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DEMOCRATIE AU SENEGAL : L’AFP a aussi son KKB


 

La fêlure se dessine de plus en plus  au sein de l’Alliance des forces de progrès (AFP), parti du président de l’Assemblée nationale sénégalaise, Moustapha Niasse. En effet, après l’exclusion de certains cadres du parti, neuf jeunes dont le secrétaire général du Mouvement national des jeunes progressistes (MNJP), Malick Guèye, ont été aussi suspendus. Pour quelle raison ? Malick Guèye et ses fidèles plaident pour une candidature du parti à la prochaine présidentielle de 2017. Or, Moustapha Niasse n’en  veut pas. A l’instar de Henri Konan Bédié (HKB) en Côte d’Ivoire, qui a décidé de soutenir le président Alassane Ouattara aux prochaines élections, Moustapha Niasse n’entend pas se présenter contre le chef de l’Etat, Macky Sall qui, naturellement, briguera un deuxième mandat puisque la Constitution le lui permet. C’est dire que Malick Guèye et ses partisans paient pour leurs excès d’ambitions, eux qui estiment que tout parti politique, à moins que sa création n’ait été suscitée par les princes régnants comme on en voit un peu partout en Afrique, doit travailler à conquérir le pouvoir d’Etat.

Pour ces jeunes, même si l’AFP a contribué à l’avènement du président Macky Sall au pouvoir, il n’empêche que le parti présente un candidat aux prochaines consultations électorales. Comme quoi, pour eux, les alliances ne doivent pas tuer les ambitions politiques. Malheureusement, sous nos tropiques, les partis politiques sont dirigés ou plutôt régentés par leurs  fondateurs, si fait qu’il n’y a pas d’alternance au sommet. Le pire, c’est que la plupart de ces « présidents-fondateurs » à vie ne supportent pas la contestation. On l’a vu  avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) où, pour s’être opposé à la vision du patriarche HKB, le jeune et truculent Konan Kouadio Bertin alias KKB, a été traité de tous les noms d’oiseaux. Et l’origine de cette mésintelligence n’est rien d’autre que l’appel au soutien à la candidature du président Ouattara, lancé par Henri Konan Bédié à Daoukro. Ainsi donc, l’AFP a désormais son KKB, en la personne de Malick Guèye qui apparaît de plus en plus comme le poil à gratter de Moustapha Niasse.

De plus en plus, les jeunes n’acceptent plus se laisser conter fleurette

A vrai dire, ce qui se passe au sein du PDCI en Côte d’Ivoire et de l’AFP au Sénégal, n’est ni plus ni moins qu’un conflit générationnel. Pendant que les jeunes rongent leurs freins, les « vieux loups », quant à eux, cherchent à terminer au mieux leur crépuscule politique et à défendre avant tout leurs intérêts. C’est le cas par exemple de Henri Konan Bédié et de Moustapha Niasse qui savent qu’en soutenant respectivement Alassane Ouattara et Macky Sall, ils pourront en récolter les dividendes au grand dam de ces jeunes aux dents longues. Pourtant, il faudra bien un jour s’y résoudre. Car, de plus en plus, les jeunes n’acceptent plus se laisser conter fleurette. Les cas de la Grèce et de l’Italie devraient   inspirer bien des partis politiques en Afrique. Car si Alexis Tsipras et Matteo Renzi, encore à la fleur de l’âge, ont pu se faire une place au soleil, c’est parce que les dinosaures de leurs partis respectifs ont, à un moment donné, compris qu’il fallait permettre aussi aux jeunes de montrer ce dont ils sont capables.

En tout cas, pour une alternance démocratique au sein des partis politiques en Afrique, il faudra faire en sorte que les textes fondateurs soient plus clairs, au point de n’offrir aucune ambiguïté susceptible d’être exploitée au profit d’un seul individu, fût-il le géniteur du parti. En cela, il serait de bon ton qu’à l’échelle de chaque Etat, les dirigeants songent à mettre de l’ordre au sein de certains partis ou formations politiques. C’est à ce prix que l’on pourra avoir une classe politique responsable et débarrassée des marchands d’illusions.

Boundi OUOBA


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