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DANS L’ATTENTE DU NOUVEL EXECUTIF


Par décret en date du 8 décembre 2021, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a « mis fin aux fonctions de Premier ministre de Christophe Joseph Marie Dabiré ». Une décision sans aucun doute dictée par la situation nationale en lien avec l’attaque meurtrière d’Inata dont l’onde de choc a secoué les Burkinabè au point de pousser le locataire du palais de Kosyam à s’adresser à la Nation dans un discours solennel, pour promettre à ses compatriotes, des mesures fortes. Dans ces conditions, l’on imagine donc que le décagnotage du Premier ministre Dabiré dont le poste est connu pour être un fusible, répond à cette logique d’actions de redressement promises par l’enfant de Tuiré pour reprendre la main dans une situation nationale volatile qui a mis son pouvoir sur la sellette. C’est dire si le départ du Premier ministre est un événement qui ne surprend guère. Il était d’autant plus attendu que dans son adresse à la Nation,  le président du Faso avait promis, entre autres mesures, la formation d’un « gouvernement resserré ». Et après les changements opérés au sein de la Grande muette, il apparaissait assez logique d’en faire autant au niveau de l’Exécutif pour insuffler une nouvelle dynamique qui tienne compte des récents événements et de la nouvelle orientation que le chef de l’Etat compte donner à son action.

 

Le chef de l’Etat n’a pas droit à l’erreur dans son casting

 

C’est pourquoi l’éviction de Christophe Dabiré peut être lue comme un début d’action dans le sens de la tenue de cette promesse de renouvellement de l’équipe gouvernementale. Si tel est le cas, cela peut rassurer les Burkinabè que le chef de l’Etat a, comme il l’a lui-même dit, « bien compris leur message » de colère suite au massacre d’Inata qui a mis à nu des dysfonctionnements intolérables au sein de la Grande muette. Toute chose qui  appelle à un changement de paradigme dans la gouvernance globale du pays. Mais le tout n’est pas de sauter le Premier ministre.  Encore que beaucoup de Burkinabè reconnaissent au successeur de Paul Kaba Thiéba,  d’avoir mouillé le…faso danfani  durant ses trois années passées à la Primature, ne serait-ce qu’à travers l’apaisement du climat social. Le plus dur est à présent de trouver l’oiseau rare pour lui succéder et surtout quelqu’un qui incarne, de par sa personnalité, la volonté de rupture que les Burkinabè appellent de leurs vœux.  C’est dire si le chef de l’Etat n’a pas droit à l’erreur dans son casting. Aussi bien dans le choix du nouveau Premier ministre que dans celui des ministres qui composeront le futur gouvernement. Il se sait très attendu sur ce point précis parce que les Burkinabè ont envie de continuer à garder espoir. D’abord l’espoir  de voir les Forces de défense et de sécurité (FDS) renverser le plus rapidement possible la situation sur le terrain face à l’hydre terroriste, pour envisager le retour des déplacés internes dans leurs localités respectives. Ensuite l’espoir de renouer avec une nouvelle page de gouvernance vertueuse où l’exemple viendra du sommet de l’Etat.  Enfin l’espoir d’un meilleur ancrage de la démocratie dans un pays qui aspire à être un exemple sur le continent et qui veut désormais véritablement répondre à son nom de pays des Hommes intègres.

 

On demande au chef de l’Etat de faire du neuf avec du neuf dans le but de sortir le pays de l’impasse

 

Autant dire que Roch est à un tournant décisif de son second mandat. Et le seul combat qui vaille pour lui aujourd’hui, c’est de le terminer la tête haute, pour une entrée dans l’histoire par la grande porte. C’est pourquoi il est permis de penser que dans la crise de confiance actuelle avec son peuple, il mesure tout le risque qu’il y a pour lui de vouloir faire du neuf avec du vieux. Car, il est clair que les Burkinabè veulent non seulement du changement, mais aussi des dirigeants qui inspirent la confiance par leur exemplarité irréprochable. C’est dire s’il est dans l’intérêt même du chef de l’Etat d’être rigoureux dans le choix de « ses » hommes. Quitte à ratisser au-delà même de la majorité qui l’a soutenu, pour mettre l’homme ou la femme qu’il faut à la place qu’il faut. Cela lui permettra de montrer qu’il met l’intérêt de la Nation au-dessus de toute considération subjective.  En même temps, cela lui permettra de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui l’accusent de faire dans le sentimentalisme, le copinage et le coquinage dans le choix de ses plus proches collaborateurs. En un mot comme en mille, on n’exige pas du chef de l’Etat qu’il fasse avec fracas le ménage complet autour de lui, mais, autant que faire se peut, de faire du neuf avec du neuf dans le but de sortir le pays de l’impasse et éviter qu’une crise politique majeure vienne se greffer, tel un gui, à la crise sécuritaire qui  met déjà suffisamment  à rude épreuve son pouvoir ainsi que les nerfs des Burkinabè.

 

« Le Pays »

 

 


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