HomeOmbre et lumièreCRISE DU SYSTEME EDUCATIF A GARANGO : L’UAS exige des excuses de la part du maire

CRISE DU SYSTEME EDUCATIF A GARANGO : L’UAS exige des excuses de la part du maire


Ceci est une déclaration de l’Unité d’action syndicale (UAS) à propos de la crise du système éducatif à Garango, consécutive à la décision du maire de voir timbrées toutes les demandes d’établissement d’actes administratifs. L’UAS exige des excuses de la part du maire qui a traité les travailleurs de « voyous ». Lisez !

Les travailleurs de l’éducation de base de la commune de Garango sont en lutte depuis le 5 avril 2017, et pour cause, une décision autocratique et antidémocratique du bourgmestre.

En effet, tout a commencé avec une correspondance que Monsieur le Maire de la commune de Garango a adressée depuis le 20 février 2017 aux chefs de Circonscriptions d’Education de Base de la commune de Garango. Monsieur Jean Célestin Zouré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a indiqué dans sa note que désormais, les demandes (comme s’il devrait en exister) d’établissement d’actes administratifs (certificats de prise de service, certificats administratifs, de cessation de service, doivent être revêtues obligatoirement de timbre communal.

Il faut noter que cette mesure vient corroborer la lenteur criarde dans le traitement de ces actes. Des  agents publics de l’Etat mettent  par exemple souvent six mois, voire une année après leur prise de service, avant d’acquérir leur certificat de prise de service. C’est ainsi que les travailleurs de l’éducation de base ayant pris connaissance de cette mesure, se sont organisés autour de leur structure syndicale, notamment  le SYNATEB, pour poser le problème. Une audience avec le maire a été donc demandée le 14 mars 2017 par l’Unité d’Action Syndicale (UAS), dans le but de mieux cerner le problème et faire des suggestions. C’est finalement le 15 mars que le maire a reçu l’UAS. En substance, Monsieur Zouré, s’appuyant sur le code fiscal, a signalé que sa commune a besoin de ressources financières pour fonctionner et que les Agents publics qui sont sous sa responsabilité administrative doivent se conformer à ladite correspondance. L’UAS n’a pas manqué de lui rappeler les bases élémentaires du fonctionnement de l’Administration publique. En effet, les actes administratifs ne doivent faire l’objet d’une quelconque demande à plus forte raison une demande revêtue de timbre communal. Ce sont des actes de droit qui s’établissent au regard d’une attestation délivrée par le supérieur hiérarchique immédiat de l’agent. Malgré la tentative des syndicats à raisonner le maire visiblement remonté, les deux parties se sont quittées sans le moindre consensus. Face à cette situation, le SYNATEB a initié, le 20 mars 2017, une correspondance au maire pour lui exiger une annulation pure et simple de sa note désobligeante. Malheureusement, Monsieur Zouré a rompu tout dialogue avec les syndicats et a donné l’ordre à son secrétariat de ne pas réceptionner  leur note.

 Face au refus de Monsieur le Maire de dialoguer avec le SYNATEB, celui-ci a adressé, le 27 mars 2017, une notification de tenue d’un sit-in de protestation de 48 heures  à Monsieur le préfet du département de Garango. En réponse, Monsieur le Préfet dit ne pas être l’autorité compétente à recevoir cette notification et nous recommande de l’adresser, malgré tout, au maire. C’est ce qui fut fait  le 31 mars 2017, annonçant le sit-in pour les 5 et 6 avril 2017 au sein de la mairie. En réponse à cette note, le maire autorise la tenue du sit-in mais hors de « sa mairie ». Il établit ainsi une « zone rouge »  à ne pas franchir !  Cela constitue une violation grave des libertés syndicales et démocratiques. Comme prévu, le 5 avril 2017, les camarades se sont retrouvés à la mairie pour le premier jour de sit-in qui s’est tenu de 8h à 12h sans aucun incident et sous l’œil bienveillant des Forces de défense et de sécurité. A l’issue du premier jour de sit-in, le maire a accordé une interview à la radio locale, dans laquelle il affirme avoir fait recours aux structures d’autodéfense  (Koglwéogo) afin d’évacuer les « voyous » d’enseignants hors de « sa mairie ».

 Le deuxième jour de sit-in, un groupe de jeunes (non reconnu par les  « Koglwéogo », certainement une milice dressée par le maire)  munis d’armes blanches (gourdins, barres de fer),  a devancé les camarades à la mairie pour les empêcher d’y entrer.  Ces jeunes avaient pour slogan ceci : « Si vous n’êtes pas d’accord avec la décision de notre maire, quittez notre commune et on va nous envoyer d’autres enseignants ». Le même jour  aux environs de 11h, Sa Majesté Naaba Koom de Garango est arrivé sur les lieux, demandant en vain  le départ de la milice qui avait barré la porte de la mairie. Les camarades n’ont pas cédé à la provocation de ce groupuscule qui a visiblement fait un tour à l’école de xénophobie de Monsieur Zouré Jean Célestin. Nous pensons que ces actes sont  condamnés fermement par la loi et sont indignes de la part du premier responsable de la commune qu’est Monsieur Jean Célestin Zouré. Les propos de ces milices sont de nature xénophobe, visant à monter la population contre les travailleurs. C’est aussi une remise en cause des libertés syndicales et démocratiques.

Face à cette situation dégradante qui prévaut, au mépris du maire contre les travailleurs et la remise en cause des libertés syndicales et démocratiques, l’UAS a adressé une lettre de protestation à Monsieur le Préfet du département  et un préavis de grève de 24 heures le 11 avril 2017 pour exiger :

– une résolution diligente de la crise qui secoue le secteur de l’éducation de base ;

– un traitement diligent des actes administratifs dans la commune ;

– un démenti des propos mensongers du Maire sur la question des demandes non timbrées que selon lui les enseignants enverraient à la mairie ;

– une présentation d’excuses aux travailleurs qu’il a traités publiquement de « voyous ».

