HomeA la uneDECES DE SOUMEYLOU BOUBEYE MAÏGA AU MALI : « Goïta m’a tuer »

DECES DE SOUMEYLOU BOUBEYE MAÏGA AU MALI : « Goïta m’a tuer »


L’ancien Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga (SBM), n’est plus. Il a rendu l’âme, hier, 21 mars 2022, à la clinique de Bamako où il était hospitalisé depuis décembre dernier. Celui qui vient de tirer sa révérence à 67 ans, est un poids lourd de la scène politique malienne. Ancien journaliste sportif, il a été ministre des Affaires étrangères sous le règne d’Amadou Toumani Touré (ATT) et ce, jusqu’au coup de force d’Amadou Haya Sanogo en mars 2012. En 2013, lorsqu’arriva Ibrahim Boubacar Keïta, SBM occupera, dans un premier temps, le ministère de la Défense avant d’être bombardé Premier ministre en 2017, d’où il a été contraint à la démission après le massacre à grande échelle d’Ogassagou qui avait coûté la vie à près de 160 civils en avril 2019, provoquant ainsi une onde de choc. Depuis lors, SBM coulait une retraite paisible jusqu’à l’irruption sur la scène politique d’Assimi Goïta et ses frères d’armes qui ont mis fin à l’ordre constitutionnel normal en renversant IBK. C’est là que débutent les déboires judiciaires de celui-là qui, faut-il le rappeler, a été dans les années 1990, chef des renseignements maliens. Car, accusé de « faux, usage de faux et favoritisme » dans le cadre d’une enquête sur l’achat d’équipements militaires et sur l’acquisition d’un avion présidentiel, il fut inculpé et incarcéré.

 

Le décès à Bamako de SBM constitue une mauvaise publicité pour les autorités de la transition

 

Cela faisait suite à un rapport du Bureau du vérificateur général (BVG) qui a dénoncé des pratiques de surfacturation, de détournements de fonds publics, de fraude, de trafic d’influence, etc. Mais ce qui aura le plus retenu l’attention des uns et des autres, c’est beaucoup moins les faits reprochés à l’ex-Premier ministre que l’attitude des autorités de la transition qui, en dépit de la dégradation de son état de santé, ont catégoriquement refusé de lui permettre d’aller se soigner à l’étranger au motif que le natif de Gao cherchait à se soustraire des fourches caudines de la Justice. Tant et si bien que les cris de cœur que sa tendre épouse n’avait de cesse de lancer, sont restés sans suite jusqu’à ce qu’arrive l’irréparable. « Goïta m’a tuer  », aurait pu sans doute écrire Soumeylou Boubeye Maïga qui, voyant la maladie le ronger, n’avait d’autre choix que de céder à la fatalité ; le prince régnant s’étant refusé à tout geste humanitaire et ce, en dépit même de l’avis du Conseil national de santé favorable à une évacuation sanitaire à l’étranger. En tout cas, le décès à Bamako de SBM constitue une mauvaise publicité pour les autorités maliennes de la transition. Cela dit, si elles voulaient voir mourir à petit feu, l’ex-Premier ministre, on peut dire qu’elles ont atteint leur objectif. Mais cette mort, il faut le dire, elles l’auront sans aucun doute sur leur conscience.

 

B.O

 

 « Goïta m’a tuer  » : cette expression fait allusion à la célèbre phrase incorrecte « Omar m’a tuer » liée à l’affaire Omar Raddad. La phrase a été retrouvée auprès du corps sans vie de Ghislaine Marchal qui accusait ainsi Omar Raddad.


Comments
  • Qu’est ce que Boubey a fait pour améliorer le plateau technique sanitaire du Mali quand il était aux affaires ? Il comptait se soigner en France en cas de maladie. Le malien lambda était laissé pour contre. Il est tout simplement pris dans son piège.

    22 mars 2022
  • Un vrai plaisir de frequenter LE PAYS

    Il fallait faire un exemple mais sa mort a t-elle prouvé sa culpabilité ?

    Une enquête et un procès étaient la preuve qu’une justice était toujours en place .Le laisser mourir de cette manière laissera une trace indélébile qui ressortira le moment venu …comme élément à charge

    Le monde est bien un village planétaire

    25 mars 2022

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