AN I DE LA TRANSITION EN RCA : Il reste encore beaucoup à faire
Le 20 janvier 2014, Catherine Samba-Panza succédait à Michel Djotodia poussé à la démission, à la tête de la Centrafrique, pour conduire la transition. L’on se rappelle encore les scènes de liesse qui avaient accueilli son élection, à un moment où le pays traversait une crise sociopolitique doublée d’une crise ethno-religieuse très profonde. Mais très vite, l’espoir suscité par l’élection de cette dame allait s’estomper peu à peu, car elle montrera par la suite, des signes de non-maîtrise des événements. Les Centrafricains allaient alors déchanter. Et passée l’émotion des premiers jours, les défis allaient s’avérer des plus difficiles à surmonter pour cette dame dont la seule bonne volonté ne suffira pas à venir à bout de la détermination des Séléka et des anti-Balaka à en découdre les uns avec les autres par les armes. S’en suivra une période trouble où le pays va connaître une descente aux enfers, avec une recrudescence de la violence qui, de la capitale Bangui, allait finalement embraser presque tout le pays, malgré l’intervention des troupes étrangères. C’est dire combien le mal était profond.
Après un an de transition, le moins que l’on puisse dire, c’est que la présidente centrafricaine doit davantage nouer le pagne, car il reste encore beaucoup à faire. En effet, les défis sont nombreux. Aussi au défi sécuritaire, faut-il ajouter celui de la réconciliation nationale puis celui de l’organisation des élections pour un retour à une vie constitutionnelle normale. Ce qui est loin d’être gagné.
Un an après, le bilan de Samba-Panza est loin d’être reluisant. Il est, pour ainsi dire, mi-figue mi-raisin. Plus figue, diraient certains, eu égard notamment aux nombreuses maladresses qui ont émaillé le parcours des autorités de la transition, comme par exemple cette nomination du Premier ministre Mahamat Kamoun, contesté pratiquement par tous les acteurs, et qui a failli remettre de l’huile sur le feu. Ou encore la fameuse affaire des deux millions cinq cent mille dollars de don du président angolais, dont l’utilisation a quelque peu failli aux règles de l’orthodoxie financière, entre autres. Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, certains trouvent que Dame Panza a simplement échoué. Oui, elle a échoué à mener la transition à son terme, dans le délai d’un an qu’elle s’était elle-même fixé. Raison pour laquelle celle-ci a été prolongée de six mois. Mais à sa décharge, les pantalonnades et le manque de sincérité des belligérants ne lui ont pas non plus facilité la tâche. A cela s’ajoutent les actions de sabotage des ex-présidents Djotodia et Bozizé qui tiraient les ficelles.
Même si l’on n’est pas encore sorti de l’auberge, l’espoir est tout de même permis
Toutefois, l’un des atouts majeurs de Catherine Samba Panza aura sans doute été d’avoir su rester à équidistance des chapelles des belligérants, en gardant une certaine neutralité, tout en essayant de rapprocher et de concilier de son mieux les parties avec le soutien indéfectible de la Communauté internationale dont il faut saluer l’action en Centrafrique.
Cela dit, après un an de transition, la RCA n’est pas totalement pacifiée. Mais il faut reconnaître que du chemin a été parcouru, surtout qu’il a été parsemé de beaucoup d’embûches qui ont parfois fait craindre le pire : la partition pure et simple du pays, entre un Nord musulman et un Sud chrétien ; toute chose qui aurait constitué un point de non-retour à une cohabitation possible entre concitoyens. Aujourd’hui, même si les violences n’ont pas complètement cessé, elles ont considérablement baissé en intensité. De ce point de vue, l’on pourrait dire que le défi sécuritaire a été quelque peu relevé. Peut-être faut-il y voir un signe de lassitude des Centrafricains, en quête de voies et moyens pour se sortir du bourbier. Reste maintenant le défi majeur de l’organisation des élections présidentielle et législatives pour clôturer cette transition. Pour cela, les Centrafricains se donnent jusqu’en août prochain pour y parvenir. Mais d’ores et déjà, des consultations populaires sont actuellement en cours dans le pays, en prélude au lancement du forum de réconciliation nationale qui est une étape importante de cette transition. En tout cas, tout le mal que l’on puisse souhaiter à ce pays, c’est de parvenir à franchir ces étapes en dominant les démons de la division, pour s’engager résolument sur le chemin de la reconstruction.
En cela, aucun sacrifice n’est de trop, et si des pyromanes comme Djotodia et Bozizé peuvent être d’une certaine utilité, ce serait tant mieux. Il y va de l’intérêt de la Centrafrique. En somme, même si l’on n’est pas encore sorti de l’auberge, l’espoir est tout de même permis.
Outélé KEITA