DESIGNATION DU NOUVEAU PRESIDENT DE LA CENI SUR FOND DE CONTESTATION
Contesté voire très contesté ! C’est le moins que l’on puisse dire du nouveau président de la Commission nationale électorale indépendante (CENI) de la République démocratique du Congo (RDC). Pouvait-il, du reste, en être autrement quand on sait que les huit confessions religieuses qui, traditionnellement, désignent le président de l’instance électorale, ne sont pas parvenues à un consensus et qu’en dépit de tout, Ronsard Malonda, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été, envers et contre tous, imposé ? En tout cas, ce dernier, connu pour être très proche de l’ancien président Joseph Kabila, a vu sa nomination confirmée le 4 juillet dernier par l’Assemblée nationale qui, on le sait, est dominée par les députés issus des rangs du Front commun pour le Congo (FCC). On voit donc venir les choses. Car, tout se passe comme si l’ex-président est en train de manœuvrer pour revenir au pouvoir ; lui qui, on le sait, depuis sa fazenda, détient toujours la réalité du pouvoir étant donné que la plupart des institutions de la République sont dirigées par ses hommes- liges. C’est le cas, par exemple, de l’Assemblée nationale, de la Primature, du Sénat et désormais de la CENI. A moins que, pour ce dernier cas, le président Félix Tshisékédi ne fasse dans la bravade en refusant de signer l’ordonnance d’investiture de Ronsard Malonda, comme le réclament les centaines de manifestants parmi lesquels on comptait des religieux, des activistes de la société civile et des leaders politiques, qui étaient dans la rue. Ils entendent remettre le couvert dans les tout prochains jours et ce, en dépit de l’interdiction de manifs décrétée par le gouverneur de Kinshasa. Pour l’instant, on attend de voir puisque le chef de l’Etat congolais, tout en rappelant aussi aux uns et aux autres qu’il est le garant du bon fonctionnement des institutions, a promis de « veiller personnellement » à ce que le choix du président de la CENI soit crédible et se déroule dans un « esprit de consensus et d’apaisement ».
Tout laisse croire que Kabila tient le président Tshisékédi par la barbichette
Le peut-il seulement ? Rien n’est moins sûr. Du reste, quand on sait que le président Tshisékédi lui-même est arrivé au pouvoir dans les conditions que l’on sait et ce, grâce à la manipulation des résultats, organisée par le même personnage puisqu’il était à l’époque le secrétaire exécutif de la CENI alors dirigé par le tristement célèbre Corneille Nanga, on se demande bien si le combat que mènent actuellement les Congolais, n’est pas perdu d’avance. Car, tout laisse croire que Kabila tient le président Tshisékédi par la barbichette. Or, comme on le sait, la CENI est une institution qui cristallise tellement les attentions que si le choix des hommes et des femmes qui la composent, ne fait pas l’objet de consensus, cela peut ouvrir la porte à une crise post-électorale avec toutes les conséquences qui vont avec. C’est pourquoi il y a lieu de saluer la vigilance des Congolais qui, de gredinerie lasse, refusent de se laisser conter fleurette. Ils ont vu juste, surtout que le sieur Malonda que tentent d’imposer les pro-Kabila, est déjà sous le coup de sanctions américaines pour soupçons de corruption. En tout cas, il faut sauver la RDC où chaque jour qui passe apporte son lot de surprises, les unes tout aussi désagréables et écoeurantes que les autres. C’est le cas, par exemple, de la réforme tendant à museler la Justice que veulent opérer les partisans de l’ancien régime et ce, en dépit de la clameur que cela provoque.
Boundi OUOBA