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CRISE TOGOLAISE


 Est-on enfin sur la bonne voie ?

En ce moment, la classe politique togolaise est en train de faire renaître l’espoir pour tous ceux qui affichaient un certain pessimisme face à la crise socio-politique dans laquelle est plongé le pays depuis des mois et qui a connu des pics avec les bains de sang qui auront marqué la répression violente des marches de l’opposition. En tout cas, depuis la tenue du 53e sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le 31 juillet dernier et en marge duquel les chefs d’Etat ont tracé une feuille de route pour la sortie de crise, les protagonistes de ladite crise semblent privilégier la voie du dialogue. En renouant le fil du dialogue depuis le lundi 10 septembre 2018, sous les auspices du Comité de suivi mis en place par la CEDEAO, le pouvoir et l’opposition avaient donné l’impression de faire dans le dialogue de sourds tant les positions étaient diamétralement opposées. Mais, après près de deux semaines de pourparlers, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. La ligne de fracture s’est, en effet, quelque peu réduite entre lesdits protagonistes. D’autant que le dimanche 23 septembre dernier, les deux parties ont pu parler d’une même voix sur un certain nombre de points de leur casus belli. Il s’agit notamment du consensus trouvé autour de la composition de la Commission nationale électorale indépendante (CENI), de l’élaboration d’un chronogramme avec l’appui des experts électoraux, de l’accord de principe de la coalition des 14 partis de l’opposition pour participer aux législatives initialement prévues pour le 20 décembre prochain, de l’organisation inclusive et équitable de ces élections, du vote de la diaspora. En ce qui concerne la composition de la CENI, il faut noter que le principe acquis est de 5 représentants de l’opposition parlementaire, 5 représentants de la majorité parlementaire, 6 représentants des partis extraparlementaires et de la société civile. Et l’opposition parlementaire consent à désigner ses représentants d’ici au 30 septembre 2018. Alors, est-on enfin sur la bonne voie vers la sortie de crise ?

Le fond de la crise, c’est la question de l’alternance au sommet de l’Etat

Rien n’est moins sûr. Eu égard à la réalité de cette crise togolaise, il n’est pas évident que le dialogue qui a cours actuellement se passe comme sur des roulettes, étant donné que le fond de la crise, c’est la question de l’alternance au sommet de l’Etat. L’opposition cherchant à mettre fin à un demi-siècle de règne de la dynastie Gnassingbé, qui se traduirait par l’impossibilité pour Faure, le successeur de son père, de prétendre à un troisième mandat. En clair, elle veut qu’il débarrasse illico presto  le plancher, à  partir à la fin de son second mandat en 2020. Mais la majorité présidentielle ne l’entend pas de cette oreille et lutte de toutes ses forces pour sauver le fauteuil du chef de l’Etat, au-delà même de 2020. C’est là toute la problématique de la crise togolaise qui cristallise les attentions depuis plusieurs mois autour du sort d’une seule personne : Faure Gnassingbé. C’est dire justement si Faure est à la fois le problème et la solution de cette crise togolaise qui suscite de la curiosité au-delà des frontières du pays, en ce sens que des 16 Etats membres que compte la CEDEAO, il n’y a que le Togo qui soit en marge de la dynamique des alternances. Ce pays est le seul mouton noir de la sous-région. Au président togolais donc de faire don de sa personne, s’il aime vraiment son peuple, en déclarant solennellement, et ce pendant qu’il est temps, qu’il se retirera du pouvoir à la fin de son mandat. Et si c’est le prix à payer, ce n’est pas cher payé.

Drissa TRAORE

 

 


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