HomeA la uneDIERECTION GENERALE DE LA CNSS : Le CFOP pour l’annulation du décret de nomination de Lassané Sawadogo  

DIERECTION GENERALE DE LA CNSS : Le CFOP pour l’annulation du décret de nomination de Lassané Sawadogo  


 

Dans la déclaration ci-dessous, le Chef de file de l’opposition politique réagit à la nomination de Lassané Sawadogo en qualité de Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Il demande au chef de l’Etat de reconsidérer sa position. Lisez plutôt !

 

C’est avec stupeur que l’opposition politique, comme tous  les Burkinabè, a appris, en écoutant le compte-rendu du Conseil des ministres du 11 mai 2016, la nomination au poste de Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), de M. Lassané Sawadogo, ancien ministre de la Fonction publique et actuellement député MPP de la Province du Zondoma.

Cette nomination  est l’illustration parfaite du bafouement  par le  Président Roch Marc Christian Kaboré et son gouvernement, des principes de bonne gouvernance et de lutte contre l’impunité, proclamés  par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Il s’agit d’abord, d’une  manœuvre politicienne, qui consiste à donner  la CNSS en  récompense à un militant  du MPP que l’on n’a pas pu caser. Cela était d’autant plus urgent, que M. Sawadogo Lassané fait partie de la cohorte des frondeurs qui  harcèlent la direction du MPP, lui particulièrement parce qu’il n’a  pas obtenu le  poste de ministre qu’on leur avait  promis pendant la campagne électorale.  Tout porte à croire qu’il s’agit là d’un lot de « consolation » parce que rien dans la formation et le parcours professionnel de l’intéressé ne le prédispose à la gestion d’une caisse de retraite et d’allocations sociales. La CNSS, dont tout le monde connaît l’importance pour la retraite des  vaillants travailleurs burkinabè, sert ainsi de monnaie d’échange dans une transaction politique visant à calmer  des revendications au sein du parti au pouvoir.

Deuxièmement, cette nomination s’inscrit dans le prolongement des méthodes  révoltantes   que le  « trio RSS » appliquait lorsqu’il  faisait  la pluie et le beau temps sous le régime de Blaise Compaoré, méthodes  qui  consistaient, entre autres,  à nommer à la tête de nos sociétés d’Etat, des militants caciques du parti au pouvoir, quand bien  même ceux-ci  n’avaient  pas le profil adéquat.  La CNSS, en particulier, a été  le lieu  favori de la mise en œuvre de cette pratique, comme l’atteste  le profil des différents DG qui se sont succédé  à sa tête au cours des deux dernières  décennies.  Ces militants politiques que l’on place  à la tête de la CNSS  sont  potentiellement des instruments  pour    renflouer les caisses du parti au pouvoir,  offrir des marchés aux parents et amis des puissants du moment,  et pire, utiliser cette  manne financière  pour prêter de l’argent aux opérateurs économiques proches du pouvoir, ou  prendre des participations dans des projets pilotés par des prête-noms. C’est cette tradition de pillage que la nomination de Lassané Sawadogo  laisse entrevoir.

Enfin et c’est le plus inquiétant, le palmarès personnel de Lassané Sawadogo en matière de gestion des fonds publics pose problème et  nous conforte dans nos craintes. Nommé ministre en 2003, Lassané Sawadogo  a été limogé avec fracas  en 2007, pour mauvaise gestion, notamment en raison de  son implication dans le scandale de la CARFO, révélé par des enquêtes  de la Cour des comptes et de l’Inspection d’Etat. Les rapports de ces deux institutions, à son encontre, étaient si accablants que le régime d’alors n’a pas eu d’autre choix que de le limoger, malgré les puissants soutiens politiques dont il bénéficiait.

En  exemple, dans le rapport public 2008 de la Cour des comptes sur la gestion de la CARFO, et portant sur la période où M. Lassané Sawadogo était ministre de tutelle, il est écrit en page 210 et 211, sous la rubrique « Du bon emploi des deniers publics », ce qui suit :

« Il a été relevé de constater que certaines pratiques dans les dépenses de la CARFO sont contraires au bon emploi des deniers publics. Il en est ainsi :

-des dons et prélèvements de carburant pour les missions  privées du ministre de tutelle technique (M. Lassané Sawadogo), du Secrétaire général du ministère et d’autres personnalités ;

– d’un prêt d’un million (1 000 000) de F CFA pour le carburant du ministre de tutelle technique (M. Lassané Sawadogo) non remboursé ;

– des missions privées du ministre de tutelle technique (M. Lassané Sawadogo)  effectuées avec le véhicule de la CARFO, avec prises en charge du chauffeur et des frais de route.

