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DECES DE HISSENE HABRE  


La nouvelle est tombée hier, 24 août 2021, en milieu de matinée. L’ancien président tchadien, renversé en 1990 par un coup d’Etat et condamné à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de torture, a tiré sa révérence au Sénégal où il purgeait sa peine. Il avait, on se rappelle, était jugé et reconnu coupable par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) pour avoir ordonné l’assassinat de milliers d’opposants alors qu’il était président de la République du Tchad. C’était entre 1982 et 1990 ; huit ans de règne caractérisés par la terreur et l’absolutisme. Hissène Habré qui vient de rendre l’âme loin de sa patrie natale, était, dit-on, souffrant depuis quelques mois. Si fait que ses proches n’avaient pas hésité à demander une grâce en sa faveur et ce, au regard de son âge très avancé (79 ans). Toute chose qui avait hérissé le poil des parents des victimes qui y voyaient une manipulation visant à tirer d’affaire un ex-dictateur aux doigts dégoulinant de sang. Malheureusement, c’est sur ces entrefaites que s’est éteinte l’action judiciaire puisque le natif de Faya-Largeau a fini par passer l’arme à gauche et ce, au moment même où ses victimes continuent de réclamer réparation. Seront-elles entendues ? Pas si sûr d’autant que plusieurs années après le procès, les indemnités estimées à 82 milliards de F CFA, n’ont toujours pas été versées aux parents des victimes qui n’ont de cesse de donner de la voix. Mais visiblement, elles ne sont pas écoutées, abandonnées qu’elles sont à leur triste sort. « Les victimes sont en train de souffrir à N’Djamena et réclament des réparations qui tardent à venir. On n’en parle pas », a déclaré, ostensiblement choqué, le président de l’ex-dictateur tchadien.

 

Sa mort intervient au moment où le Tchad connaît une transition politique

 

 

 Cela dit, ce qui arrive aujourd’hui à Hissène Habré doit donner à réfléchir à bien des satrapes du continent qui s’arrogent le droit de vie ou de mort sur leurs compatriotes. Car, voilà un homme qui a dirigé le Tchad d’une main de fer mais qui a fini par trouver la mort dans les conditions que l’on sait, loin des siens. Cette triste fin rappelle étrangement celle de Mobutu Sese Séko qui, après trois décennies de règne, a été chassé du pouvoir, tel un malpropre, pour se refugier au Maroc où il trouva la mort suite à un cancer de la prostate. Enterré très discrètement, il n’a pas eu droit aux funérailles nationales dont on sait qu’il se prenait à rêver. Et ce n’est pas tout. On se rappelle aussi le cas de l’ex-dictateur tunisien, Ben Ali, qui, après 23 ans de règne sans partage, a dû quitter son pays sur la pointe des pieds, pour se refugier en Arabie Saoudite où il n’a pas eu droit à une sépulture digne d’un ancien chef d’Etat après sa mort. On peut multiplier les exemples ; tant ils sont légion sur le continent africain. Pour revenir au cas Hissène Habré, il sied de rappeler que sa mort intervient au moment où le Tchad connaît une transition politique qui, si elle est bien négociée, pourrait permettre de remettre le pays sur les rails de la démocratie. Encore faut-il que les militaires qui sont actuellement aux affaires, acceptent de retourner dans leurs casernes  pour laisser le pouvoir aux civils. Ce qui n’est pas gagné d’avance !

 

Boundi OUOBA   


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