur de l’un ou l’autre camp. Mais cela aura au moins le mérite de débloquer une situation bien confuse et, on  l’espère,  de faire bouger les lignes. Autrement, le risque est grand de se retrouver dans un climat de ni paix ni guerre dont le pourrissement pourrait être hautement préjudiciable à la paix sociale. A moins que cela ne donne finalement prétexte à l’armée bissau-guinéenne réputée pour être spécialisée dans les coups d’Etat et jusqu’ici tenue en laisse par la CEDEAO et la communauté internationale, de s’inviter opportunément au débat pour siffler la fin de la récréation. Ce qui pourrait paraître un moindre mal. Surtout si cela devait permettre de remettre le pays sur les rails de la démocratie, face aux risques de division de la CEDEAO, qui ne sont pas à écarter.

 

« Le Pays »

 


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