Il est important de noter que le SYNATEB est resté en débrayage depuis le 05/04/2017. Se sentant interpellée par l’arrêt des cours de leurs petits frères, l’Association des élèves et scolaires (AESG) s’est invitée dans la lutte avec une grève de vingt-quatre heures (24h) en soutien au SYNATEB le 18  avril 2017, suivie de marche en direction de la préfecture.

Le 19 avril 2017, le Haut-commissaire de la province du Boulgou a convié la section provinciale du SYNATEB et les sous-sections SYNATEB à une rencontre à Tenkodogo. Le maire de la commune de Garango, Le Directeur provincial de l’éducation nationale (DPENA), le Directeur régional des impôts y étaient également conviés. A cette occasion, le Haut-commissaire a eu le temps d’écouter les deux parties et a demandé l’appréciation du Directeur régional des impôts, en tant que technicien en matière de fiscalité. Ce dernier a fait comprendre que l’article du code fiscal  régulièrement cité par le maire ne s’applique qu’à l’Administration déconcentrée de l’Etat, mais pas aux mairies. Il continue son analyse en faisant observer que le texte précise que toute demande adressée à l’autorité déconcentrée, doit être revêtue d’un timbre fiscal (pas communal) de 200 F CFA. Pour le DPENA, les actes administratifs (certificats de prise de service, de non logement, administratifs, de cessation de service) ne font aucunement l’objet de demande. C’est sur la base des attestions délivrées par le supérieur hiérarchique de l’agent, envoyées par bordereau,  que les certificats sont délivrés. A l’issue de toutes ces explications, Monsieur Célestin Zouré reste campé sur sa position et rappelle au Haut-commissaire pour sa gouverne, qu’il n’entend jamais revenir sur sa note, malgré les supplications de ce dernier. Cette rencontre n’était seulement qu’une de plus dans cette crise.

Après cette rencontre infructueuse, l’UAS a affûté ses stratégies  pour lancer un débrayage actif sur toute l’étendue du territoire communal et ce, pour compter du 20 avril 2017. C’est également à cette date  que les élèves, à travers l’Association des Elèves et Scolaires (AESG) vont débrayer. A cette journée particulière de la lutte, les élèves ont pris en otage le maire et le maître-mot était l’annulation pure et simple de sa note impopulaire. Quant à l’UAS, elle a organisé une marche sur la préfecture devant laquelle elle a tenu son meeting. C’est à ce moment que le Haut-commissaire est arrivé à la préfecture  et a demandé une rencontre avec les responsables syndicaux. Il est ressorti de cette rencontre que Monsieur le gouverneur a décidé que les actes administratifs (certificats de prise de service, administratifs et de cessation de service) seront désormais signés par le préfet. A l’analyse de cette proposition, plusieurs interrogations ont animé les camarades. Par exemple, étant donné que le maire reste toujours le président de la commission d’affectation, il est par conséquent le signataire des décisions d’affection. Mais comment peut-on être cohérent avec une autorité communale qui affecte et l’autorité déconcentrée certifie les prises de service ? Au regard de bon nombre d’analyses, et considérant la position immuable du maire, l’UAS a décidé de continuer sa lutte jusqu’à l’annulation de la correspondance de ce dernier.

Le 21 avril 2016, s’est ouvert un autre chapitre de la lutte. En effet, l’UAS, toujours soutenue par les élèves, a marché en direction de la mairie. Au passage au niveau du rond-point central, une milice de quelques cinq personnes acquises à la cause de Monsieur Zouré, a tenté de perturber la marche, mais les éléments ont été rapidement écartées par nos camarades de la sécurité. A cent mètres de la mairie, gendarmes et policiers armés jusqu’aux dents, ont empêché les manifestants d’avancer. Les responsables syndicaux ont été approchés par le commandant de la Police municipale qui dit que le maire veut discuter avec trois responsables. A l’arrivée de la délégation de l’UAS dans le bureau du maire, ce dernier dit n’avoir pas demandé à nous rencontrer  mais plutôt le contraire. Cette attitude visiblement  de nature à narguer les syndicats, va naturellement surchauffer davantage les esprits. Les manifestants ont décidé d’avancer vers la mairie, mais ils seront dispersés violemment par du gaz lacrymogène. Plusieurs camarades ont été poursuivis dans leurs domiciles par la police, où ils ont subi des bastonnades sévères. Les conséquences de cette répression barbare sont nombreuses. On enregistre plus de 7 blessés admis au CMA de Garango dont un blessé plus grave évacué au CHR de Tenkodogo puis sur Ouagadougou. Face à ces violations des droits humains, la section provinciale du MBDHP-Boulgou a rencontré le préfet ainsi que les responsables des Forces de sécurité de Garango pour leur signaler les faits et attirer leur attention sur les éventuels manquements.

C’est dans la soirée de cette journée tumultueuse qu’une note  signée du Haut-commissaire est parvenue à l’UAS. Elle indique en substance que la note impopulaire du maire est annulée. Avant de lever le piquet de grève, l’UAS a souligné que la note du Haut-commissaire sera sereinement analysée pour être intégrée dans les perspectives. Elle  a appelé l’ensemble des travailleurs à rester mobilisés pour exiger une prise en charge entière des blessés par les autorités administratives et une satisfaction totale de la  plateforme revendicative.

Non à la violation des libertés démocratiques et des droits des travailleurs !

Vive l’Unité d’Action Syndicale !

Pour l’UAS/Garango

Narcisse GUEBRE

SG/UL-CGTB


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