DEMANDE DE SUSPENSION DU PROCESSUS ELECTORAL EN GUINEE
Au lendemain du report du double scrutin et de la publication du rapport des exports de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), demandant la suppression de 2,4 millions de noms sur le fichier électoral, l’opposition guinéenne a demandé la suspension du processus électoral. Sans entrer dans les détails, l’on pourrait dire qu’elle est dans son rôle. Elle l’est d’autant plus que les experts de la CEDEAO qui viennent de rendre publiques les conclusions de leurs travaux, lui donnent raison. En tout cas, les anomalies relevées par les experts de la CEDEAO, sont la preuve que l’opposition ne ferraillait pas dans le vide. Et le pouvoir devrait, pour peu qu’il soit animé de bonne foi, reconnaître humblement que le coup qu’il préparait a été éventré. Il devrait, par conséquent, mettre un coup d’arrêt à la machine électorale. Il est nécessaire de réajuster les choses avant que la Commission nationale électorale indépendante (CENI) ne puisse poursuivre son travail. Il y va de l’intérêt de tous. Seulement, l’opposition sera-t-elle entendue ? Rien n’est moins sûr. On est d’autant plus fondé à le penser que le président Alpha Condé a été, on ne peut plus clair. Ceux qui ont boycotté le scrutin ne seront pas intégrés dans le processus électoral après le toilettage du fichier électoral. C’est dire si la volonté de Condé d’écarter l’opposition, est manifeste. Or, si la Guinée veut éviter le chaos qui se profile à l’horizon, il est plus que nécessaire de se pencher sur la participation de l’opposition au jeu électoral. On le sait, obnubilé par son projet de révision constitutionnelle dont le but n’est autre que de s’offrir un troisième mandat, Condé fait la sourde oreille. Il est déterminé à sacrifier la Guinée sur l’autel de ses ambitions ‘’pouvoiristes’’. C’est pourquoi la CEDEAO et la communauté internationale devraient, dès à présent, peser de tout leur poids pour barrer la route à ce vrai faux démocrate.
Condé est déterminé à aller jusqu’au bout
Il est évident que si l’opposition ne participe pas à ces législatives dont la date reste à fixer, on assistera, à coup sûr, à une crise post-électorale en Guinée. Or, le pays de Hamed Sékou Touré qui a tant souffert et continue de souffrir sous la gouvernance de Condé, n’a pas besoin de ça. Faut-il le souligner, plus de 140 citoyens ont été tués au cours des différentes manifestations contre la gouvernance de Condé depuis son accession au pouvoir en 2010. Il est donc temps de mettre fin à cette hécatombe qui n’honore ni le régime Condé, ni la Guinée Conakry encore moins l’Afrique. Cela dit, Condé saura-t-il se montrer raisonnable en accédant à la requête de son opposition ? On en doute fort. Ses sorties médiatiques tonitruantes et menaçantes prouvent à plus d’un titre que l’homme est déterminé à aller jusqu’au bout. Tant qu’il ne sera pas acculé jusque dans ses derniers retranchements, il ne reculera devant rien. S’il a reporté le double scrutin et le référendum constitutionnel, c’est parce que la pression nationale et internationale pesait lourd sur ses épaules. En tout cas, ne comptez pas sur la sagesse de Condé pour asseoir la paix et la démocratie en Guinée. En tout état de cause, souhaitons que son dernier séjour en terre sainte, lui montre la voie de la sagesse afin qu’il renonce publiquement, comme son homologue ivoirien Alassane Ouattara, à son projet de troisième mandat qui constitue la vraie pomme de discorde et qui risque de mettre le pays à feu et à sang. Cela dit, il faut aussi interpeller la Justice guinéenne qui est appelée à se prononcer sur le sujet. Elle a une lourde responsabilité devant l’Histoire et elle n’a pas droit à l’erreur. Elle doit se mettre au-dessus de la mêlée en rendant une décision qui contribuera à renforcer la paix et la démocratie en Guinée.
DZ