Au total, sur un montant de  3 602 000 F CFA de carburant hors activités CARFO, 2 612 000 F CFA on été destinés au ministre de tutelle (M. Lassané Sawadogo) ».

Le même rapport dénonce en page 212, l’immixtion grave du ministre Lassané Sawadogo dans le dossier   de la construction du siège de la CARFO à Ouaga 2000 en ces termes :

– « Le Conseil d’administration en ses séances des 12 janvier et 25 avril 2007 et par délibération n°07-016/MFPRE/CARFO/CA du  9 mai 2007 avait annulé la procédure de passation du marché entamée pour l’exécution du projet de construction.

– Le ministre chargé de la tutelle technique ( Lassané Sawadogo), par lettre n° 2007-059/MFPRE/CAB du 14/05/2007 a invité le Conseil d’administration à surseoir à la  délibération n°2007-016/MFPRE/CARFO/CA du 25/04/2007 ».

Les différentes investigations faites par les corps d’Inspection sur la gestion de M. Lassané Sawadogo, ont conduit à l’émission d’ordres de recettes contre lui, pour l’obliger à rembourser des sommes importantes indûment prélevées.

 Est-il raisonnable, après cette expérience, de confier encore une caisse de retraites à M. Lassané Sawadogo ? La CNSS fait partie des «  entreprises à caractère stratégique ». De ce fait, la nomination de son Directeur Général relève directement d’une décision du Président du Faso.  Le Président Roch Kaboré est donc  responsable  de cette nomination, et c’est pour cela que l’Opposition politique l’interpelle personnellement. Si la loi a établi que c’est  le Président du Faso qui  nomme les dirigeants des entreprises à caractère stratégique, c’est parce que le  législateur a pensé que vu son statut, il a le pouvoir de résister aux pressions politiques ou clientélistes et de nommer des personnes   compétentes,  intègres et patriotes à ces postes. Malheureusement, il  nous est donné de constater, qu’en matière de nomination aux hautes fonctions, le Président Kaboré  tend  à perpétuer la pratique malsaine de copinage politique qui a fait tant de mal à notre pays. Cette nomination  à la tête de la  CNSS ne répond à aucun souci de préserver l’avenir  de nos retraites. Elle n’est   pas un exemple de bonne gouvernance, ni un choix qui rassure.   C’est pour cela que l’Opposition  politique la dénonce, et dit clairement qu’elle n’acceptera pas que l’argent de nos retraites soit mis dans les mains d’un  prédateur, qui  a  déjà  été épinglé par nos services d’inspection.

 Fort de ce constat, l’Opposition politique :

– Demande instamment au Président Roch Kaboré d’annuler le décret portant  nomination de M. Lassané Sawadogo comme Directeur Général de la CNSS ;

– Invite les travailleurs de la CNSS à faire preuve de grande vigilance dans cette affaire, et à se mobiliser  pour éviter que l’avenir de leur maison ne soit compromis ;

– Alerte l’opinion publique sur les dérives de ce nouveau-ancien pouvoir, qui est rapidement revenu aux méthodes détestables décriées par notre peuple, et qui se comporte comme si rien ne s’était passé au Burkina  Faso ;

– Invite le gouvernement, à procéder sans délai à une relecture de la loi relative aux entreprises stratégiques, afin que des dispositions adéquates y soient introduites, pour éviter le genre d’abus auquel nous sommes en train d’assister ;

– Invite les Burkinabè de tous horizons, à se tenir prêts pour l’exécution de tout mot d’ordre qu’elle viendrait à lancer, pour contraindre le régime à respecter les aspirations profondes de notre peuple.

Ouagadougou, le 17 mai 2016

Zéphirin DIABRE

Chef de file de l’Opposition

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Zéphirin DIABRE, Chef de file de l’Opposition

 


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